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La petite évasion
#1
Jacqueline Canut se réveille, des souvenirs brumeux remplissent son cerveau.

Un port subitement en flammes, des gens en uniforme qui se jettent sur elle pour la matraquer alors qu’elle essayait de se tirer de ce piège enflammé.
Premier trou noir. Premier réveil dans une cellule sombre, entourée de gens balafrés et à l’allure peu engageante, habillée d’une tunique noire et blanche à l’américaine (de très basse classe et de très mauvais gout, évidemment). Partout, elle ne voit que du noir, du blanc et parfois du gris, un peu comme un téléviseur mal réglé ou suffisamment vieux pour se retrouver à la casse. Rien d’engageant… On a dû la mettre ici parce qu’on la suspecte d’avoir participé à l’incendie des quais, alors qu’elle ne faisait que découvrir cette nouvelle ville. Avoir les yeux bridés, ça n’aide pas à se faire des amis.
Elle fait le tour de la cellule commune pendant quelques jours, tournant comme d’autres prisonniers apathiques, essayant de trouver un moyen de faire quelque chose, vivre. Le pire, c’est cette conscience aigüe du temps qui passe, perdu pour le temps de son existence et pour son camp. Un soir, un autre homme en uniforme se tient devant elle, un sourire pervers sur la figure et une matraque à la main. Elle a le temps de distinguer des formes allongées par terre avant de sombrer dans l’inconscience, avec une drôle de phrase dans la tête.


- « Les règles ont changées. »

Deuxième trou noir. Ce coup-ci, la cellule est plus grande, mais avec un peu plus de couleur : la plupart des prisonniers sont nus, des vêtements sont dispersés sur le sol. Elle même est nue, avec la tunique noir et blanche à côté d’elle. Quelqu’un les lui avait jeté à la figure en même temps que quelques paroles rapides et acerbes où il lui était signifié qu’elle pouvait dire adieu à ses affaires. Elle se lève dans le mélange désordonné, entre les corps allongés ou occupés à ne rien faire et les tissus bicolores, portés ou non. Un rêve du Glandeur en chef ?
Peu importe, cette inactivité lui pèse, un peu de remise en ordre lui ferait le plus grand bien. Quoi qu’en pense le maitre des lieux, elle a besoin d’air, en savoir toujours plus sur le monde qui l’entoure avant de déterminer ses prochaines actions.
Avec des gestes mesurés, elle se lève, ignore superbement les vêtements jetés à terre, fait un rapide tour de la cellule dont les occupants sont tout aussi apathiques que les anciens, visualise une ouverture gardée, se place dans un coin et disparait brutalement de la vision de ceux qui l’environnent. Un petit hoquet de stupeur lui signale que son retrait visuel a été remarque par au moins un de ses voisins, un peu plus alerte que les autres. Peu importe, il ne parlera pas. Armée d’une nouvelle volonté, elle se dirige directement vers la sortie toute proche, passant entre le mur et le gardien comme un courant d’air léger, en profitant de sa faible corpulence. Une fois passé cet obstacle, elle court dans le couloir, ne s’arrêtant qu’une fois arrivée à un angle, son invisibilité commençant à s’estamper. Elle reprend son souffle, réitère sa disparition. Ce coup-ci, c’est vers les bureaux qu’elle se dirige. Elle espère simplement que personne n’a remarqué ses tours de passe-passe et qu’elle n’est pas coincée dans un dédale moderne. Pas le temps de rire, le Grand Jeu l’attend…
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