[SECRET] - Journal d'un exterminateur désabusé

[Holocauste]

01 juin 2007

Cher journal,

Je viens de m'incarner il y a quelques heures à peine. Mon incarna est lamentable. Ses vêtements sont en lambeaux, l'odeur corporelle laisse supposer un défaut d'hygiène assez régulier et physiquement cet humain se laissait carrement aller. Il va falloir changer celà et l'absence de proches va me faciliter la tâche. Il vaut mieux toujours rester discret et prudent mais autant une situation sociale correecte est un avantage dans la vie de tous les jours, autant c'est un problème quand on veut l'adapter à des besoins spécifiques. Celui-là n'a apparemment aucune famille et pas vraiment d'amis. C'est triste mais je ne m'en plaindrais pas.

Quelle misère que ces humains soient si seuls. Si éloigné de leur créateur. Eux qui en sont pourtant Ses favoris. On pourrait croire que nous sommes privilégiés tu sais, mais il n'en est rien. A eux, Dieu a offert le pardon, tandis qu'il ne nous a laissé que les regrets. Ils peuvent commettre les pires atrocités, mais s'ils se repentent, ils seront accueillis au Royaume des Cieux. D'accord ils s'y feront chier comme des rats morts pendant une éternité mais c'est toujours mieux que de rôtir en bas, non ?

Les services de Blandine ont bien fait leur boulot avant de m'expédier ici, je ne me souviens de rien ou presque. Je sais que ce n'est pas mon premier séjour sur Terre et que ça pourrait bien être le dernier. J'ai un étrange sentiment... une sensation d'urgence. J'ai quelque chose à faire... mais je ne me souviens pas quoi. C'est bête hein ? Ne t'inquiète pas, cher journal, ça me reviendra peut être plus tard.

[Holocauste]

07 juin 2007

Voilà, ça y est, j'ai rencontré un autre ange. Facile à repérer avec cette auréole sur la tête, j'ai fait flasher mon aura pour qu'elle puisse m'identifier aussi. Evidemment, vu mon manque de puissance actuel, ce n'était guère impressionnant mais servir l'Archange de l'Epée est apparemment encore gage de force de combat alors ça a quand même produit son petit effet.

C'est la seule personne que je connais ici, et en plus elle est sympa. J'aimerais bien la revoir, discuter un peu avec et comprendre ce qu'elle fait ici, quels sont ses buts, quelle est sa mission sur Terre, tout ça. D'habitude, je ne fréquente que des bourrins bas de plafond et totalement hermétiques à l'humour. Ben quoi cher journal ? C'est pas parce qu'on sert Laurent qu'on est forcement coincé du cul...

Pourtant, je crois que je n'ai pas toujours été comme ça. Rien que mon nom, Holocauste. Je n'arrive pas à me souvenir comment je l'ai eu mais je sens que ça va revenir. Et je sens que ce n'était pas anodin. Merde ils font chier avec leur lavage de cerveau pré-implantatoire. A quoi ça leur sert de nous nettoyer le crâne au karcher ? Merde garder quelques souvenirs ce serait pourtant pas du luxe...

Enfin, j'suis sûr que ça va revenir.

[Holocauste]

09 juin 2007

Cher journal,

Je sais bien que je te raconte tout ce qui m'arrive tous les jours mais aujourd'hui, c'était un peu exceptionnel. Alors je vais faire un petit paragraphe en plus, pour être sûr de ne rien oublier. J'ai rencontré d'autres anges aujourd'hui. Cette angèle belle à tomber par terre me les a présentés. Franchement, si Samaël avait eu le bol de la croiser avant de faire son caca nerveux, on serait encore tous tranquilles à jouer de la lyre vautrés sur de petits nuages. D'accord, on se ferait grave chier mais quand même, ça éviterait qu'on se foute sur la gueule à longueur de journée pour quoi finalement ? Pour que dalle en fait. Faudrait que les boss se décident à balancer l'artillerie lourde une bonne fois pour toute, on règlerait définitivement le cas de ces excités d'en-bas et cette connerie de Grand Jeu serait finie, on en entendrait plus parler. Mais non, on fait joujou avec eux en leur laissant croire qu'ils ont une chance et on continue la danse... 'Fin bref, je crois que je ferais mieux de me contenter de faire mon job et d'arrêter de réflechir à des trucs pareils, ça ne m'attirera que des ennuis...

