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On peut vraiment pas lui en vouloir...
#1
Bon les mecs, faut arrêter de déconner ! Comme ils en ont marre des bavures, les Domeux nous ont pondu un nouveau règlement. On arrête de râler et on écoute, bordel ! Maintenant, à chaque fois que vous ferez une bavure, y'aura rapport en trois exemplaires et si vous accumulez trois rapports, ce sera un blâme. Et vous savez déjà que deux blâmes, c'est une perte de grade directe !
...
Quoi, qu'est-ce qu'il a, à se marrer, celui-là ?
C'est Raoul, chef...
Et alors ?
Raoul, il s'en fout : il est pas gradé...




Daniel n'avait jamais été grand mais ça l'avait jamais empêché de gueuler aussi fort que les autres, voire plus. Ce matin-là, il en avait plein le cul. Le Conseil venait de s'achever dans une jolie série d'engueulades. Toujours ce gros connard de Dominique qui pouvait pas l'encadrer. Et Laurent qu'arrêtait pas de le chambrer sur les purges qu'il avait du faire dans ses propres rangs après l'affaire "Terre Creuse". Et Joseph qui insistait encore pour mener de nouvelles enquêtes et provoquer de nouvelles purges, envoyer d'autres anges en rééducation pour le prochain millénaire, et blablabla... N'importe quoi ! Les mecs qui restaient c'était des purs, des durs, des tatoués. Pas des fiottes en tous cas et c'était ça le principal. Pas des bruns non plus, les affectionnados du p'tit colérique à moustache, Daniel avait jamais pu les pifrer. Au moins, c'en était fini de tous ces fachos qui ne comprenaient rien à rien au vrai mouvement skin. Et ça, au moins, ça lui faisait plaisir.

Daniel s'installa derrière son bureau en virant d'un coup de dock bien placée une pile de feuillets dactylographiés et estampillés "urgent". Il appela Gigi, sa secrétaire, une jolie bombe aux cheveux roux super courts mais qui savait montrer qu'elle était mignonne, même en jean, bretelles et rangers. Le tee-shirt moulant devait y être pour quelque chose...

"- Quoi de neuf ?

- Ben tout le bordel habituel, patron. Rien de bien nouveau. Ah si on a encore eu un problème avec l'ange Raoul."

Daniel fronça les sourcils. Ce nom-là, ça lui disait quelque chose. Mais quoi ? Impossible de mettre le doigt dessus. Il lança à Gigi son regard le plus bovin. Elle savait, elle. Dieu seul savait comment elle faisait mais elle savait toujours tout ce qu'il y avait à savoir sur les dossiers qu'elle lui apportait. Daniel la soupçonnait de rencarder parfois ses anciens potes de chez Dominique pour qui elle bossait avant de venir chez lui mais quand la demande de transfert était arrivée sur son bureau (et à cette époque-là c'était un sacré foutoir) il s'en était pissé dessus de rire. Une bonne occasion d'emmerder le vieux con. Il n'avait pas hésité une seconde. Il avait eu le nez creux : Gigi était devenue une pièce maîtresse de l'organisation angélique chez Daniel. Elle était montée en grade super vite mais comme ça, les gros boeufs évitaient de trop baver en attendant devant son bureau. Faut dire qu'elle avait le coup de tatanne rapide, Gigi. Et si ça suffisait pas, elle savait faire pleuvoir les limitations. Daniel lui faisait confiance, il était toujours ok quand elle en demandait une pour un quelconque pénible. Merde, elle avait déjà commencé à causer et lui, il avait perdu le fil.

"- Et donc, on l'avait mis au placard à surveiller les églises du Larzac, histoire de laisser le temps aux choses de s'apaiser. Si vous vous souvenez bien patron, comme il était quand même de grade 2, on avait décidé de pas le rappeler malgré la bourde. Bref on pensait que ça serait tranquille mais y'a eu ce problème avec le grade 3 de chez Emmanuel qui avait récupéré un capitaine renégat de Baal avec l'aide des jumeaux, vous savez les deux serviteurs de l'Epée que Laurent utilise souvent pour faire son sale boulot, bref ces gars-là voulaient l'interroger avant de lui éclater définitivement la tronche. Ben ils se sont ramenés dans l'église d'un petit bled nommé Boussoul, dans le Larzac justement."

