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Le Beau Bar à Brian
L'ange de dominique adresse un regard de pierre à Shashog avant de lâcher calmement :

- Nous souffrons tout d'eux d'une absence. Moi de sexe, vous d'esprit, et là où il n'y a que des faits, il reste peu de place aux débats.
Arborant un sourire hilare, Shagshog se tourne vers Hermary.


Dans vot’cas c’est surtout d’ébats qu’vous d’vez manquer.


Et il éclate d’un grand rire.
Nadir, qui a suivi la conversation, s'autorise un coup de coude dans les côtes du Michel et lui murmure:

Je crains que tu gagnes ton premier cas disciplinaire si elle porte plainte... C'est une gradé, mec.

Puis il boit une gorgée, comme si de rien n'était.
Un rictus garnit de dents acérées et jaunâtres se dessina sur une face aussi poilue que celle d'un singe. Et pour cause, l'individu en était bien un. Famélique, pouilleux au possible, couturé d'une constellations de balafres, et par dessous tout : borgne. Son œil unique, torve et injecté de sang, transperçait un à un chaque occupant de son inquisitrice pupille, qui se réduisait à chaque fois un peu plus sous le coup d'une colère intense.
Perché telle une gargouille près des bouteilles d'alcool les plus élevées, le macaque déambula de droite à gauche dans une série de bonds souples, en poussant de petits cris. Il regarda encore une fois les occupants du bar, semblant passer en revue les consommations de ceux ci, puis les membres féminins de l'assemblée.

Il hurla.
Un cri assourdissant dont seul les primates sont capables. Un charivari insoutenable visant le monde entier et personne en particulier, mais surtout toi, la bas au fond, face de pet. La tempête de cris prit de l'ampleur, le singe sautilla de plus belle, et, attrapant une bouteille d'alcool fort, la fit chuter de l'étagère dans un fracas de verre brisé.
Dans une furie méthodique, il fit subir le même sort au reste des spiritueux du bar, à grands renfort de hurlements, maculant les murs de picole bon marché, et le sol de bouts de verre. Quand il eut finit d'installer l'apocalypse d'un coté du bar, il sauta d'un geste leste sur le comptoir et invectiva les occupants de la salle.
Du moins, il en donnait l'impression: écumant de rage, le poing tendu, le regard noir. Sa queue s'empara d'un tesson de bouteille. Il se replia sur lui même, comme sur le point de sauter à la gorge de la première personne venue, quand une voix calme mais ferme retentit de l'arrière boutique.

« Du calme, Jovza. »

Le primate stoppa net son mouvement et, larguant son tesson, fonça se percher sur l'épaule du nouvel arrivant. Un autre barbu, mais humain cette fois, au type nord africain, dont le faciès émacié était masqué par d'imposante lunettes de soleil de marque et enveloppé d'un keffieh digne d'un émir saoudien. Il tenait un verre de thé dans une main et un journal irakien sous le bras.
Il arborait un uniforme au kaki usé dont les emblèmes ternis évoquaient sans aucun doute le monde arabe, sans pourtant appartenir à un pays en particulier. L'uniforme semblait avoir bien vécu, et on y distinguait ça et la quelques impacts de balles.
Il grattouilla légèrement le menton du macaque qui reprit son hurlement furieux pendant quelques secondes, avant que d'un geste, l'arabe ne lui intime une nouvelle fois le silence.

« Tais toi Jovza. Tu es intenable. Ne brise rien dans la maison d'un hôte, fussent des flasques d'alcool, de peur de briser une amitié. Tu t'en excuseras plus tard. »

Nouveaux hurlements. Clairement dirigés vers Lahmi, Lumière Noire, Hermary et Génocide. Et un peu Lucas Boïzerd, mais le singe n'avait pas une bonne vue.
L'ange musulman -vous l'aurez compris- fronça les sourcils, arborant d'un coup une mine sévère.

« Suffit ! Tu as raison, mais je doute qu'une telle vulgarité puissent pousser ces femmes débauchées loin du précipice de la prostitution et de l'infamie. Surveille donc ton langage, mécréant !»

Jovza se renfrogna. Il ne sauterait plus à la gorge de personne, du moins, pour un moment. Quand à son maitre, il prit tranquillement place, salua les présents et entreprit de siroter son thé tout en survolant son journal, pendant que, sur son épaule, un signe dardait toujours un regard assassin sur l'assistance.
Le Michel se tourne vers Nadir et lui parle dans ce qu’il considère comme un murmure.


Et qu'veux-tu qu’ça m’fiche. J’enfreins aucun commandement divin. Donc rien à craindre à moins qu’Immac n'soit un diktat de dom.


Puis son sourire s’accentue comme s’il trouvait la situation particulièrement amusante.
~~Une sensation de déjà-vu ?~~

Etait-ce une tente ? Un rideau de douche ? Un fantôme old-school ? Presque, mais non. Ce qui entra dans la pièce quelque peu après l'intrusion fracassante d'Elkhadar et de son singe de compagnie fut une ample burka full option, de celles qui pourraient cacher un boing 747 sous leurs enrobages et qui enverrait la pudeur elle-même aller se couvrir de honte (et de voiles, sale pute !). Lavage à sec, 100% satin.

