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Mission impossible?
#1
J’suis immortel, mais pour combien de temps?

Un peu de musique…

La nuit commençait à tomber et il commençait vraiment à se les peler. C’était vraiment une mission de merde, surtout qu’il n’était toujours sûr de rien. Saloperie de région, saloperie de boulot et surtout saloperie de temps. Il en était là dans ses pensées lorsqu’il entendit des pas.Se retournant, il se mit instantanément au garde-à-vous, prêt à faire l’annonce devant le gradé. Mais ce dernier le poussa violemment, le faisant tomber sous la surprise non loin du cours d’eau glacial qui passait par là.

Merde, il avait été surpris, ça commençait mal.

Et lorsque son adversaire lui empoigna la tête et commença à le noyer, cela empira. Il s’était fait avoir comme un bleu et il n’allait pas en réchapper facilement, l’autre était plus fort et avait l’avantage de la surprise. Il n’aurait jamais cru se retrouver si mal pris il y a quelques mois. D’ailleurs, faisons un saut dans le temps pour comprendre comment il en était arriver là.

4 mois plus tôt

Froid. Tel était la sensation qu’il ressentait. Putain, qu’est-ce qu’on se les gelait dans ce trou ! Dire qu’il avait été choisi pour une mission de sauvetage, ignorant tout de l’objectif, sauf son dernier emplacement connu. À peine sorti du train, il regarde son corps. Plutôt petit, pas spécialement musclé, vêtu d’un manteau, sac de sport à la main.  Le genre d’incarnat bien discret. Le démon regarde autour de lui, et repère d’autres personnes, elles aussi chaudement vêtus portant des sacs de sports ou des sacs à dos.

On était en octobre et il neigeait déjà. Il avait toujours détesté la neige, on y voyait les traces et c’était froid. Il allait vraiment adorer son séjour dans le coin.

Le baalite avise un bus, dans lequel la masse de voyageurs s’engouffre. Un jeune homme le dévisage intensément, en souriant. Ce dernier porte un anorak, des bottes de combat et un jean. Tsevaot l’ignore et monte dans le bus. Ce n’était pas le moment de faire une esclandre, pas encore… Bien sûr, l’autre abruti vient se poser vers lui et commence à lui parler dans une langue barbare, aux accents rocailleux. Heureusement, pour cette mission, il a pu disposer d’une formation linguistique spécifique, du coup, il comprend ce que ce jeune homme lui dit. Il s’appelle Samuel Rohrer, vient de terminer son lycée et lui demande qui il est. Tsevaot soupire, il rêve de pouvoir lui dire qu’il est un démon et que s’il continue à poser des questions, il va devoir le buter en le dépeçant. Mais bon, il doit se faire discret pour avoir une chance de repérer sa cible, ses ennemis et ses alliés. Du coup, le démon donne son nom et dit que lui aussi, il vient de finir son lycée, tout cela dans le langage barbare de son interlocuteur. Voyant qu’il le comprend, le jeune Samuel s’apprête à lui balancer une nouvelle salve de question. Heureusement, le bus arrive à destination. Tout le monde descend et découvre son nouveau lieu de séjour : Bedrina.

[Image: immobilienmanagement.parsysrelated1.0003.Image.gif]
Bedrina

Non loin de là, un homme leur indique un emplacement, en-dessous d’un grand bâtiment où ils doivent se rendre. Le baalite suit le mouvement, l’air insouciant. Arrivé en dessous du bâtiment, il fait la queue, décline son identité, montre son papier et se voit affecté à la deuxième compagnie, basée à Bartola, dans la 3ème section. Avant de repartir, on lui indique une grande salle où il pourra manger un petit quelque chose et boire un peu. Puis, là, une fois qu’il a mangé et bu, il est orienté vers une petite salle de classe où l’attendent ses nouveaux camarades et ses supérieurs. Son chef est un homme, plutôt grand, aux cheveux courts et avec des yeux bruns qui scrutent les environs, l'air sérieux. Il est vêtu d’un uniforme et portant un grade de sergent-chef. Il lui serre la main en lui demandant son nom, ce à quoi Tsevaot répond :

- Salomé Studer.

Puis, deux autres hommes se présentent. Les deux font un bon mètre quatre-vingt, mais ne se ressemblent guère. Le premier a le crâne rasé tandis que l’autre a une queue de cheval. Le premier porte le bouc, mais le second est imberbe. Le premier est un peu rond, le second sec comme un haricot. Tout deux portent les galons d’appointé-chef. Tranquillement, Salomé va s’asseoir. Après 5 minutes, la porte se ferme et le chef de section leur donne une petite feuille expliquant les grades et se présente : il se nomme Pierre Jaunin, va recommencer une formation d’ingénieur et adore le football. Sinon, il est donc leur chef de section, et on l’appellera désormais « Sergent-chef Jaunin ». Ses deux acolytes sont les chefs de groupe, Etienne Bettex pour le maigre et Henri Valenko pour le plus rond. On les nommera donc « Appointé-chef Bettex/Valenko » selon auquel on s’adresse. Elle, se sera « recrue Studer », tout comme ses camarades. Le prénom est aboli au profit du nom et du grade. Après une brève explication des formations, ils sortent à la suite de leur chef et commencent à s’entraîner un peu aux formations et surtout à saluer. Puis cette exercice fait, ils vont boire un peu avant de remonter en camion, pour monter quelques kilomètres plus haut, à Motto Bartola, leur caserne.


[Image: 9703061.jpg]
Motto Bartola


Tsevaot fait tranquillement ce qu’il doit, mimant un peu de maladresse, histoire de ne pas paraître suspect et reste bien à l’écart des autres, pour mieux les observer. Arrivés à Motto Bartola, on leur présente leurs chambres. Pour Salomé, ce sera une chambre avec 3 autres filles, 2 parlant le langage rocailleux connu sous le nom de « suisse-allemand » et la dernière un dialecte italien, le tessinois. Elles auront leur douche et seuls les officiers ou aspirants officiers pourront pénétrer dans le couloir dans lequel elles logent. Bref, le démon sera tranquille. À peine leurs affaires un peu rangées, elles doivent se rendre dans une salle à manger pour remplir divers questionnaires, rédiger une biographie, bref faire de la paperasse. Là, Salomé en profite pour commencer à discuter avec quelques uns de ses camarades, sans rien apprendre d’intéressant. Puis vient le repas du soir, vite avaler pour finir la paperasse et s’entraîner à des trucs formel, du genre le salut, l’annonce, bref tout ce qu’elle maîtrise déjà mais qu’elle feint de ne pas maîtriser. Enfin vient l’heure de se coucher. Le lendemain, ils toucheront leur matériel, au lieu dit la Caverna, près d’Ambri. Dès lors, leur instruction commencera vraiment…
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#2
Si la Guerre, c’était l’Enfer, ce serait bien plus simple.

encore un peu de musique, même si c’est pas super dans le thème de la chro’


Le Baalite attendait tranquillement sur la terrasse du Starbuck, le vent du début de l’automne lui rappelant que l’hiver approchait à grands pas. Enfin, une femme, vêtue d’un tailleur 3 pièces gris, avec des lunettes, des yeux marrons et des cheveux blonds détachés vient se poser en face de lui. Elle sort un dossier et dit d’un sec :

-Je serai brève. Votre mission va consister à vous faire passer pour une recrue de l’école sanitaire 42, à Airolo, dans le Sud. Ceci afin de retrouver notre agent, un Chevalier de l’Ordre Noir, connu sous le nom de Dietrich Schoppfer, ayant le grade de sergent. Il n’est pas réapparu en Enfer. Soit il a déserté, soit il est prisonnier. Officiellement, il a fait une demande de service civil qui a été accepté. Pour vous aider, 5 démons seront sur place, mais vous ignorerez chacun l’identité de l’autre, afin de maximiser vos chances si l’un d’entre vous venait à être découvert. Vous trouverez tous les documents utiles dans le dossier. Que Satan soit avec vous.