Voilà ça y est, ça lui revenait. Ce con de Raoul avait décidé que la défense des lieux saints ça se faisait sérieusement et ça, on pouvait pas le lui reprocher. Alors il avait fait appel à des vieux potes pour se fournir en mines claymore et en télécommandes histoire qu'en cas de problèmes, il y ait du répondant et ça, Daniel trouvait que c'était normal, quoique peut être un peu excessif. Il avait commencé à mettre systématiquement en place un système de défense télécommandé dans un périmètre de soixante mètres autour de chaque église et lieu saint de sa zone et ça, on pouvait pas non plus vraiment le lui reprocher. Un truc bien carré, aucune chance que les caves s'explosent avec en allant à la messe du dimanche. Mais forcément, en voyant quatre types avancer vers son église (ces cons avaient justement choisi celle où il s'était installé) dont un avec un fusil d'assaut en main, un autre avec une paire de cornes et une langue barbelée et les deux derniers avec une carapace de pierre, il avait cru à une attaque en règle. Et on pouvait pas vraiment lui en vouloir. Alors il y avait été franco, Raoul. Et le pire c'est que Dieu lui avait filé un petit coup de pouce : les mines claymore avaient fait voler en morceaux le grade 3 et un des deux jumeaux. L'autre était tellement furieux qu'il avait même pas pensé à activer son aura. Du coup, il s'était mangé direct un coup de dock bénie dans la face et il avait très vite rejoint son frérot. Normal en somme. C'est vrai que Raoul avait eu un petit temps d'arrêt quand il vit que le cornu avait les mains attachées dans le dos mais comme l'autre con lui a balancé un gros jet de flammes dans la face, il a fait ce qu'on lui avait apprit à faire : il a arrêté de réflechir et il a cogné. Il a fait éclater sa petite gueule de tafiole au renégat et là encore, impossible de lui en vouloir. Mais voilà, toute l'affaire avait fait beaucoup de bruits là-haut. Emmanuel était furieux, Laurent pareil. Dominique trouvait ça lamentable rapport au principe de Discrétion, tout ça. Il avait fallut rappeler Raoul, le dégrader et le coller au placard pour avoir la paix. Impossible de lui dire ce qu'il avait fait comme connerie mais il avait accepté ça quand même, histoire de pas foutre la merde dans les rangs. Un brave gars. Ou peut être qu'il avait rien compris à l'affaire en fait.

"- Ok bon, qu'est-ce qu'il a fait ?

- Ben avec le problème Terre Creuse, on a du envoyer des troupes pour foutre une pile aux renégats.

- Laisse-moi finir, Raoul a été envoyé aussi et il y a encore eu un problème.

- Oui mais bon, impossible...

- De lui en vouloir, je sais. C'est toujours comme ça, avec lui. Bon, qu'est-ce qui s'est passé ?

- Ils étaient toute une équipe basée à Paris, ils traquaient une bande de renégats dans les catacombes qui trafiquaient avec des cornus de chez Bifrons. Forcément, quand ils les ont retrouvés, ça a bastonné grave. Nos gars étaient à un contre huit, sans compter les zombies. Du coup, ben ils s'en sont pris plein la gueule. Mais comme Raoul avait pas l'intention de laisser s'en tirer les salauds et qu'il est moins con qu'il en a l'air, il avait embarqué une ceinture d'explosifs. Quand il a vu que c'était foutu, il s'est fait sauter le caisson pour emporter le plus d'enfoirés avec lui.

- Joli ! Et ça a marché ?

- Mieux que ça, patron. Y'a eu une intervention divine. Du coup les renégats et les cornus ont été vaporisés alors que Raoul, lui, il a pas pris une égratignure...

- Super ! Je vois vraiment pas ce qu'on pourrait lui reprocher, cette fois. Où est le problème, Gigi ?

- Ils se trouvaient juste en dessous du métro et la galerie n'a pas trop aimé l'explosion de seize kilos de C-4 dans un milieu très confiné. Du coup, ben ça s'est écroulé...

- C'est pas vraiment sa faute, là.

- Je sais patron et on aurait peut être pu étouffer l'affaire avec l'aide des gars de chez Jean et leurs super pelleteuses qui font le rebouchage super vite. Mais y'avait des gens dans le métro. C'était l'heure d'affluence et les quais étaient blindés. Des centaines de témoins. Du coup, les Domeux hurlent au non-respect du principe de discrétion.

- Merde, ils me font bien marrer ces cons. C'est quand même pas sa faute si les renégats se balladent à dix-huit heures plutôt qu'à minuit. Et puis les services de la pouf sont là pour gérer ce genre de problème, non ?