Bref, c'est une angèle super. Elle s'appelle Jephte. Et elle m'a présenté à d'autres anges dans une sorte de marche parrallèle sous forme de café. Je crois que ça s'appelle Chez Jules. Bizarre comme nom mais bon. Pourquoi pas après tout. J'ai rencontré un ange de Blandine, une pointure visiblement. Il s'appelle Rhuarc. Jephte et lui sont amis apparemment. Peut être plus, difficile à dire. Il est très secret, très méfiant mais il se montre amical. Et ça c'est bien. J'ai aussi rencontré d'autres anges plus... physiques. Nyrielle, Ian et Toriah. La première est gradée et un peu coincée quand aux deux autres, ils ont l'air cools mais je crois qu'on a pas grand chose en commun. On s'entend plutôt bien et c'est déjà pas mal. Je vais participer à un programme d'entrainement pour apprendre ce qu'il me manque. J'ai hâte de commencer.

[Holocauste]

10 juin 2007

Cher journal,

J'ai senti la présence du Mal aujourd'hui. Comme tu le sais, mes pouvoirs me permettent de détecter les suppôts de Satan autour de moi et aujourd'hui, alors que je déambulais dans ce quartier qu'on appelle la Vieille Ville, j'ai clairement ressenti une présence. Je suis entré dans un batiment officiel à la recherche d'un damné à éradiquer histoire de bien commencer la journée. C'était une gendarmerie. Les gens sont généralement très occupés à l'intérieur de ce genre d'immeubles, alors s'y glisser, visiter chaque pièce et chaque recoin de la bâtisse à la recherche du démon ne fut pas très difficile. il me reste quelques notions des traques d'antan, ça fait plaisir de le sentir. Pourtant, je n'ai pu retrouver ce démon. Impossible qu'il se soit enfui puisque je surveillais la porte et s'il avait disparu (invisible ou téléporté) je l'aurai remarqué. Non, il a simplement disparu. C'est très étrange et très perturbant aussi.

Tant pis, le prochain aura probablement moins de chance.

[Holocauste]

13 juin 2007

Cher journal,

Je suis retourné dans ce bar étrange aujourd'hui, et j'ai fait un peu plus connaissance avec les anges que j'y avais précedemment rencontré. Ils sont vraiment sympas. Je crois que je vais deveni un habitué. J'ai découvert un autre bar aussi. Il a un nom encore plus ringard, dont je ne me souviens même pas. Le type derrière le comptoir est spécial lui-aussi. Une tête de camé de première. Enfin, il fait un bon café, c'est déjà pas mal. Ce qui a été le plus étonnant c'est de comprendre que là-bas, on pouvait aussi rencontrer des démons. Une sorte de zone neutre en fait. Et... c'est étrange à dire mais c'est apparemment possible de passer un moment en bonne société avec des démons. Ils peuvent avoir du vocabulaire, sisi je t'assure. Et autre chose que "Beuargh, j'vais t'arracher la tête et te chier dans l'cou!" ou' Gnéhéhé j'vais te la mettre profond !". En tous cas ça fait toujours plaisir de rencontrer des gens intéressants. Il y a en avait deux, un démon mâle et une femelle, avec qui j'ai pu discuter un peu avant de m'en aller. Ils s'appelaient Julyan et Befirah. Des servants de Malphas si j'ai bien suivi. Je n'ai rien dit sur moi, non seulement parce que je préfère rester méfiant malgré tout et éviter tout commerce avec les damnés mais aussi parce qu'un serviteur de Dominique squatte apparemment non-stop sur place. C'est plutôt malin de sa part. J'y retournerai probablement, la démone était sympa. Elle m'a dit que mon nom lui en rappelait un autre.

Genocide

Je ne sais pas pourquoi mais quand j'ai entendu ce nom, un frisson glacé m'a parcouru le dos. Je m'en souviendrai bientôt, je le sais. C'est juste une question de patience.