Et avant qu’il ait pu ouvrir la bouche, elle est déjà partie. Ce qu’il pouvait détester bosser pour la Capitaine. Enfin, il avait du travail alors autant commencer tout de suite. Il ouvre le dossier et y trouve une photo de Schoppfer, un jeune homme blond à la mèche de surfeur, portant une barbe de 3 jours et dont les yeux verts semblent le fixer. Puis bien sûr, son ordre de marche et des instructions, notamment celle de ne pas grader pour faciliter son exfiltration. Et surtout, un rapport de Schoppfer indiquant qu’il soupçonne une activité angélique dans la zone. Enfin, une invitation à un cours de langue intensif, qui débute dans 15 minutes, à l’autre bout de la rue. Le démon finit son café, prend le dossier et s’en va à son cours.

[Image: DSCN16389.jpg]
Le lieu du rendez-vous



2 semaines plus tard

Après une diane à 5h50, les soldats s’habillent, vont manger, se brossent les dents et se rendent à l’appel du matin, où ils vont faire la connaissance de deux personnages importants, à peine entrevus le jour précédent. Tout d’abord, le Premier Lieutenant Gendotti, un grand homme, baraqué et au crâne rasé, et surtout, surtout, le sergent major-chef Barloggio, petite boule, au crâne également rasé et à la casquette vissée sur la tête. On leur explique alors qu’ils vont aller chercher le matériel, puis qu’ils vont revenir, contrôler le fusil et ensuite subir des théories, soit celle de la poste militaire, celle du Colonel, puis après le repas du soir celle du Premier Lieutenant. Heureusement pour eux, l’appel n’aura lieu que dès le lendemain. Evidemment, une recrue lève la main et demande quand elle pourra quitter la caserne car elle devrait faire du service civil. Le Premier Lieutenant le toise du regard et lui répond en français :

- Ma vous me faites pas chier avec ça, on vous dira quand c’est le moment.

Ce petit incident passé, toute la section Jaunin, environ 50 personnes,  s’entasse dans une bétaillère, un camion de marque Iveco avec une grosse plateforme arrière recouverte par une bâche. La route n’est pas très longue et après une petite demi-heure, ils débarquent à la Caverna, qui tient son nom du fait qu’il s’agit d’un gigantesque arsenal planqué dans la montagne, très original. Les recrues descendent et entrent pour toucher leur matériel. D’abord les vêtements, qui sont distribués suite à des savantes mesures, puis une partie de l’équipement, sac, matériel de nettoyage, couteau suisse. Ensuite, le moment le plus solennel, la remise du fusil. Avant cela, ils doivent montrer au Capitaine Schwarzauge leur livret de service, afin d’être sûr qu’ils peuvent toucher leur fusil. Puis, ils avancent et devant le drapeau suisse et le drapeau tessinois, le Premier Lieutenant Gendotti leur remet leur fusil, enfin leur détruit les épaules en leur remettant leur fusil, puis ils vont encore toucher du matériel et repartent pour Bedrina, où le matériel dit de corps, à rendre à la fin de chaque cours, leur est remis. Une fois tout le matériel trié et rangé, ils repartent à Motto Bartola, rangent le matériel dans leur chambre et vont manger.

[Image: images?q=tbn:ANd9GcSWHlIUhyYRH7zS_S7u7RX...s2Y8Tm6ps=]
le fameux couteau suisse, sans tire-bouchon celui-là.

Ils ont 10 minutes pour cette tâche et encore, on parle des plus chanceux.

Pendant tout ce temps, Salomé observe les gens, tentant de repérer des signes de surnaturel, mais rien. Elle mime toujours une certaine maladresse, envoyant presque le canon de son fusil dans l’œil de son sergent-chef au moment de monter dans l’Iveco. Elle discute aussi beaucoup avec les autres recrues, mais n’apprend toujours rien.

Le repas pris, les recrues foncent à la palestra ou halle de gymnastique, pour écouter le Colonel Mathys, un vieux monsieur bien gentil, comme un peu tous les colonels en somme. Puis, ils ont droit à une théorie sur la poste militaire et de faire le fameux ordre en chambre avant le repas du soir, dont la durée est généreusement de 15 minutes. Ce délai passé, les recrues assistent à la théorie du Premier Lieutenant et commandant de compagnie, au cours de laquelle ce dernier, avec son accent du Sud, à une façon très comique de prononcer le mot « feu » lorsqu’il leur parle de l’alerte incendie. L’une des recrues romandes, la recrue Hoxha pouffe. Le Commandant la toise et lui dit :

-Je vous fait rigoler, recrue ? Debout, venez donc raconter une blague.

Très mal à l’aise, la recrue s’exécute. Jusque là, ce type a été du genre insouciant, rigolard, là, il est sombre, l’air très mal à l’aise, tout rouge. Devant son mutisme le commandant s’impatiente :

- Allez y faites moi rire !

Son mutisme se poursuivant il le renvoie à sa place et finit sa théorie. À peine revenus en chambres, les recrues les retrouvent sens dessus dessous, visiblement elle n’était pas assez bien rangée. Vers minuit, les chambres étant jugés acceptables par leurs supérieurs, les jeunes gens se couchent. Pour se lever à minuit et demi, puisqu’une alarme feu et déclenchée. Il s’agit bien sûr d’un exercice, brillamment réussi, puisque tout le monde se retrouve en 10 minutes en pyjama dans la palestra.

Salomé, elle, ronge son frein. Jusqu’à maintenant, elle n’a encore rien découvert, sauf que le Commandant était un bel enfoiré, mais ça, c’est de série sur les cadres comme lui. Quand elle va se recoucher avec ses camarades, elle se dit qu’il y a intérêt à ce que la situation évolue, et vite.
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#3
Pas toujours facile d’être une femme

Musique maestro !

Au 3ème jour, le narrateur se rendit compte qu’il n’était pas nécessaire de présenter tous les personnages, mais que s’ils présentaient les fameuses filles qui entouraient son personnage principal, cela ferait surement augmenter le nombre de ses lecteurs. Du coup, il le fit, en vil capitaliste.

La première camarade de chambre de Salomé était une certaine Katerin Niederer. Plutôt grande, blonde, suisse-allemande, et gagnante du concours « Miss paysanne » du Canton de Schwytz cette même année. Une sommité locale, nationale voire mondiale somme toute. Elle exerce le métier de paysanne au côté de son père et parle avec un accent suisse-allemand local très lourd, ne comprenant que cette langue. Heureusement, son joli bonnet C, et ses grands yeux verts la sauve aux yeux de tous les mâles locaux, même si elle n’est pas la plus compétente.

La seconde, toujours aussi suisse-allemande, répond au doux prénom d’Olga Schümperli. Par contre, elle est plutôt petite, un peu ronde, et ce n’est pas son bonnet B qui va vraiment la sauver. Non, c’est plutôt son côté sympathique, enjouée et travailleuse qui l’aide à survivre dans ce monde masculin. D’ailleurs, elle parle anglais et vaguement français, ce qui l’aide à se faire apprécier de la minorité romande.

Enfin, sa dernière camarade se nomme Maria Longhi, est également petite, plutôt grasse, avec du coup de beaux gros seins, bonnet D, mais moche, du fait d’un nez de cochon. Elle ne parle que le tessinois, bien qu’elle ait quelques capacités en français, semble bizarre et surtout très croyante. Assurément une cible à surveiller pour notre héroïne bilingue français-caillou, mais pas tessinois. Hélas, elle est dans la section 2, du coup, il sera bien difficile de la surveiller.

Mais reprenons notre histoire au… mercredi, jour de découverte du maniement du fusil. Que le lecteur se rassure, cette longue description de la dure vie militaire va bientôt cesser au profit de l’intrigue. Une fois cette semaine terminée, la vie va prendre un aspect routinier et seuls les événements extraordinaires perpendiculaires à l’intrigue seront décrits dès lors. Ceci écrit, reprenons ce récit.