- Tout à fait patron, les anges de Blandine ont été mobilisés histoire de régler le problème. Mais ça a été plus difficile que prévu.

- Comment ça ?

- Ben la chûte du plafond, ça l'a pas tué ce bourrin de Raoul. Du coup il a commencé à s'extraire des gravats devant tous les témoins en beuglant comme un âne, probable qu'il était tout content d'avoir niqué les cornus et les renégats.

- Ah ouais laisse-moi deviner : ça a pas plu du tout aux domeux question discrétion ni aux gars de la pouf parce que c'est le genre de trucs qui marque les mémoires et qui est beaucoup plus dur à effacer qu'un écroulement qu'on peut facilement faire passer pour un accident ?

- C'est exactement ça, patron. En plus, Joseph dit que si ça se trouve, il était de mèche avec les renégats et qu'il a tout fait péter pour couvrir leurs traces. Du coup, ben ça gueule..."

Daniel observa le dossier que Gigi avait posé sur son bureau. Il était épais. On pouvait pas lui reprocher grand chose à ce gros con de Raoul. Pas de sa faute s'il avait survécu après que Dieu lui-même se soit penché sur son cas, quand même... Mais ça allait être dur de calmer le jeu, ça c'était clair.

"- Bon et ensuite ?

- Ben il a été chopé par les gars de Laurent et mis au secret. Un peu dur comme traitement, à mon avis..."

Daniel tiqua. Gigi n'avait pas fini, c'était clair. Y'avait encore un problème. Bon, tant qu'à faire, autant y aller à fond. Il lui fit signe de continuer. Elle hésita une seconde et lâcha finalement le morceau. Vu la tronche qu'elle faisait, elle l'aimait bien, ce Raoul. Et il devait être encore plus dans la mouise, si c'était possible.

"- Ben voilà patron. Dès le lendemain le coordinateur des forces de Dominique à Paris, accessoirement gouverneur de Notre-Dame, eut le dossier entre ses mains et il décida d'aller voir lui-même. D'après ce que j'ai entendu dire, les gars de Joseph avaient torturé Raoul toute la nuit pour lui faire cracher qu'il était complice des renégats mais il avait tenu bon. Le Domeux s'est foutu de sa gueule et là, apparemment Raoul a vu rouge.

- Ouais normal. Moi à sa place, je leur aurais déjà défoncé la rate, à ces enfoirés.

- Il était attaché patron. Mais il lui a quand même balancé un bon coup de boule, histoire de lui montrer qu'il était pas une fiotte qui se pisse dessus en voyant un Domeux un peu plus gros que les autres. Et on peut pas vraiment...

- Lui en vouloir, ouais ça va Gigi, je commence à connaître la chanson. Et après ? Le domeux a été pleurer sa mère qu'il s'était pris un gnon ?

- Ben en fait, il a été pleurer direct auprès de Dominique vu que Dieu a encore donné un petit coup de pouce à Raoul. Résultat, le coup de boule a fracassé le crâne du Domeux qui s'est retrouvé direct au Paradis. Et comme il a des relations, je crois que ça va chier..."

Daniel se massa les tempes, se demandant comment un seul gars pouvait avoir autant le don de se foutre dans la merde. La purge n'était pas encore complètement finie et s'il voulait éviter qu'on confie à Joseph le soin d'enquêter sur les supects, il fallait que la réputation de ses troupes reste impeccable. Y'avait pas grand chose à faire, à part sacquer un brave gars pas très malin à qui on pouvait pas vraiment reprocher grand chose. Vraiment pas de bol...

"- Alors qu'est-ce qu'on fait patron ?

- Y'a pas trente-six solutions Gigi. Tu me prépares un dossier de dégradation, on le renvoit au grade zéro. On lui évite la limitation en lui retirant quelques pouvoirs. Ouais, encore. Tiens, on va lui retirer ses connaissances en maniement d'explosifs, c'est pas un service à lui rendre que de lui laisser ça. Faut lui trouver un placard, si on le garde ici, il est encore capable de trouver un moyen de s'attirer des ennuis."

Daniel observa sa secrétaire. Visiblement, elle était pas contente et lui non plus, ça lui plaisait pas de devoir faire ça. Y'avait comme un arrière-gout de merde dans cette histoire et il aimait franchement pas ça. C'était pas bon pour son humeur. Puis il eut une idée. Une bien méchante, comme ça lui arrive parfois.

