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World Grade III
#1
Quote:« Les Grades Trois ? Une sacrée bande de tarés… »
Un Grade 0


Infiltration furtive dans les lignes ennemies, pas à pas, comme une ombre, c’est la guerre. Lentement, on glisse le long d’un mur, on se plaque contre un coin. Coup d’œil rapide. All Clear. Continuer à avancer…

Essuyant d’une traite l’épaisse sueur dégoulinant le long de sa tempe, l’Ange jeta un coup d’œil vers un couloir a première vue plus désert que le vide absolu qui s’étendait entre les deux oreilles de Novalis. Mais il connaissait son ennemi et le savait plus sournois que le serpent, plus rusé que le Renard et plus tenace qu’une moule accrochée à un rocher.
Six cents ans de guérilla urbaine, de mesures, de contre mesures, d’assauts, d’opérations spéciales et autres missions à risques le lui avait appris aussi sûrement qu’une balle dans les burnes lui aurait appris la douleur. Ce couloir n’était pas désert. Il ne pouvait pas l’être.

Une certitude.
Un truc qui vous tordait les tripes avant même d’avoir vu le danger.

Le géant expira doucement afin de chasser le stress qui tentait insidieusement d’ envahir ses nerfs et tous les muscles de son immense carcasse. Et il en avait, des muscles.
Bâti sur plus de deux mètres de hauteur, le Général Bill W. Striker était un véritable colosse à coté duquel Georges en personne serait passé pour un transsexuel brésilien.
On avait du inventer l’expression « Montagne de muscles » pour lui. Et rajouter l’Himalaya sur la carte, aussi.
Son regard gris acier se reporta sur le couloir pendant que son imposante mâchoire se contractait de fureur.
Il allait pas se laisser défoncer comme une tantouze. Jamais. Pas ici, pas maintenant, pas après toutes ces batailles, tous ces morts, et tous les regards surpris de ces valeureux boys, frappés par la mort, pour la gloire du Tout Puissant.
Et même si les senteurs de javel de la zone ne lui rappelait pas les langueurs veloutées de la jungle vietnamienne ou les fragrances océanes d’un débarquement normand, l’endroit serait incontestablement le lieu d’une de ses plus belles victoires.

Il passa une de ses mains de bûcheron sur son crane rasé de près, vérifia rapidement ses munitions, s’équipa de ses lunettes à vision thermique et loua une dernière fois le nom de Dieu.
Ses doigts dégoupillèrent avec aisance la grenade fumigène qui valsa aussitôt dans le couloir, explosant dans un nuage de fumée opaque.

Gogorush.
Bordel de merde !
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#2
Une fumée acre et épaisse forçait toujours un ennemi à sortir de son trou. On avait fait ça en foutant le feu aux Châteaux Forts, en foutant le feu aux maisons, en foutant le feu à la jungle, et quand on ne pouvait pas foutre le feu à un truc, en utilisant des fumigènes.
Mais on y avait sacrement perdu le goût du brûlé, cet odeur rustre et virile qui vous râpe le palais une fois que vous avez bombardé Cologne, cette senteur puissante qui émane d’un village de jaunes carbonisé au Napalm.
Cette putain d’odeur de guerre qu’il adorait tant.
Si il avait pu en faire un parfum, il l’aurait utilisé comme de l’eau de Cologne, justement.

Et soudain, l’ennemi bondit de sa position.
Horrible. Infernal. Insoutenable.
Avec ses yeux enfoncés dans des orbites creuses, son teint blafard, ses muscles atrophiés, son acnée juvénile, et par dessus tout, son complet costume cravate parfaitement repassé et ses lunettes faites avec les hublots d’un sous marin…

« Crève raclure d’enfoiré de suceur de bite technocraaaaaaaaaaaate ! »

Le M16 du Général cracha la mort en une longue rafale alors qu’il plongeait dans le couloir, un terrible cri de guerre aux lèvres, si puissant qu’il en vint même à couvrir le bruit des tirs. Les balles traçantes illuminèrent les trajectoires létales de l’armada d’acier, alors qu’elle déchiquetait sauvagement le corps malingre de l’Adversaire, petit pantin réduit à danser au rythme cadencés de détonations rageuses.