Après la désormais traditionnelle diane et le rapide petit-déj’, tout le monde devant être à 6h50 en secteur d’attente, prêt pour l’appel, le fameux appel a lieu. Les sections s’élancent, et la boule inspecte la formation. Après environ… 2 minutes, tout le monde retourne en secteur d’attente pour recommencer, la formation ayant furieusement un air de banane. Une fois tout le monde revenu et bien placé, le jeu du « montrez moi cet objet qu’on soit sûr que vous l’avez pas perdu, parce qu’au fond, on sait tous que vous êtes bêtes ! » commence. Barloggio passe également dans les rangs et s’arrête devant un soldat romand, il le dévisage et lui demande :

-Ma, vous avez une dispense de rasage ?

Visiblement perplexe, la recrue répond :

- Euh, non, pourquoi ?

Le gradé lui désigne alors la porte de la caserne en hurlant :

-3 minutes, exécution !

Puis le Premier Lieutenant, après un joli garde-à-vous recommence 5 fois, pour que tout le monde le fasse bien en même temps, explique qu’ils vont s’exercer au maniement du fusil, puis à la défense NBC (NucléaireBactériologiqueChimique) et que ce soir, il y a une sortie si les chambres sont bien rangées.

Lapartie sécurité du maniement du fusil se passe plutôt bien, malgré le fait qu’une des recrues pointe le canon de son arme sur le commandant, qui l’engueule vertement. La partie retrait des cartouches est recommencée maintes et maintes fois, les recrues ayant de la peine. Enfin, l’instruction au démontage/remontage est vite expédiée, peut-être trop vite.

Puis, on passe à l’enfilage de la belle combinaison NBC et du superbe masque assorti, exercice chronométré comme toujours et qui se passe pas trop mal, la majorité y arrivant dans les temps impartis.

une bande de gentils soldats dans cette si belle tenue

Après un bon repas de midi, les recrues ont droit à une instruction sur le nettoyage du masque de protection NBC, à une théorie des aumôniers, à du drill portant sur les grades et pour finir en beauté, au fameux nettoyage des chaussures, à faire le plus rapidement possible. C’est bien connu, plus vite elles sont propres, plus vite on peut aller se doucher et manger.

Après le copieux repas du soir, typiquement suisse-allemand, puisque ce sont des pâtes avec par-dessus du fromage et de la compote de pommes, on leur laisse ranger les chambres, puis vient l’appel. Là, le Commandant annonce qu’une partie reste à la caserne, dont la chambre des filles. Les autres peuvent sortir au village pendant 3 heures.

Les filles retournent donc dans leur chambre en maugréant un peu et attendent l’arrivée du sergent-major chef, en restant au repos devant leurs lits. L’individu arrive, jette un œil à la chambre et dit juste:

- C’est bien, restez comme ça !

Environ 15 minutes plus tard, le commandant de compagnie passe et regarde attentivement Longhi avant de lui dire, en français :

Elvis il est morté ! Corrigez la tenue !

Ce qu’elle fait en remettant son col comme il faut sous le regard noir de ses camarades. Puis, le cadre regarde plus attentivement la chambre, fait remarquer que deux croix-suisses ne sont pas alignées chez Longhi, que son lit dépasse la 3ème phalange et n’est donc pas réglementaire et que non, on attache pas les ficelles en bas des vestes thermiques ensemble. Schümperli lève alors la main et prend la parole en suisse-allemand. Toutefois, pour épargner des souffrances inutiles, nous traduirons directement, exception faite de l’annonce :

-Oberleutnant, Rekrut Schümperli. On nous a dit d’attacher les ficelles.

Le gradé grogne un peu et concède que oui, c’est possible. Il les laisse corriger et repart satisfait.

Tsevaot regrette très sincèrement d’avoir loupé cette permission, occasion en or de s’informer au village. Mais il est également heureux, car cela lui permet de discuter avec ses camarades, notamment cette cruche de Longhi, qui est soit un ange très doué pour le mensonge, soit juste conne et donc inoffensive. Il décide que si c’est un ange, c’est un ange social et qu’il n’a rien à craindre. Les deux autres, il ne sait pas trop, mais garde une certaine méfiance pour Schümperli, trop efficace à ses yeux et qui prétend faire beaucoup de sport et toujours avoir été une bosseuse, ce qui lui semble louche.  Niederer semble très basique, mais sympathique quand on la connaît un peu, ce qui ne l’empêche pas forcément d’être surnaturel. Il devenait parano, il le sentait, mais après tout, n’était-ce pas suite à un défaut de vigilance que leur agent avait disparu ? Lorsque l’appel en chambre est passé, les filles se couchent et Tsevaot prend une décision : il doit trouver un moyen de tester ses camarades de chambre, et vite, pour faire retomber la tension. Comment ? Il ne le sait pas encore, mais compte bien sur le voyage de retour ce week-end pour y parvenir.
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#4
J’aime pas trop beaucoup ça…

Jusqu’au coup même…

Le jeudi, après l’appel, voici nos recrues romandes confrontés à une tâche des plus dures. En effet, la future élite de la Nation, dernier rempart face à l’Ennemi, va prendre un matériel des plus conséquents pour une instruction des plus difficiles. En effet, outre le fameux uniforme, avec l’ordre en poche parfait, soit : couteau suisse, gants de protections, mètre de corde, tampons auriculaires, badge d’école, insigne de fonction, insigne de milice, nom, insigne d’unité, Pansement Personnel Individuel 90 (soit PPI 90), Livre d’instruction de base, Aide à soi-même et au camarade, le règlement de service, la trousse avec ciseaux, brucelles, crayon rouge et bleu il leur faut en plus prendre le fameux sac à pédé, nom poétique du petit sac à dos, dans lequel ils vont mettre, leur gourde avec gobelet, ainsi que leurs deux gros manuels sanitaires dont celui contenant les instructions pour les urgences gynécologiques, toujours utile en cas de grossesses non-désirées lors des longues occupations, mais on s’égare un peu là…

À la page 60, vous pouvoir voir dans une résolution hideuse, un sac PD (Porte Documents) fixé sur un rollie. On admirera au passage le look trop classe des modèles.

Donc ainsi équipés, ils s’entassent dans un camion et partent pour la caserne principale, celle d’Albinengo, à 5 minutes à peine de la gare. Donc à bien 15 de Bartola. Une fois sur place, on leur indique une salle et on leur rappelle que c’est une civile, Mme Lamo, Maria de son prénom qui va leur donner cette instruction théorique. Ce cours fera de nombreuses victimes, toutes terrassées par le sommeil, tandis qu’on leur passe Il était une fois la vie, vanté comme un documentaire des plus instructifs sur le corps humain. Heureusement, le gentil sergent-chef Jaunin passe de temps en temps sauvé les malheureux dormeurs et les fait lever pour qu’ils restent éveillés. Mais il ne s’agit là que des deux premières heures, les deux suivantes étant une théorie sur la réanimation cardio-pulmonaire (CPR) et sur le comportement à avoir en cas d’urgence.
À midi, les recrues découvrent la cafét’ d’Albinengo et ses hauts gradés, qu’il faut saluer tant bien que mal. L’après-midi est consacré lui à une autre tâche des plus captivantes : une théorie sur la garde, qui inclut notamment comme remplir le journal de garde, comment saluer, ce que l’on ose faire et pas faire et qui se conclue par un grand entraînement à s’annoncer, saluer etc., afin que les romands soient prêts pour l’inspection avec le commandant de compagnie la semaine d’après.

