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Comme tu me manques, mon amour...
#1
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#2
Dieu reconnaîtra les siens.

Autre temps, autre lieu, autre époque, autre servante du seigneur, autre conception de la vie.
Même vitesse.

Nyrielle ne pense plus, sur la route des Justes, bercée par le rugissement du moteur et le souffle du vent.
Une flèche qui traverse l’espace dans un hurlement strident.

Le monde est un roc. Et elle aussi, car elle est inébranlable, dans sa foi facile dénuée de questionnement.

A quoi bon l'interrogation?
A quoi bon le tourment?
A quoi bon le doute?

A quoi bon, quand on a dans son cœur la certitude de ceux qui ont la foi véritable? La simple, la vraie, sans code, sans étiquette, sans jugement, sans rites. La foi, et rien d’autre.

Ceux la, ils ne pouvaient connaître la Chute. Et la Servante de Daniel en était, assurément.

Quand je marche dans la vallée de l’Ombre et de la Mort, je ne crains aucun mal.

Mais il y avait les autres. Enfants perdus du Paradis, ou serviteurs du Mal.
Ceux qui avaient des doutes.
Ceux qui s’étaient perdus dans la vallée de l’ombre.

Et l’autre, en particulier. Une pauvre alcolique désoeuvrée qui tirait au Famas sur tout ce qui avait le malheur de bouger pour une quelconque histoire bidon dont le monde se battait les valseuses un soir de grand vent, une chiure de mouche sur l’immaculée conception.

Un grain de sable sur les plages de Paradise Beach.

Mais il fallait s’en occuper.
Et on allait le faire, bien sur, même si il était impossible de déterminer à l’avance la méthode la plus efficace à employer. Les hasards de la destinée, les voies du seigneur, et tout le baratin qui va avec.

Mais Nyrielle ne pouvait pas douter de la justesse de sa mission et de la grâce divine.
Elle n’aurait même pas su.



********************************



Quinze minutes plus tard.

L’eternité en version miniature, sur un terrain vague, une voiture voit son moteur coupé, et son conducteur, un jeune wesh wesh quasi trentenaire, s’en extirper avec calme.
Il se dirige vers un autre homme, qui l’attend dans l’herbe fraîche.
Cet autre homme est peut être bien l’incarnation d’une tueuse désaxée, mais douter de soi, c’est déjà douter de Dieu.

Alors Nyrielle avance. Tout simplement.

« Qu’est ce qui t’as fait douter, au point d’en arriver la, Nag Jash… »

La question s’envole dans les airs.
De la réponse dépend beaucoup de choses. Et si peu pourtant.

Aide toi, le ciel t’aidera.
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#3
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#4
Fronçement de sourçils.
Réflexion.
Re-fronçement de sourçils.

Soupir.

« Une Hécatombe, des caisses carbonisées, des humains morts, Kaboul en occident…

Pour ça. »


Fallait il être soit stupide ou bourré pour faire autant de conneries dans le dos du Seigneur?
Des orphelins perdus, des veuves éplorées, de l’essence et du sang sur le macadam d’Immac, pour un tissu de conneries.

« Tu sais, le Diable à les mains pleines de cadeaux, les yeux pleins d’illusions et la bouche pleine de promesses.
Des montagnes d’or et de pierreries sans valeur, des mets et des vins qui ne nourissent pas et enivrent encore moins, des paradis artificiels…

Mais c’est du vent.
Le démon ne donne jamais rien.

Il souille, et puis c’est tout.
Peu importe vers quelle montagne d’or tes yeux se tournent. Elle n’existe pas, c’est une simple chimère. Tu n’auras rien en accomplissant ses desseins, rien d’autre que le goût amer de la déception.

Moi, je ne t’offre qu’une chose.

La miséricorde.

Estime en bien la valeur, et décide toi.
Tu prends ma main, on part d’ici, et tout s’arrange. Plus de confusion, plus de peines, plus d’incertitude.

Ou tu décides de passer de l’autre coté, et de chuter sans fin, encore et encore, pour un simple caprice du Diable. »


Et une bandes de Cornus feraient la fête dans un coin sombre d’Immac.
Pour un temps, du moins. Ils riraient à gorge déployée, tant qu’ils le pourraient, avant de verser assez de larmes pour remplir une seconde fois les océans.