"- Dit Gigi, on a trouvé personne, encore, pour cette demande des services de Dominique ? tu sais ce bled perdu, là...

- Immac sur Sable, patron ?

- Ouais exactement. C'est bien là-bas qu'ils ont un taux de plop hallucinant, non ?

- Ouais patron. C'est super louche cette affaire mais Yves et Dominique veulent rien dire et mes contacts dans leurs services savent rien. Dans le dossier, y'a marqué qu'ils ont besoin de mettre en place un service de défense de l'église locale. Discret et efficace, comme d'hab' quoi. Faut un spécialiste, au moins un grade 2 mais ils sont tous occupés pour le moment."

Daniel ricana.

"- On va leur envoyer Raoul. Il a déjà fait ce genre de boulot et ça va lui faire plaisir de fracasser quelques crânes de cornus. Bon, vu qu'il sera dégradé, ça va être la ramasse mais il va s'en sortir, ce bourrin, c'est sûr. Et puis ça va foutre en rogne les Domeux. Il va leur filer des migraines, ils vont en pleurer leur mère...

- Ok patron. Je mets quoi comme nom de code ?

-Raoul111. Je crois que ça tout à fait approprié."

Daniel et Gigi partirent d'un grand éclat de rire. Finalement, la journée se passa bien et le Conseil trouva admirable la bonne volonté de Daniel qui sanctionna son serviteur avant même qu'on le lui demande, contrairement à ses habitudes. Tout le monde était content là-haut, mais ce qui était sûr, c'est qu'en bas, ça allait pas durer...
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#2
Qu'est-ce qui est blanc, froid, qui fait mal aux dents et qui finit par "rd" ?
- Je sais pô...
-De la neige, connard !


Raoul marchait dans la rue. Et il était trop content. Daniel s'était pas foutu de lui avec cette incarnation. Deux mètres au garrot, 125 kilos de barbaque bien massive arrosée à la bière, 3mm de poils sur le caillou, tout ce qu'il faut comme il faut là où il faut. Raoul embrassa la batte de base ball quil venait de s'offrir avec le fric que ce type un peu bizarre lui avait filé quand il avait livré des bibles à l'école Laglue. Pas qu'il avait à y redire, être payé pour prendre un colis de 20 kilos à l'église, marcher sur 350 mètres avant de le poser et recevoir des biftons pour ça, aucun problème ! Il comprenait juste pas trop le pourquoi du comment... Enfin bon, c'est pas comme si c'était la première qu'il comprenait pas vraiment le pourquoi du comment d'une mission...

Et puis d'un coup, BOUM!, c'est un peu comme s'il était entré dans une espèce de mur blanc, comme du fromage blanc trempé dans de l'azote liquide... Impossible d'avancer, de bouger même, comme s'il avait été paralysé et aucune cause apparente. Aucun signe d'une activité quelconque autour de lui, là ça sentait grave le plan galère...

"- Mangez des kiwis ! "

Quoi ? C'était qui ça ? Mais bordel c'est QUOI CE BIN'S !?!
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#3
-Qu'est-ce qui tombe des nuages, qu'on trouve en haut des montagnes et qui finit par "ire" ?
- Heu...
- Putain mais t'es con ou quoi ? De la neige, je viens d'te l'dire !

Soudain, plus de blanc. Massant ses avant-bras pour faire disparaître un odieux fourmillement, Raoul regarda à droite et à gauche, histoire de savoir où il était. Apparemment, dans l'église. Il était revenu à son point de départ et quelqu'un lui avait fauché sa thune. Passablement énervé, il hésitait sur la conduite à tenir. Défendre l'église ? contre qui, avec qui et quels moyens ? Refaire le coup du colis ? Si c'était pour le même résultat, pas vraiment d'intérêt...

"- Bon, va falloir assurer, là..."

Faisant craquer les jointures de ses phalanges, il commença à marcher vers la sortie. Soudain, il sentit une résistance. Une fille plutôt bien roulée quoiqu'un peu menue était en train de ramper sur le sol. Ele avait attrapé sa rangers droite sans même demander l'autorisation avant. Sa jupe asymétrique remontait sur le haut de ses cuisses sous l'effet de sa reptation et son corsage offrait une vue magnifique sur l'une des plus belle paire de...

"-Reprends-toi Raoul, reprends-toi ! T'es pas une mission mais c'est pas une raison pour baver comme ça. tu la connais même pas, c'te pétasse !

- Aidez-moi... soignez-moi..."