Le soir, nos recrues ont le droit de nettoyer leurs chaussures et de faire un peu de sport, en l’occurrence s’entraîner pour les 5 disciplines permettant de prétendre à la distinction sportive, qui sont : le saut en longueur sans élan, grimper à la perche, force du tronc, course de 12 minutes sur un circuit et course sur une 40 mètres avec un témoin à prendre au milieu. Ceci fait, ils ont 15 minutes pour se doucher et aller dans leur chambre pour l’appel en chambre, durant lequel tout le monde est debout au repos devant son lit tandis que les gradés patrouillent dans les couloirs, mettant au garde à vous, face au mur, les recrues chahuteuses. Enfin, les chefs de chambre, qui annonçaient l’effectif et recevait la tenue pour le lendemain revienne, l’extinction des feux a lieu et tout le monde s’endort.

Le lendemain, les romands ont l’immense chance de prendre à l’appel le paquetage de combat complet : sac de combat, harnais de combat, double poche, casque et bien sûr, le fusil d’assaut. Ainsi chargés, ils se rendent à l’appel. À peine la première section en place, on leur signifie de faire demi-tour. Et du coup, c’est sur le toit de la caserne que l’appel a lieu. Les recrues romandes, seules à être si lourdement chargées, galère pour atteindre l’objectif, mais y arrivent.

Au moment où l’appel commence, deux suisses-allemands sont en pleine discussion. Voyant cela, Gendotti, ôte sa casquette et la lance à l’un d’eux en criant :

- Pouisque que vous aimez parler, faites l’appel à ma place !

La recrue vient devant, bafouille 2-3 mots, puis est sèchement renvoyée dans le rang et l’appel se passe sans problème, dans un silence quasi religieux. Puis nos vaillants guerriers s’entassent tant bien que mal dans les camions, afin d’aller à Bedrina, pour une journée très prisée : soins, entraînement au combat, tir. Sur place, ils descendent du camion puis se numérotent par 3. Salomé est dans le groupe 2, celui qui commence par les soins et termine par le tir.

À la partie soins, après quelques pompes pour être arrivés à la bourre, on leur fait faire un joli dépôt du matériel, puis on leur montre comment monter les brancards ainsi que les moyens de porter les blessés, chaque fois en s’entraînant.
Ensuite, vient le fameux entraînement au combat avec Bettex. On numérote par deux, les 1 vont se cacher dans la forêt, les 2 vont les chercher sans faire de bruit, en communiquant uniquement par des signes de combat. Mystérieusement, Salomé s’en sort bien mieux que pour les soins, ne se faisant pas voir par ses petits camarades, parce que parfois, on peut juste pas réprimer ses talents.

Enfin, après le repas de midi, mangé dans la gamelle non loin de là, vient le moment de tirer. Tsevaot a toujours trouvé cela lâche et idiot et ne brille donc guère, mais réussi tout de même ses tirs de réglage, ce qui est le but de cette première fois. L’un de ses camarades se fait d’ailleurs virer du stand pour avoir voulu tirer debout, la crosse sur l’épaule, comme pour un bazooka, alors que la position demandée était à plat ventre avec le bipied. Oui, il y a vraiment des boulets, surtout qu’on ne tire qu’à balles réelles.
Cette séance de tir passée, il faut nettoyer le fusil, tâche des plus ennuyeuses qu’il faut accomplir au plus vite. Ceci effectué, après un contrôle de propreté interminable, la section Jaunin rentre à Bartola pour le repas du soir. Enfin, pas tous. En effet, pendant la journée, le sergent-chef a donné les noms de ceux qui auront l’honneur d’être de garde ce week-end là. Et bien sûr, Salomé est dans le tas. Du coup, elle passe vite à Bartola, pose ses affaires, prend des rechanges et avec les autres membres de la compagnie affectés à cette tâche, va à Albinengo pour prendre la garde.

Tseavot est déçu, mais alors vraiment. Il misait beaucoup sur le retour en train. Et être de garde, donc ne rien faire pendant 2 jours avec des inconnus ne l’enchante guère. Mais il n’a pas le choix et il se résigne donc. Et puis, comme ça, il va découvrir d’autres recrues et surtout d’autres gradés, puisque pour cette première fois, c’est le sergent-chef Verde, de la section 2, qui gérera la garde de week-end, avec l’appointé-chef Baumgartner, de la section des chauffeurs. De plus, s’il chope un bon poste, il pourra discuter avec les soldats en service long, qui connaissent surement l’agent démoniaque disparu.
C’est donc avec une certaine curiosité que Tsevaot se rend à la garde, mais aussi avec appréhension, car l’ennemi rôde et il n’est pas loin…
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#5
Une garde instructive

musique virile, avec intro qui tue

À peine arrivé, une très mauvaise nouvelle attend notre recrue. La pire, celle qu’il redoutait temps, la matérialisation physique d’une de ses pires craintes. Cela avait commencé dans le camion qui les descendait à la garde, le démon avait ressenti son arrivée. Puis, suite au cri d’un camarade suisse-allemand, qui avait braillé dans sa si jolie langue :

« Es schneilet ! »

Il l’avait vu. Et sa vie était devenu un véritable Enfer. Car oui, amis lecteurs, il commençait à neiger ! Et nous n’étions à ce moment là qu’en août ! Prenant son courage à deux mains, le baalite décide d’affronter son ennemi et se rend dans la guérite d’accueil, où les attend leur officier, Verde, qui se lance dans une belle théorie en suisse-allemand sur comment faire la garde, mais heureusement, il a ce si joli mot pour traduire ses propos :

Pour les Romands, c’est la même chose !

Avant de tout de même traduire les règles, qui sont :

- ne pas manger pendant la garde, ni boire et encore moins fumer.
- Ne pas dormir durant la période de garde
- Ne pas lire de magazines, les livres sont tolérés. La musique est également bannie.
- Noter scrupuleusement les allées et venues de tous les gradés et contrôler les véhicules et les inscrire.
- Défense de téléphoner, sauf si c’est avec le téléphone de garde au central, à Albinengo, pour avoir des infos.

[Image: ARMEE.jpg]
Deux gentils soldats, lors d’une patrouille avec armes. Parfois, ça ne rigole pas. Si si, je vous jure !

Ceci expliqué, il leur file différents postes. Salomé tire le gros lot, celui de ces rêves, puisqu’elle se rend, une fois son sac posé, à Forte Airolo.

[url=http://lh6.ggpht.com/__7PLcCpAOS4/SLFhhnHicAI/AAAAAAAAAcA/ty0QNL6_90I/IMG_0629.JPG]Forte Airolo, que l’on peut d’ailleurs visiter le samedi pour son musée

Or ce lieu ancien, situé un peu en dessous de la place d’armes de Bedrina, est la caserne des gens en service long. Et qui dit service long, dit chance d’entendre parler de Schoppfer, voire d’apprendre une info utile. C’est donc joyeusement qu’il attend le départ. Mais hélas pour lui, le voyage va être un vrai calvaire. Car oui, même pour un démon, la vie peut être un chemin de croix.  Ici, la croix sera un soldat, un chauffeur. Car le chauffeur de garde vient tout droit d’Isone,  qui en plus d’être un très joli village plus au Sud, forme les fameux grenadiers, élite de l’armée suisse. Du coup, il incarne bien ce corps avec sa conduite sportive, qui heureusement, n’a pas trop de conséquences à la montée. Une fois Tsevaot déposé et la recrue qui occupait le poste reprise, il repart. Il est très exactement 20h, Salomé est là jusqu’à minuit.  Elle sort donc son règlement de service et commence à le lire, lorsque la porte s’ouvre et que 3 soldats, parlant français, entrent. Elle les salue, sans se mettre au garde-à-vous, ils sourient et commencent à discuter avec elle.

Une fois ceux-ci partis, notre démon en sait déjà plus. Le sergent Schoppfer était un instructeur spécialisé dans les véhicules, notamment leur contrôle, mais surtout dans le pilotage du fameux piranha sanitaire.

[Image: 250px-San_Piranha.jpg]
Un très joli Piranha sanitaire dans son milieu naturel.