« T’aimes ça connard ! MEUUUUUUURS »

La déflagration qui suivit l’envoi de la grenade incendiaire pulvérisa le couloir dans une gerbe orangée.
Il l’avait enfin, son odeur. Oui, l’odeur de la victoire. Se relevant, il enleva ses lunettes de visée et essuya son visage couverts de poussières, de plâtre et de cendres avant de braquer son arme imposante dans la direction du cadavre présumé de celui qui avait osé, un jour, s’opposer à lui.

Précautionneusement, il s’approcha de la carcasse brûlée, avide de contempler la dépouille de la bête, obligé de se contenir par pure prudence, pour ne pas bondir vers elle et en secouer les restes dans un hurlement victorieux. D’un coup de bottine bien ajusté, il la retourna.

Bertrand le fixait avec de grands yeux écarquillés par la stupeur.
De grands yeux vivants.
Bordel.
D’une main atrocement mutilée, il tendit un dossier à son supérieur dans un râle de douleur.

« Vos dossiers de la journée chef ! »

Ce petit enfoiré était décidément très fort.
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#3
« Général, je peux vous poser une question ? Pourquoi vous obstinez vous à me mitrailler chaque matin alors que vous savez pertinemment que je ne peux pas mourir au Paradis ? »
« J’espère un miracle, espèce de tête de bite blafarde ! Ensuite, te mitrailler ta gueule de gland me procure toujours un plaisir sans borne et j’ai de toute manière pour credo de ne jamais abandonner une guerre, espèce de face de danone putréfié. Nom d’une pute borgne, je me demanderai toujours pourquoi on m’a collé un suce boules pareil dans les pattes ! »


De fait, le Général le savait pertinemment. Débarquer avec un char Tigre dans le bureau d’un pisseux de Dominique pour réclamer des comptes au sujet de certaines limitations chez ses subordonnés n’avait pas été aussi bien perçu que prévu. On ne l’avait pas dégradé –le Patron connaissait trop sa valeur martiale- mais on lui avait quand même collé un connard de chez Didier pour lui apprendre « les vertus bienfaitrices de la communication courtoise ».

Chierie.
Pénétrant dans son immense bureau aux murs remplis d’armes et de trophées de toutes sorts, le Général alla s’asseoir dans un immense fauteuil de cuir noir, alluma un cigare cubain gros comme un missile soviétique –bien qu’il avait toujours été un fervent défenseur d’une atomisation rapide de l’ile Castriste- et se tourna vers ce crétin de Bertrand.

« Opérations prévues? »
« Consultation de dossier, Sir ! »
« Quelle zone du front? »
« Immac, Sir ! »


Ah oui, ça lui revenait, un petit patelin français auquel il fallait porter une attention particulière.
Pas de dynamitage de dossier en vue, donc…

« Faites moi voir ça, bidasse ! Hum. Affichez moi les données sur les gradés d’chez nous dans ce bourbier »

Un immense écran se mit à grésiller avant de lâcher un flot de données militaires et plusieurs photos des têtes connues d’Immac…
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#4
Assis à son bureau, la tête prise en étau entre ses deux mains de bûcherons, le Général ruminait sombrement des envies de meurtres. Son front barré d’une large ride trahissait son mécontentement aussi sûrement que le mur de Berlin faisait comprendre que l’approcher, c’était mourir d’une rafale de mitrailleuse.

Un long soupir, comme un râle d’agonie, s’extirpa de l’énorme carcasse tandis qu’elle se levait de son fauteuil avec lenteur.
Striker fit quelques pas, soucieux, avant de s’arrêter en face d’un des tableaux qui ornaient son bureau.

On y voyait la mer. Tout simplement. Une plage aussi grise que le ciel, et une mer d’un bleu profond à l’écume légèrement teintée d’un rouge diffus.

« La Normandie, c’était pas de la daube. »
« Général? »
« Oublie ça, tarlouze. Bon voyons. »


Comment régler l’épineux problème d’une ville remplies de gradés disparus, retirés des affaires ou tout simplement stupides? Surtout que la bourgade semblait rassembler sous une même bannière les anges les plus inutiles que la terre et les cieux pouvaient compter…

Il fallait un symbole, et un exemple.

« Ce petit la, le Gonzague. Gradez le. Il fera l’affaire. Peut être pas un bon Colonel, mais sûrement un bon Lieutenant. Réglez ça au plus tôt ! »
« Oui, mon Général ! »


Fixant la mer de couleurs qui s’étalait devant lui, le géant tira une énorme bouffée sur son cigare calciné, les yeux perdus dans la contemplation de la toile.
Et dire que la retraite ne risquait pas d’arriver…
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