Raoul fronça les sourcils et dégagea son pied avant d'enjamber le corps de la fille. Manifestement, elle était de la maison mais Raoul se demandait bien comment elle avait bu abîmer ainsi son incarnation DANS une église... Il se retourna un instant et se pencha légèrement vers elle.

"-Un s'il te plait, ça t'écorcherait la gueule ?"

Montrant son front, il grimaça un sourire.

"- J'ai l'air d'une bonne poire ? Y'a pas marqué Saint Pierre, là ! C'est pas vrai ça, merde la politesse c'est quand même une vertu. Faudrait voir à pas chier dans les bottes des collègues, bordel..."

Fier de sa tirade qu'il estimait nette et sans réplique possible, il se redressa et repris sa route vers la lumière. Enfin vers la lumière de dehors parce que bon, elle était sympa c't'église mais c'était pas lui le taulier et il aimait pas trop squatter le territoire des collègues.
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#4
Qui est-ce qui est habillé en blanc, qui est vieux, con et carrément pète-couilles ?
- Heu... je sais pas...
- Cette fois je te laisse trouver tout seul !


Alors qu'il s'éloignait, Raoul entendit de nouveau la voix de la fille qui se relevait péniblement. Elle venait de lui demander son nom. Apparemment, il ou elle (vu que pour un incarné ça n'avait pas vraiment une grande importance) se croyait en mesure de lui donner des ordres. Pourquoi pas demander aux tapettes de chez Laurent d'aller faire la circulation devant les écoles maternelles non plus ? Raoul se retourna vers l'ange et lui fit un grand sourire. Ce dernier réitéra sa question. Raoul réflechit un instant et répliqua : " JE SUIS TON PERE ! ! ! KSSSSCCHHHHHHHH RROOSSSSSSSSSHHHHHHH ! ! !"

Raoul partit alors d'un énorme éclat de rire, plié en deux. Il n'en pouvait plus, il s'étouffait. Son vis à vis, par contre, ne semblait pas trouver la plaisanterie à son goût. Il affirma d'un ton qui se voulait péremptoire : "Tu parles à un agent de Dominique, tu me dois le respect, plus qu'à un autre, sinon, je te jure que je te collerais tellement aux basques que tu pourra pas chier de travers sans que tu ais une amende! Sur ce, je m'en vais te coller un rapport au fesses!"

Raoul éclata de nouveau de rire. Impossible de s'arrêter alors il reprit sa route. Il avait une mission à remplir et il ne pouvait pas prendre de retard. Les domeux ne changeraient jamais et quelque part c'était rassurant. Raoul avait toujours eu le don pour s'attirer des ennuis avec eux. Et ça non plus ça ne changeait pas. Progressivement, il se calma et put reprendre son souffle. Laissant l'ange de Dominique fulminer derrière lui, il reprit sa route, d'un pas plus léger qu'auparavant.
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#5
Daniel venait de finir son pliage. On voyait encore en partie le tampon à l'encre rouge indiquant "services de Dominique - top secret" qui ornait l'en-tête du dossier dont il avait arraché la première page. ils étaient bien, les dossiers de rapport de chez Dominique parce qu'ils amidonnaient légèrement les feuillets, ce qui leur donnait une rigidité très agréable et surtout très pratique. Se calant un peu mieux dans son fauteuil, les pieds posés sur une pile de dossiers marqués "urgent", il visa soigneusement la porte et lança son avion.

On frappa et la porte s'ouvrit au moment où l'avion allait frapper la cible à flèchettes clouée dessus et le skinhead qui entra se le prit en plein front. Un peu hésitant sur la conduite à tenir après cet accueil et lisant lui aussi aisément "services de Dom" puis "p-secret" sur l'objet du délit, il resta là, sans rien dire, attendant que l'archange réagisse. Celui-ci ne tarda pas à prendre l'initiative du dialogue.

"- Mais bordel qu'est-ce que tu me veux encore ? T'arrête pas de me déranger, c'est quoi ton problème ?"

Décidement, il regrettait Gigi. Paraitraît qu'elle manquait un chouilla d'organisation alors elle avait demandé à faire un stage de trois semaines chez Didier et c'est ce jeune emrdeux qui l'avait remplacé. Pas méchant le gars, mais carrement pas dégourdi. Là ou Gigi faisait tout le boulot elle-même, ne dérangeant Daniel que pour les trucs vraiment importants, lui n'arrêtait pas de toquer à sa porte en lui soumettant des tonnes de formulaires et soumettant toute décision à son approbation personnelle. Comme si Daniel en avait quelque chose à carrer du nombre de battes de base ball pétées sur des crânes de zombies dans les catacombes ou des notes de frais de la cafétéria de Notre Dame... Enfin il lança quand même un oeil interrogateur au jeune ange...