Au niveau de l’attitude, il passait pour un gros blaireau de suisse-allemand, totalement inefficace et contractuel. Le seul gradé avec qui il s’entendait est le sergent-major chef Boss, qui a une formation encore la semaine prochaine. Il avait trop d’ennemis pour qu’on puisse les énumérés, mais le plus évident était le Lieutenant Ramirez, qui est un des cadres contractuels, actuellement en charge de l’école de sous-officiers. Il arrêtait pas de l’engueuler.

Peu après la porte s’ouvre et deux militaires entre. Là, Tsevaot bondit, fait un beau garde-à-vous, suivi d’une annonce impeccable, puisque ce sont un Colonel et un Lieutenant Colonel qui viennent d’entrer. Puis il réfléchit, les trouvant très jeunes pour ces grades. En effet, ils éclatent de rire et les ôtent.  De sacrés rigolos ces services longs !

Le reste de son service est tranquille, jusqu’au retour. Une fois la dernière recrue embarquée à Bartola, la descente commence. Il neige, il y a des virages, et le chauffeur fait du 100, dépassant sans visibilité avec sa jeep Puch, dont l’arrière n’est pas équipé de ceintures, où deux banquettes se font face.

[Image: Mercedes_Benz_Puch_230ge_4x4_car.jpg]
Une rangée de jeep Puch, qu’on appelle affectueusement Pouche en français et Pourrr en caillouteux.

Une fois en bas, Tsevaot va se doucher, puis dormir jusqu’à 7h30, heure à laquelle il prendra le petit-déj’ avant de repartir à la garde. Le reste du week-end passe lentement, Salomé à largement le temps d’apprendre le règlement et même de lire la Bible.

Finalement, il est heureux d’être resté, car maintenant, il sait un peu dans quelle direction chercher. Comment ? Il ne le sait pas encore, mais cela viendra, car tout vient à point pour qui sait attendre, n’est-ce pas ?
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#6
Time is running out !

musique de circonstance

Un mois à passer depuis la première semaine, il est donc temps de faire un petit bilan des recherches de notre démon de combat, car le temps file. Tout d’abord, un bref résumé de sa grande carrière militaire.

Il a échappé à la promotion à un grade supérieur, ce qui fut chose aisée, puisque son Administration chérie lui a inventé une inscription dans une école commençant à la fin de son service. Bien sûr, il a du baratiner à mort, ce qui n’est pas son fort, mais il comprend bien les militaires, donc notre Baalite s’en est sorti honorablement.

Concernant ses autres faits d’armes, il possède désormais la distinction sportive ainsi que la distinction NBC. Il n’a pas réussi la distinction tir, tirant très péniblement correctement avec son fusil.

Niveau soins, il ne s’en sort pas trop mal, bien qu’il n’aime pas vraiment piquer dans le cadre des perfusions. Par contre, notre démon s’est durement entraîné aux pansements et autres bandages, toujours utiles sur le terrain. D’ailleurs, il a même réussi la sélection pour devenir spécialiste urgentiste, poste un peu planqué, mais ô combien plaisant, avec clim’ ou chauffage, à choix.

Côté investigations, c’est moins brillant, sans être catastrophique.
L’agent du Malin a pu approcher des gradés mentionnés par le soldat, mais pas de très près, pour ne pas se faire repérer. Il sait qui ils sont et une partie de leurs habitudes, mais sans plus. C’est donc l’impasse pour lui de côté-là.
Concernant ses camarades de chambre, il a pu en apprendre bien plus en causant avec divers suisses-allemands et tessinois.
Il est très clair que Longhi ne peut être que conne, ses divers résultats autant physiques qu’intellectuels démontrent qu’elle ne peut être surnaturel, sauf si vraiment elle a une maîtrise totale de la comédie.

Pour Niederer, il est nettement moins facile de trancher, mais malgré sa distinction sportive, elle n’était pas des plus brillantes, simplement dans la moyenne. Elle restait donc à surveiller, sans pour autant que cela ait besoin d’être intensif.

Quant à Schümperli, il était clair que physiquement elle était simplement dans la moyenne, mais que pour le reste elle s’en sortait très bien. Plus que jamais, il se méfiait d’elle, de son côté gentil et ouvert, bien trop louche à ses yeux.

Enfin, dans les autres faits relevés, il avait noté que si quelqu’un avait pu faire disparaître l’agent démoniaque infiltré sur place, c’est au minimum un sergent futur fourrier ou sergent-major chef, car pour cela, il lui faut une accréditation permettant de sortir, ou à défaut, des clefs pour enfermer sa victime dans un lieu isolé, ce qui n’est pas donné aux simples chefs de groupe ou aux soldats. Donc si anges il y a, ils sont à chercher du côté des gradés, qui sont soit contractuels, soit en service long, voire les deux. Donc ce n’est pas encore gagné.

Et pour conclure ces résultats un peu maussades, le temps ne s’est pas améliorer, de loin s’en faut. La marche de 15km, de Motto Bartola à Airolo, aller-retour, a été terrible, tant le sol était glissant. Tsevaot commence vraiment à détester cette mission, il n’aime pas échouer et le temps passe de plus en plus vite, sans qu’il puisse vraiment s’opposer à l’échec qui semble le guetter. Et toujours pas de signe des autres démons, ni des anges. Life is unfair, disait l’autre, avant que notre Baalite lui refasse le portrait.


[Image: Airolo_610_a.jpg]
L’église du joli petit village d’Airolo, environ 1500 âmes, sans les militaires qui eux, comptent comme des ânes.

[Image: ww_airolo_2.jpg]
Un joli panneau indiquant les distances. Notons que le 1h25 pour Bartola est correct, mais optimiste, car le dénivelé est très important (400m de positif et il y a bien 5 bornes)
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#7
Life is good, life is fine, pull the trigger one more time !

1 mois plus tard, Motto Bartola, 0700, vendredi.

Tsevaot, était debout, au garde à vous, avec les autres, tandis que le vent leur glace le visage et que le froid s’insinue en eux, malgré la veste thermique, dont le rôle est, rappelons-le, de conserver la chaleur. Elle y réussit à merveille, conservant le chaud à l’extérieur et le froid à l’intérieur. Et bien sûr, depuis le temps, nous sommes à une période ou la neige s’est durablement installée, recouvrant de son immaculé et glacial manteau tous les environs. Du coup, à l’appel du matin, malgré les gants, le bonnet et la veste thermique, la recrue moyenne se les pèle. Mais cet appel est un appel un peu particulier. Aujourd’hui, nous sommes à la fin de la 9ème semaine, donc à la moitié de l’école. Or, c’est à ce moment là que les recrues vont se scinder en 4 groupes : ceux qui resteront à la caserne, car ils ne feront pas le stage en hôpital (volontairement ou involontairement) mais rejoindrons la troupe ensuite, ceux qui, parce qu’ils fractionnent (accomplissent leur école de recrues en deux fois) restent encore 2 à 4 semaines, avant de rentrer chez eux, ceux qui vont faire le stage en hôpital puis fractionne et enfin, la majorité, ceux qui font le stage puis qui rejoindront ceux qui sont restés pour les 5 dernières semaines. Bref, après cet appel, ce ne sera plus la même chose. Bartolla fermera ses portes pour 7 semaines, ceux qui restent logeront à Forte Airolo. Mais avant cela, alors que l’appel va débuter, le sergent-chef Jaunin se tourne vers sa troupe et crie :

Recrues, retirez vos gants, enlevez le bonnet, mettez la casquette, pour uniformiser la tenue !

Stupeur dans les rangs. Et surtout la question: qui sont les cons qui n’ont ni gants ni bonnet ? Evidemment, Longhi n’a pas ses gants. Salomé réfrenne son envie de meurtre et impassible, endure le froid, qui désormais se fait mordant.

Cette épreuve passée, la matinée est donc consacrée à nettoyer la caserne, tâche ô combien pénible, surtout qu’en plus, tout le monde doit faire son paquetage. Et comme un bonheur n’arrive jamais seul, Tsevaot se rechoppe la garde du week-end.