Yasmine était une poupée russe arabe, impossible de savoir sous combien de couches exactement se cachait la femme. A quoi ressemblait-elle ? Personne ne le savait mis à part ses maîtres. On la disait belle, on la disait brûlée, on la disait éblouissante, on la disait défigurée ; certains prétendaient avoir aperçu ses chevilles et se vidaient chaque nuit en y pensant, d'autres avaient juré l'avoir surprise en habits d'Eve (cette catin d'exhib') et ce fut leur dernier péché de musulman.
Pour la plupart des anges Yasmine était un mystère, un rubis de foi pure qu'on avait du cacher sous les tissus pour qu'il ne leur brule pas les yeux.

Les yeux : la seule chose que laissait entrevoir son accoutrement, et quel regard mes aïeux, quel regard ! A vous tuer un mouton sur place !
Plus éclatant qu'une tour d'un pays développé.
Plus bouillant qu'un désert durant l'été.
Plus pénétrant qu'on ne voudrait la pénétrer...

Elle entra dans la pièce à petits pas, prostrée, afin de nettoyez la table à laquelle l'Homme s'était installé et lui resservir du thé. Les gestes étaient fluides, simples, gracieux, des gestes répétés des milliers de fois depuis sa plus tendre enfance. "Depuis la Nuit des Temps" diront certains, et à la voir on les croirait sur paroles : tout ça devait être inscrit dans son ADN, comment en aurait-il été autrement ? Son service était beaucoup trop parfait pour qu'il ne lui ait pas été insufflé par Dieu lors de sa conception.

Sa tâche millénaire accomplie, Yasmine salua l'Homme en silence et se plaça debout derrière lui, tête baissée, sourde et muette à tout ce qui se passerait devant elle jusqu'à ce que la voix de son maître se fasse entendre.
Krane regarda sans broncher le singe détruire tous les alcools du bar, son verre y compris.
Il sortit son briquet et un cigarette et commença à jouer avec.


On est censé ne pas s'attaquer les uns, les autres. Mais ca compte si on châtre le singe ? Je suis sûr que ca m'aidera à me détendre et à garder mon calme maintenant que mes chaussures ont bien bu ma bière.

Effectivement, si vous regardez les chaussures de Krane celle-ci sont trempées et recouvertes de mousse. Les restes de la bière que celui-ci avait devant lui quelques minutes plus tôt.

Il se lève s'approche du bout du comptoir et passe le bras pour attraper un torchon avec lequel il nettoie ses chaussures précautionneusement.
Une fois qu'il a fini, il se tourne vers les deux nouveaux arrivant, enfin il ne semble pas plus que cela s'occuper de la femme.


Belle manière de faire connaissance que de détruire ma bière. La prochaine fois que tu viens laisse ton singe à la maison ca évitera de créer des problèmes.
Nadir observe avec curiosité les nouveaux arrivants.

Dans sa tête, plusieurs idées émanent au milieu de l'alcool... Soit il s'agit d'un délire d'une bande de Kobal, ce qui est peu probable, mais possible. Soit il s'agit d'une farce de Dariel, signe qu'il aurait de l'humour et que la victoire finale est proche, ce qui est donc impossible. Il pouvait également s'agir de renégats, se déguisant pour éviter d'être reconnus, mais dans un lieu neutre, cela ne faisait pas sens.

Enfin, la possibilité la plus sensée heurta violemment son esprit, comme une gueule de bois: des musulmans, des vrais! Ainsi, ils existaient, tout comme les sorciers, les loups-garous, Jack l'éventreur, Hermary faisant preuve de gentillesse, euh non pas la dernière possibilité, l'alcool embuait encore ses penseés.

Il lui restait à savoir ce qu'ils foutaient là, déformation professionnelle oblige. C'est pourquoi il se permit un bon gros:


What the fuck are those strange blocks doing here?
"Jovza n'est pas mon singe. C'est un singe."

Aucune émotion ne transpira. Le ton était neutre, déshumanisé, d'une précision robotique de machine désincarnée. Le singe bomba le torse d'un air de suprême dédain, le regard hautain, bouffi d'orgueil et de fierté. Un instant, il sembla à lui seul incarner toute la folie absurde du genre humain. Puis il bailla, et ne fut plus qu'un macaque ordinaire...

L'arabe fit apparaitre deux cigares au format "missile balistique cubain" et en tendit un à son simiesque compère. Quelques secondes plus tard, entouré d'un nuage de lourdes fumées opaques, il daigna enfin répondre à l'interrogation Nadirienne.

"Seul l'impoli jure devant un femme. Surveille donc ton langage, Nazrani. Quand à la raison de notre présence en ces lieux, il n'y en a pas. Nous sommes, et nous serons. Ainsi tourne l'univers, par la volonté d'Allah, le très miséricordieux."
* rire narquois destiné à Elakhdar que la démone avait détaillé de haut en bas*

- "Bien entendu Zapatta, c'est Allah qui veut que tu viennes boire un godet ici, à quand Momo archange Islamiste des bars?"


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