Amen.
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#5
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#6
Ouais, bien sur. Evidemment, le déni.
Le refuge facile dans le mensonge, coup classique des gens qui sentent qu'ils ont tort, mais qui ont peur de prendre le risque de changer la situation.

Pas vraiment surprenant.

"Ouais, si tu le dis"

Complétement chtarbée, la pauvre.

"J'suppose que tu parles de Keenox.

Tu t'goures. Elle a rien laché du tout. On s'est proposé, que t'aies encore un choix à faire.
En plus, elle voulait même pas ta peau, t'imagines.

Et puis, qui t'as dit qu'on la mélerait à ça? On est des Daniels nous, pas des laurents"


**Baillement**

"Maintenant, tu fais ton choix. J'me les gèle, et j'ai soif. Et j'irais bien m'envoyer une pinte dans notre squat, les fesses au chaud.

Choisis entre la Vérité et le Mensonge, mais choisit vite."


Une pinte gratuite à l'achat de la Vérité, marque déposée de Jesus United Corporation.
Dans les limites du stock disponible.
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#7
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#8
Et ainsi donc elle la suivit.
Heureusement d'ailleurs, car sinon l'histoire se serait certainement terminée là, aux côtés de 5 douilles et d'une batte ensanglantée. C'eut été balot quand même, vous ne seriez pas entrain de lire ces lignes et le Techno Motor Club aurait été obligé de courir après des emmerdeurs en colant.
Elle la suivit, donc.

Jusqu'à une voiture. Et dans la voiture, deux masses : un grand brun ténébreux taillé comme un roc aux côtés d'une sorte de patchwork de tout ce qui se fait de moins joli esthétiquement parlant pour ce qu'on considérera par défaut comme étant une femelle homo sapiens.
Nag-Jash prit naturellement la place du mort et personne ne posa de question durant le voyage qui dura approximativement pas très longtemps.

Puis Nyrielle stoppa la voiture en plein milieu de nulle part et on se mit en marche vers un des lieux les plus sacrés d'Immac, un endroit où technologie rime avec saint esprit et où l'élégance cotoie la spiritualité en chaque pièce du mobilier, un bout de paradis qui se serait écrasé au beau milieu de ce monde démoniaque : le repère secret du Techno Motor Club.


[Image: prairie-cabane-chalet-campagne-champs-371714.jpg]


L'excitation montant avec la perspective de finalement ramener une brebis égarée au sein du troupeau, Nyrielle et Philibert ne purent s'empêcher de faire flasher leur aura.

Daniel les regardait.
Une soeur les suivait.
Et tout irait bien.

TACATACATAC


Aaaah, quel douce sonorité que celle d'un Famas bénit faisant feu dans la plaine.

Euh...merde.
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#9
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#10
Suite à cette interlude digne de la guerre du Golfe, le groupe rentra enfin dans le QG-secret-qu’il-roxxe-a-mort, mélange de grosses pierres, de matos audiovisuels, de canettes de Kanter vide et de quelques chaises.

Nyrielle s’affala sur un canapé qui avait du au moins survivre au Moyen Age, et désigna un siège à Nag Jash en baillant, Philibert fit un tour dehors et Karib…

…allez savoir. Elle avait surement des masses de choses à faire du coté de la cache-à-kanter.

La servante de Daniel bailla une nouvelle fois à s’en décrocher la machoire, puis se tourna vers la folle au Famas.

« Donc, t’es ici pour retrouver foi en toi et dans not’ bon seigneur, qu’a inventé le monde, et les boissons fermentées à base de houblon.

S’plutôt simple, on va… »


Froncement de sourçils pensifs.

« Attends, j’ai failli oublier un truc. Philibert? »

A peine eut elle prononcé le nom du Bikers que l’imposante forme de celui-ci se découpa dans l’encadrement de la porte, une énorme chaine en acier à la main.

Quand à Nag Jash, elle ne broncha pas à la vue de ses futurs liens.
La pétrification, ça a du bon.
Une jolie statue pour la décoration du repaire, un peu kitsch cela dit. Mais ils étaient plus à ça près.

« Attache la au pilier, solidement, j’m’occupe de réunir le matos. »

Et le Techno Motor de se mettre au turbin.
Ca allait siffler en travaillant.
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