Mais bon, notre démon s’en fout un peu, car son enquête a enfin avancé. En effet, grâce à son idée sur les cadres, il a pu établir une petite liste de qui pouvait enlever son collègue. Et après X gardes en semaines et une marche de plus, sa liste s’est grandement réduite, puisqu’ils ne sont plus que 5 suspects qu’il connaît. Il peut donc s’agir d’un inconnu, mais c’est peu probable.

[Image: bisounours_arm%C3%A9.gif]
Un soldat sanitaire, c’est un peu ça… surtout que ça a un béret bleu

Passons les en revue :

En tête de sa liste, le fameux Lieutenant Ramirez, qui avait le moyen et le mobile. De plus, en tant que commandant de l’école sous-off’, il ne fait quasi rien, tout étant gérer par les maîtres de classes, des adjudants anciens et respectés. Donc, sauf cas de crise et pour les appels, Ramirez ne bosse pas trop et avait donc largement le temps, avec des complices, de faire disparaître ce brave sergent.

Juste derrière lui, ce brave Major Zanetti, qui porte le prénom de Spartaco et dit être né le 6/6/66. En tant que responsable de l’organisation de l’IFO (Instruction en Formation, oui les militaires ne savent pas abréger), il avait largement le temps pour commettre ce méfait.

Et puis, ce cher Capitaine Schwarzenauge, il avait aussi bien du temps pour faire disparaître quelqu’un….

Tout comme le sergent-major chef Boss, qui bien qu’il ait été vu comme un ami de la victime, pouvait également ruser pour s’en approcher et mieux la faire disparaître…

Enfin, dernier suspect de la liste, le Colonel Meier, qui a bien du temps, mais pas vraiment de mobile.

Et surtout les deux questions qui restent : où et avec quelle arme ? Dans la cuisine avec le chandelier ? Ou au salon avec le couteau ? Dilemme…

Pour la recherche de ses petits camarades, il n’a pas progressé d’un iota et s’est fait une raison : c’est illusoire. On lui a surement menti pour le rassurer. Le Baalite est seul sur ce coup là.

Et la première chose qu’on apprend chez Baal, c’est que lorsqu’on est seul sur une affaire, il faut faire avec les moyens du bord. Et là, ça tombe rudement bien, car Tsevaot a deux avantages : il est une femme entourée de mecs, et ces mecs, ce sont des militaires. Donc en jouant finement, il doit pouvoir s’en servir pour vaincre les anges présents.
Il s’est donc attelé à la tâche de repérer ceux qui sont des combattants valables, ou qui ont d’autres compétences utiles. Et bien sûr, qui soient de sa section. Cela lui laisse 4 recrues :

Guilloud, dessinateur talentueux et surtout excellent tireur.
Schweitzer, grand, balèze et accessoirement chauffeur.
Zofinger, ambulancier dans le civil, donc excellent pour ce qui est de soigner. Se débrouille aussi très bien en tir et a une bonne condition physique.
Schlub, plutôt moyen, mais très bon en règlement et liant facilement contact.

Salomé discute souvent avec eux, les a aidé lors de la dernière marche, à l’inspection finale, bref, à toutes les épreuves où elle pouvait leur venir en aide. Du coup, ils ont lié contact et forme une bonne équipe au sein d’une excellente section réputée pour son sérieux.

C’est donc sereinement que Tsevaot s’en va prendre sa garde. Tant pis pour le froid, les risques, il sait qu’il lui reste assez de cartes pour gagner cette partie.


une très jolie vidéo de qualité dégueulasse qui a fait s’étouffer un colonel avec son croissant à l’époque.

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#8
La fille de la bande


Présent, quelque part près du terrain d’aviation d’Ambri.

Le temps avait filé, dans 2 semaines, l’école de recrue prendrait fin. Et force était de constater que Tsevaot, malgré ses progrès et le soutien indéfectible de ses hommes, n’avait toujours pas retrouvé leur agent. Du coup, il était plutôt de mauvaise humeur ces derniers temps. Alors quand en plus, on l’avait collé de garde en pleine après-midi dans une zone où le risque était nul, avec une arme non-chargée, scotchée en blanc pour indiquer ce fait, ça l’agaçait prodigieusement.

Il prenait son mal en patience, près du cours d’eau local, le Ticino, qui était sans doute glacial. Alors qu’il observait la neige en prenant son mal en patience, il entendit des pas derrière lui. Faisant volte-face, il vit s’approcher le Major Zeffer, un suisse-allemand, anciennement en charge de la compagnie 1 et désormais Beruf Offizier (Officier de carrière) en charge de l’IFO. Le Baalite salue martialement, tâchant de le faire correctement, car ce n’est pas tous les jours qu’un major passe près de vous alors que vous faites une tâche de merde. Le major ne salue pas notre recrue, se contentant de lui foncer dessus, heurtant la jeune femme en plein ventre, lui coupant le souffle tandis qu’ils dévalent le talus vers le Ticino. Une fois au bord, Salomé tente de se dégager, mais elle sent la poigne de fer du Major. Ce salopard est fort, très fort. Il la retourne et lui plonge la tête dans l’eau avec violence. Le choc glacé de l’eau surprend Tseavot, le revigore, mais il sent qu’il n’est pas de taille. Dire que ce connard de Major aura attendu les derniers moments pour le tuer. Au moins, il rentrera en Enfer en sachant qui est derrière l’enlèvement de leur agent. Soudain, une voix se fait entendre, forte, claire :

Halte ou je tire !

Soudain, son calvaire s’interrompt.  Le démon en profite pour reprendre son souffle et voir qui est son sauveur. Il s’agit de son pote Schlub, qui a levé son fusil, sans scotch, culasse engagée, vers le gradé.

Ce dernier se redresse doucement, levant les mains en disant, avec un lourd accent suisse-allemand :

Du calme soldat! C’est elle qui m’a agressé la première ! Je vous ordonne de baisser cette arme et d’arrêter cette femme.

Schlub semble hésiter, après tout, l’homme en face de lui est Major. Il ne prendrait pas le risque d’agresser un innocent, si ? Du coup, il baisse son arme. Fatale erreur, car le Major en profite pour dégainer un flingue. Sauf que là, c’est Tsevaot qui frappe. Fort, avec un caillou, à l’arrière du crâne du Major, qui pousse un grand cri se retourne et lui tire dessus, en plein ventre. Le bruit claque dans le vent, et le Baalite, titubant, choit dans l’eau glacée. Cette dernière vire au rouge, tandis que le démon est entraîné par le courant. Sur la rive, Schlub s’étant ressaisit, il s’est mis à couvert au moment où le second coup de feu claque. Très rapidement toutefois, une sirène se fait entendre tandis qu’une voiture de police déboule. Deux hommes en sortent, arme au poing et braque l’officier. Celui-ci semble hésiter un instant, puis se rend. Tsevaot, lui, ressort du cours d’eau, trempé, pissant le sang, puis choisit de courageusement s’effondrer, non sans avoir tenté de sortir son PPI.

Trou noir. Puis des voix, et enfin la lumière d’une lampe. Le démon ouvre les yeux. Il est dans un lit d’hôpital, tandis qu’un médecin, assez âgé, vêtu d’une blouse blanche, portant une moustache grise, comme ses cheveux, la regarde attentivement au travers de ses lunettes et lui dit :

Vous avez de la chance d’avoir survécu à une blessure de ce genre. Je crains que l’armée ce ne soit fini pour vous.

La jeune femme regarde le médecin et lui dit :

Monsieur, ce le sera quand je le déciderai. Quand puis-je sortir ?

Le médecin la regarde, surpris et répond :

Et bien dès aujourd’hui, mais je vous déconseille tout effort physique.