[Holocauste]

15 juin 2007

Cher journal,

Aujourd'hui je suis mort. Comme un gros naze que je suis, tué par un familier qui frappa trop fort, un coup malheureux à l'entrainement. Apparemment je ne suis pas le premier et vu la violence des séances, ça se reproduira. On verra bien. Tandis que je rampais sur le sol de l'église, les questions m'assaillaient, c'était incroyable. Je n'avais pas réflechi à cette vitesse depuis... des siècles en fait. Mais là, je me suis souvenu d'un des moments les plus heureux de ma vie. Je n'ai jamais trop su à quelle époque de l'histoire humaine ça s'est passé. Peut être quand cet adolescent boutonneux et bagayant réussit à extraire d'une roche trop friable l'épée rouillée que son père y avait coincé un soir de beuverie, juste avant de se faire sottement étriper. Quelle importance en fait ? Surtout qu'à l'époque, les humains constituaient le cadet de mes soucis. J'étais sous les ordres du plus puissant guerrier des Cieux, Georges, le Saint Purificateur, celui-là même qui avait abattu son frère Baal lors de la Grande Révolte et qui avait mené la défense des Cieux. Ce jour-là, nous étions sur Terre pour une guerre comme jamais il n'y en avait eu. LA Grande Guerre.

L'extermination du peuple féerique, les Faës comme nous les appelions, la Solution Finale. Nous avions commencé il y a quoi ? Deux cent ans environ et nos légions salvatrices avaient ravagé des milliers, des millions de Faës. J'avais étripé tellement de nymphes, de gnômes et autres farfadets que j'en avais depuis longtemps perdu le compte. Certains jours, il y avait tellement de sang coagulé sur nos harnois et nos armes que malgré tous leurs efforts, nos écuyers mortels n'arrivaient pas à les nettoyer entièrement. Peu importe puisque le lendemain, nous baignions à nouveau dans le sang des païens. Je menais une petite unité de soldats de Dieu, comme chacun de mes frères d'armes et quand nous débusquions une proie plus puissante que les autres, les cohortes de chasseurs se regroupaient pour anéantir l'ennemi. Ce jour-là, j'avais tué un dragon. Bon, je n'étais pas seul dans ce combat et je n'en avais même pas pris la plus grande part, à dire vrai. Mais des huit anges qui avaient combattu la Bête, j'étais le seul survivant. Aussi notre seigneur Georges m'auréola-t-il de la gloire liée à ce combat. Je crois qu'on appelle ça les fortunes de la guerre. C'est juste une question de circonstances et de hasard, en fin de compte. Je fus convoqué en présence de l'Archange Purificateur, écrasé par sa stature et l'aura de puissance s'échappant de lui. Il examina Némésis et elle lui plut. Je crois qu'il apprécia le caractère agressif et sanguinaire de mon arme. Il me fit agenouiller devant lui et stupidement, j'ai cru qu'il allait m'adouber. Moi, chevalier ? Je ferai sans conteste un excellent Serviteur des Exterminateurs Catholiques. Non, il était encore trop tôt pour celà, mais l'Archange gardait un oeil sur moi. C'était déjà une grande distinction et ce qu'il m'offrit, je n'ai jamais regretté de l'avoir obtenu de lui. Ce fut parfois dur à porter, mais c'était un cadeau de mon seigneur et aujourd'hui, j'en suis quelque part encore fier. Je l'ai toujours assumé même si je regarde maintenant cette partie de mon histoire d'un oeil bien plus critique. Après tout, on apprendre toujours quelque chose de ses erreurs de jeunesse, le tout étant de les accepter pour ce qu'elles sont et de les dépasser pour devenir meilleur.

George me donna mon nom de guerre ce jour-là : "Holocauste". A partir de ce jour, c'est ainsi qu'on me nomma. Ce nom, je l'ai gagné. J'ai lutté pour l'avoir et ce jour-là, j'en était très fier. Même maintenant, je refuse qu'on m'appelle autrement. J'en ai même oublié mon Vrai Nom. C'est très étrange, cher journal parce que je me souviens de ce jour comme l'un des plus heureux de ma vie mais en y resongeant... C'est de la nausée que je ressens. J'ai le coeur au bord des lèvres, je crois que je vais être malade.