"- Voilà seigneur, y'a un truc louche là, on a une cinquième attribution de corps pour le même ange en moins de six mois. C'est vachement plus que dans tous les cas que j'ai géré jusqu'à présent.
- Nom, grade et lieu d'exercice ?
- Raoul, grade 0, Immac sur Sable en France."

Là il commençait carrement à lui casser les burnes, ce p'tit con. Daniel sentait la température monter entre ses oreilles et il fit un effort énorme pour se concentrer. Calme... rester calme... Au bout d'une longue minute qui avait du paraître encore plus longue au stagiaire, il émit quelques gargouillis, expulsa un rot sonore historie de se remettre dans les rails et annonça la couleur.

"- Ecoute bonhomme, tu sais rien de ce gars, tu sais rien de l'endroit où il bosse alors vient pas m'emmerder. C'est quoi les causes de la mort ?
- Tué par un ange de Michel en mission, apparemment une bavure, tué en mission par un gradé de Baal, projeté dans le temps alors qu'il achevait une mission sur le parvins d'une église, tué par un baalite lors d'une reconnaissance d'un quartier investi par les démons et enfin tué par deux gradés de Baal devant un hôpital.
- Et ben au moins il chôme pas. Tu lâche l'affaire et tu transmets aux services concernés."

Un peu étonné quand même, le stagiaire ne dit rien, sort et referme précautionneusement la porte.
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#6
Pfouuuuu... respire un bon coup.... pfouuuu.... cette fois c'est vraiment un truc important... pfouuuu.... le patron il va te féliciter pour le coup....pfouuu....

Et le stagiaire secrétaire de Daniel, prenant son courage à deux mains, passa la porte et se prit la balle rebondissante avec laquelle son boss s'amusait en plein milieux du front.


Daniel soupira, exaspéré. Gentil le p'tit gars, mais nul comme c'est pas permis. Gigi, une fois revenue de son stage, s'était mise en tête de former quelques anges de Daniel aux arcanes de la paperasse et de l'administration. Du coup elle avait insisté pour que le jeunot continue à faire la secrétaire pour lui, à son grand dam. Aucun sens des priorité vous dis-je...

Après un blanc gené, le stagiaire ouvrit la bouche


"Patron, cette fois j'ai un vrai truc bizarre !
- uhm ?
- Encore à Immac !
- uhm ?
- Ben figurez vous que j'pense que y'a un problème la bas
- ...
- Déja on a une angèle qui est passée rénégat, mais bon c'tait un transfuge de chez Michel alors ca compte pas
- ...
- Mais par contre, là j'ai reçu un message de l'administration sur place avec les performances de nos gars !
- ...
- Et ben leur chef là bas, des anges de chez nous j'veux dire, il en fout pas une ! Il a tué genre deux démons à tout casser !
- *baillement*
- En fait il paraît qu'il passe son temps à faire de la PAPERASSE ! Du genre il gère des stages, il bosse dans une section, il organise des trucs et tout ! Genre c'est un Didier quoi ! Moi j'dis y'a aiguille sous roche ! Faut prendre des sanctions nan ? 'fin c'est vous l'patron, patron."


C'est à ce moment là que Daniel avait décidé de transformer le jeune stagiaire en balle de baseball pour les 50 millénaires à venir.

"... j'plaisante pas ! Regardez là, c'est tout propre, des genre de trucs dessinés et tout, avec plusieurs couleurs ! Ahahahah, et là on dirait un fromage chelou style camembert, vous trouvez pas ?"


Attends une minute... mais... mais oui !

"... alors vous allez décider quoi ? Limitation ? Vous allez le virer ?
- C'est quoi son nom ?
- Joe, Joe Boulder
- Très bien alors tu vas contacter ce Joe Boulder, tu lui dit de se présenter ici genre euh *jettant un coup d'oeil vers un calendrier sale, vivement colorié et grêlé d'impacts de fléchettes* genre dès qu'il peut.
- Wooo vous vous en chargez personellement ? Le pauvre ...
- Ah et oui. T'es viré. Barre toi de mon bureau maintenant, et EN VITESSE !"
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