La soldate sourit et conclut :

Ne vous en faites pas docteur, je saurai rester tranquille…

Quelques formalités administratives plus tard, la voici en route pour les cantonnements, où elle devra rester toute la journée. En théorie, car notre démon a un plan, et pas des moindres. Il sait maintenant où est détenu l’agent. Car pendant son sommeil comateux, il a réalisé un truc, et pas des moindres : c’était trop compliqué de lui faire quitter la base, trop peu discret. Il y est donc encore. Et notre Baalite croit savoir où. Il ne lui reste donc plus qu’à se rendre à l’endroit auquel il pense, ce qui ne sera pas simple.

La 1ère photo donne une vue d’ensemble du terrain, les militaires sont en bas à droite, de l’autre côté du Ticino normalement.

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#9
When the garden flowers baby are dead yes

Finalement, il y était parvenu. Cela n’avait pas été simple, non, vraiment pas. Le Baalite avait du attendre un moment bien précis, le seul lui permettant ce tour de force. Notre démon était resté pépère à l’infirmerie, discutant un peu avec les gens en service long, toujours eux. Du coup, la gentille Salomé, la malheureuse fille avait pu fixer le meilleur moment pour son plan.

Le jeudi après son « accident », elle avait donc agit. Profitant de la distraction des soldats qui tiraient au stand situé juste à côté de l’infirmerie, elle avait volé 2 boîtes de 50 cartouches. Puis, l’air de rien, elle était allé chercher un gradé, et était tombé sur un adjudant, le redoutable Solardi, grand, les cheveux noirs coupés courts, avec un peu de gel quand il ne porte pas sa casquette, des yeux bleus qui vous transperce, parlant parfaitement français, allemand et italien bien sûr. Très gentiment, la soldate lui explique qu’elle a trouvé une boîte par terre, et qu’il faudrait surement la ramener au mag’ mun. Le gradé hoche gravement de la tête, va chercher une clef, puis s’y rend avec elle. Le lieu est désert pour l’instant, nous sommes en pleine journée, il n’y a que des service long sur la place d’armes, bref, personne.

Lorsqu’ils pénètrent  dans le bunker, à côté de la caserne, il fait encore un peu sombre. La soldate demande au gradé quelle est la taille du lieu. Celui-ci lui répond que ce bunker comporte plusieurs étages, mais que c’est surtout le rez-de-chaussée, où ils se trouvent, qui est utilisé. La jeune  femme acquiesce, puis sans prévenir, attrape l’adjudant lui cogne violemment la tête contre le mur avant de le mettre KO d’un direct en pleine face. Tranquillement, elle sort des PPI, l’attache avec, le bâillonne même, puis s’empare de ses clefs.

Tsevaot l’abandonne là, puis se rend dans la caserne, au sous-sol, où il ouvre la porte d’une chambre d’arme et prend son fusil. Ceci fait, il le munitionne, charge l’arme, puis retourne au bunker sans croiser personne. Là, après plusieurs essais, Salomé finit par réussir à faire fonctionner l’ascenseur, et choisit le moins 2, soit le dernier sous-sol accessible, du moins depuis cet ascenseur. Là, elle sort dans un couloir taillé à même la roche, humide, éclairé par des lampes grillagées. La jeune femme fait quelques pas, tous ses sens en alerte, tandis qu’elle observe les portes. Finalement, après avoir bien écouté, il lui semble entendre quelqu’un derrière la porte sur laquelle est marquée « Etat-major ». Sans hésiter, la soldate lève son fusil, et ouvre la porte, métallique, d’un coup de pied bien senti. Au milieu de la pièce, près d’une carte, deux hommes discutent. Tous deux portent un uniforme de la police militaire, avec des grades différent. Le premier est plutôt grand, élancé, avec des cheveux blonds très courts. Le second, un peu plus petit, et plus baraqué, a le crâne rasé. Ils se retournent, surpris pas l’irruption de cette soldate, tandis qu’elle leur crie :

Ne bougez pas ou je vous descend !

Les deux hommes semblent hésiter un moment, puis l’air résigné, lèvent les bras. La jeune femme sourit, l’air confiante. Presque trop facile. Un bruit derrière elle attire son attention. Salomé se retourne et se mange un méchant coup de crosse en pleine face. Sous la force du coup, elle tombe et se cogne la tête contre la table, s’ouvrant méchamment et sombrant dans une demie inconscience. Elle peut toutefois entendre les hommes discuter avec un troisième individu :

-On a failli attendre, c’est pas trop tôt.

- Ouais, désolé, je revérifiais notre matos au premier quand j’ai entendu l’ascenseur. Elle serait presque douée cette conne. Et pour le Major ?

- Il est retourné d’où il venait, non sans m’avoir dit qu’il servait Laurent, ce petit saligaud. Ce n’est donc plus un problème.

- Bien, parfait. Je crois qu’elle ne va pas se réveiller de sitôt, mais pour en être sûr, on pourrait un peu l’aider. Il serait regrettable que notre expérience pour l’Ordre Nouveau subisse un contre-temps, voire soit contrée à cause de cette garce.

- Ouais, je vais me charger de son cas, mais sportivement, comme il se doit.

On peut presque entendre le sourire du flic lorsqu’il dit cela, les deux autres se marrent, puis le nouvel arrivant conclut, en disant :

- Bien, je vais aller voir où en est la troupe, car le jour J approche, encore une semaine messieurs et l’air sera plus pur sur cette planète.

Puis, Tsevaot perd connaissance.

Lorsque notre démon se réveille, il fait nuit. Les étoiles illuminent le ciel, tandis qu’il sent le froid qui l’enveloppe. Se redressant douloureusement, il ne peut que constater qu’il est en pleine forêt, dans la neige, sans arme.
Il se lève, titubant un peu, encore désorienté quand une détonation retentit et qu’une balle se fiche dans l’arbre à deux mètres de lui, tandis qu’on peut entendre un rire dans le noir. Non seulement, ce connard va l’abattre, ça c’est clair, mais il prend du plaisir à jouer avec lui. Sauf que Tsevaot n’aime pas du tout ce jeu. Mais comment faire pour s’en sortir alors qu’il est au milieu de nulle part ? Réfléchir vite, réfléchir bien, c’est là sa seule chance. La première chose à faire, c’est de repérer depuis où ce salopard l’arrose, ce qui est loin d’être évident. Repérant un rocher, le démon va se planquer derrière.

Un coup de feu claque, déchirant l'air glacé de la nuit et ricoche juste à côté de sa tête.
Le tireur est donc au Sud, face à lui. Au vu de sa précision, il utilise une arme munie d’une lunette et ne doit pas se trouver à plus de… 300 mètres. Restait un problème de taille : en hauteur ou non ? Le démon se doit de bien choisir son prochain mouvement. Finalement, voyant l’espace entre les arbres, il opte pour la tactique suicidaire : courir dans la direction du tir, le plus vite possible.

Tandis qu’il fait cela, un autre coup de feu claque et une balle lui frôle l’oreille. Cette fois, son assassin semble vouloir se rapprocher de la fin. Et il ne le voit toujours pas, mais il continue sa course.

Soudain, il ressent quelque chose au bras droit. Oh, trois fois rien, juste le picotement d’une balle qui vous fait un méchant trou quoi. Le temps lui était donc compté, la prochaine pouvait le tuer, mais il tablait sur deux balles dans les jambes d’abord. Continuant sa course, il scrute désespérément devant lui, tentant d’apercevoir si sa cible est sur un arbre.

Un nouveau coup de feu résonne dans les bois déserts et Tsevaot sent que sa jambe droite ne répond plus si bien. Mais il s’en fout, car il a repéré depuis où ce petit con l’allume : depuis le sommet d’un arbre, 50 mètres devant lui. Le démon, malgré ses trous, redouble donc ses efforts et voit sa deuxième jambe lui devenir inutile au pied de l’arbre. Il sait dès lors qu’il va falloir être très fort. Mais il a prévu le coup et a déjà sorti ses griffes. Le Baalite commence donc l’ascension du repaire de sa désormais proie, qui risque d’avoir du mal à l’allumer du fait de sa position, sans doute précaire dans un tel cas de figure. Malgré les dégâts qui commencent à se voir salement sur son bras, le démon finit par atteindre la plateforme en bois, à 5 mètres du sol.

Là, l’homme qui lui fait face ne sourit pas, il semble même agacé. Soupirant, il épaule et tire. *Clic* est la seule réponse de son arme. Le Baalite se marre grassement et lui dit :

-Toujours compter ses coups et vérifier son magasin, ptit con !

Avant de lui arracher un bras d’un coup de griffes bien senti. Son bourreau recule, la surprise se lit sur son visage tandis qu’il dit :

-De toute façon, il est trop tard. Tout est déjà prêt, tu n’arriveras jamais à temps pour empêcher la réalisation de notre grand projet !

Tsevaot est un peu troublé par ce discours, mais pas assez pour hésiter. D’un geste rapide, il déchiquète la gorge de son adversaire, qui disparaît dans un *Plop* sonore.

Fatigué par tant d’efforts, le démon s’assied un moment. Soudain il remarque une tache rouge au niveau de son abdomen, qui commence à grossir doucement. Sa blessure par balle semble s’être rouverte, il ne sait pas où il est, mais il est sûr d’une seule chose : il a échoué. Il ferme les yeux et attend, tranquillement, que la Mort vienne lui ravir son corps d’accueil…
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#10
fight for your life !

Tandis que Tsevaot attendait, tranquillement la mort, il entend un bruit. Oh pas grand-chose, mais suffisamment pour qu’il ouvre les yeux. Et ce qu’il voit le stupéfie. Sans qu’il sache comment, un homme se tient devant lui. Il est jeune, vêtu lui aussi d’un uniforme, sans qu’un nom ne figure sur ce dernier. Il n’a pas non plus de grade, ni de signe distinctif, à part ses longs cheveux blonds et ses yeux violets. Sans un mot, il s’approche du démon et pose sa main sur le corps meurtri de ce dernier. Une lumière blanche en émane brièvement puis Tseavot se sent mieux, beaucoup mieux. Le démon se dit qu’il rêve, qu’aucun ange ne viendrait aider un démon, même pas le plus fêlé d’entre eux. Mais avant qu’il ait pu penser plus loin, il sent une grande fatigue l’envahir et il sombre dans un profond sommeil.

Lorsqu’il émerge, il se frotte la tête, se demandant s’il a rêvé. Le papier dépassant de sa poche de poitrine et l’absence de blessures, alors qu’il n’a pas bougé, lui indiquent que non. Se relevant, le démon sort ce fameux papier et le lit: « Nous savons qui vous êtes, démon Tsevaot. Vous êtes toutefois le seul à savoir ce que manigancent les comploteurs, qui sont sans doute affiliés à la Terre Creuse. Nous comptons sur vous pour les arrêter. Si vous vous débinez, soyez assuré qu’un groupe de Laurent viendra vous faire coucou en pleine nuit. Si vous réussissez, nous ferons comme si nous ignorions tout de votre présence ici. En bref, tuez ces traîtres ou mourrez. Bonne journée ! »

Et même pas signé ce foutu papier en plus. Y a pas à dire, c’est vraiment la galère cette mission. Tsevaot n’aime pas vraiment se plaindre, mais il n’aime pas non plus bosser comme un dingue en sous-effectif total. Mais bon, en Enfer, la grève, ça se termine mal, très mal, alors il ferme sa gueule, sert les dents et s’en retourne à son turbin.

Première chose à faire, une fois qu’il a localisé le joli 4X4 civil de son agresseur : le prendre, démarrer, trouver où il est, changer de fringues, limite d’apparence et savoir ce qui va se passer dans 6 jours. Il roule un peu et après plusieurs lacets qui descendent, arrive à Faido, à environ 15km d’Airolo. Là, il abandonne la voiture dans un des derniers lacets, la brûle, puis se rend dans le village, où il attrape un train pour le Sud, pour Locarno, ce qui lui prend une grosse heure. Sur place, il se rend dans des boutiques de fringues et change complètement d’apparence. Désormais, il est Liv, une touriste suisse-allemande, bien emmitouflée, qui est en vacances au Tessin. Il va se prendre une chambre dans l’auberge de jeunesse locale, puis se trouve un cyber café et cherche tous les événements importants de Suisse à venir dans les 6 prochains jours.

Et il y en a beaucoup, mais alors vraiment beaucoup. Trop en fait. Il pense qu’il ne va pas s’en sortir, entre les congrès politiques, les réunions du Conseil Fédéral, les manifestations contre le nucléaire, contre les expulsions d’étranger, pour les expulsions d’étrangers, bref, il y en a bien trop et en plus, partout en Suisse. Le démon se gratte la tête, anxieux. Car il sait qu’il doit trouver, et arrêter les comploteurs. Ils ne sont plus que 2, avec une troupe…

L’évidence le heurte comme un 35 tonnes heurte un petit chaton qui le regarde lui fonçant dessus en faisant « Mraw ? ». Car le terme « troupe » indique sans doute des militaires. Or, il n’y a de loin pas des militaires pour toutes les occasions. Du coup, notre démon, reprenant confiance, se connecte sur www.armee.ch, un site mis au point par Francis surement, vu qu’aucun militaire ne peut y trouver facilement un renseignement utile, sauf s’il est angélique ou démoniaque et encore… Mais à peine connecter il voit une très jolie information, du genre inratable : « Le commandant de corps André Blattmann va rendre visite aux troupes sanitaires ». Et en cliquant sur plus, il apprend que ce sera dans le cadre d’un exercice des services longs, conjointement avec les troupes NBC, qui se déroulera à Airolo même, nom de code: Morpheus. Et le tout dans… 6 jours.

[Image: cda.parsysrelated1.0001.Image.jpeg]
Pour être un bon chef, il faut une moustache, c’est connu !

Comme on dit dans ces cas là : « Oh putain bordel de merde à queue ! » ou plus poliment « Diantre, nous voici dans la mouise ! » Toutefois, notre démon sait qu’il ne peut agir sans un plan. Il sort son téléphone portable, passe quelques coups de fils, puis se rend à l’auberge. Là, on le rappelle. Et on lui donne des détails pratiques sur Morpheus: début dans 6 jours, avec une simulation d’attaque chimique et réaction des deux troupes engagées face à cette fausse attaque au sarin. Mais sera-t-elle si fausse que cela ? Le démon craint que non. Et bien sûr, tout le monde portera une jolie combi’ chimique, sauf les gradés qui assisteront au lancement de l’opération. Donc d’une part, il sera très dur d’identifier les cibles à neutraliser et d’autre part, très dur de protéger ceux qui doivent l’être.  Mais Tsevaot a déjà pris ses dispositions: il se rendra sur place la veille, où il récupérera une tenue et fera la jonction avec ses camarades humains, afin d’éviter le pire. Ils devront agir la veille, car le jour même, cela risque d’être trop tard. Mais déjà la veille, les troupes seront prêtes et dispatchées. Il faudra donc trouver la section des traîtres et tous les tuer. Oui, tous jusqu’au dernier. Et pour ce faire, Tsevaot a une idée, et ça tombe rudement bien, car certains de ses collègues lui doivent encore des faveurs. Il passe deux coups de fil. L’un à sa charmante collègue, Mothneshiqot, de chez Andréa. Elle râle, disant qu’elle n’a pas l’argent pour le déplacement, qu’elle a mieux à faire et tout. Restant calme, le démon de Baal lui dit qu’il lui offre le train et qu’il la citera dans son rapport. Elle accepte.

Puis il appelle VX, un pote de chez Malthus, qui accepte le deal, disant qu’il va simplement attendre de savoir dans quel environnement il doit agir. Tsevaot sourit et raccroche. D’ici à la date fixée, le problème des traîtres n’en sera plus un. Les pauvres, s’ils avaient su, ils auraient renoncés directement.
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