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Les jeux sont faits
#1
Avant Immac, bribes

Sept se faisait chier. Son chef le convoquait toujours à des endroits pas possibles. Au coeur des cités, le truc où il pouvait pas ramener sa caisse... Non, pas là bas. Du coup, il allait se taper le TER, le rêve ! Un démon, victime d'une invention démoniaque...

Objectif primaire de l'opération : atteindre la Gare du Nord ! Objectif secondaire : trouver une place pas trop crade pour passer le temps. RER A. suivez la ligne bleue.

Sept frissona soudain... Il ne pouvait pas s'en empêcher, à chaque fois ça lui faisait ça. Station "St Michel-Notre Dame" ! Plutôt s'enfiler cul-sec une bouteille d'eau bénite que de devoir descendre là. Apres d'interminables secondes, le train daigna se remuer un peu et partit de l'avant.

Et voilà qu'en face de lui s'installe un type. Le genre gagneur ! Le type qu'on sentait sorti d'HEC, la coupe brosse, la belle cravate, le pda connecté à la bourse. Le pigeon préféré de Sept. Alors, pourquoi pas ? Pour passer le temps ? Pas perdre la main ? Il engage la conversation. Sympa ce modèle, hein ? Mais le W950 est pas mal non plus, plus de mémoires et surtout les cours de la bourse asiatique. Bien sûr, c'est là que ça se joue. Tout à fait. du pognon à se faire ? Moi, 3 briques, l'an dernier rien que sur le sucre.

En 5 minutes, le type était ferré. Ca tombait bien, on approchait de gare du nord. C'était un crac en informatique, il bossait dans une banque connue, il avait acces à l'interface de placement en direct. Il ne restait plus qu'à tirer sur la ligne.

Sept se releva lorsque les portes s'ouvrirent et, pris par la secousse, se pencha sur le type. Il lui murmura alors : "Envie de faire sauter la banque ? Pas cap' de jouer 4 milliards sur la baisse du prix du pétrole".


Toute ressemblance avec des faits réels ne seraient qu'une putain de grosse coïncidence bien sûr
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#2
Avant Immac, Bribes II

Comment être rétrogradé grade 0 en 10 leçons. 7 se rappelait tres bien de chaque détail...

C'était une belle journée d'octobre, du genre qui te caille les fesses et te rougit le nez, mais dans le casino, le chauffage était poussé à 28, histoire que les clients se remettent un coup de gnole de temps en temps.

Sept, installé dans son fauteuil en cuir de directeur du casino, les mains derrière la tête, relax. Devant lui, un flambeur banal. Une routine.

Le type tremblait de tous ses membres. Un père de famille sur le tard, ex-dragueur. C'était banko. Tous les ingrédients réunis : train de vie de célibataire, pension de l'ex-femme, la crise de la quarantaine. Là, il le regardait d'un air implorant.

_ Mais je vous connais ! Je sais qui vous êtes ! Le frère de mon voisin a sa copine qui lui a parlé, lorsqu'elle était bourrée... Elle lui a dit que vous êtiez une sorte de ... euh...

_ Démon ?

_ Ah, je le savais ! Je le savais (une joie intense rayonnait sur le visage, suite à cette confession synonyme d'espoir pour cet homme).

_ Et alors ? Tu attends quoi ? Que je t'efface l'ardoise ? Bon gars, tu ne sais pas jouer. Les couillons comme toi qui split une paire de 10 alors qu'en face la banque a un as, tu sais combien j'en vois passer dans la salle de jeu par jour ?Et ça double sur un 9 sans même regarder ce que le croupier a... Résultat : 1 million. Pas de francs mon gars. Ni de ces dollars à la con qui chutent comme une bite toute molle apres un gang bang. Des euros ! Mille briques ? Dis moi juste que tu les as ?

_ Attendez ! Vous êtes pas sensé me proposer un contrat, quelque chose ?

(Sept fit mine de réflechir. Pour le fun).

_ Et quoi donc ? Ton âme, par exemple ? Et tu signerais avec ton sang ? Puis le contrat disparaitrait c'est ça ?

Le type s'efforçait de garder son calme mais il avait l'air prêt de s'effondrer. Les rumeurs sur ceux qui ne payaient pas lui étaient connues et ce n'était pas le genre de type à endurer des souffrances en série. Il fit un oui énergique de la tête.

Sept se permit un petit sourire sardonique. Il prit un temps de nouveau.

_ Mais elle vaut rien ton âme, mon coco ! Que dalle, neuch, nada, rien ! Bon, je vais appeler mes garde, qu'on en finisse tout de suite, ce sera plus simple...

Le type s'aggripa au costard de 7, l'implorant de nouveau.

_ Bon, y'a de quoi faire, quand même, reprit 7. Ton âme, j'en veux pas, elle est toute pourrie déjà. Par contre t'avais pas une porche en venant ?

Que lui dire ? Lui, il appartenait déjà à Asmodée, il ne s'en rendait même pas compte. Alors bon en attendant, on n'allait pas cracher sur une belle voiture, si ?

Comment savoir que le type allait avoir une révélation 2 jours apres ? Qu'il finirait moine et qu'on parlerait de lui comme d'un saint ? Foutus humains... Trop versatiles. De vraies saletés...
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#3
Avant Immac, Final

Aces se tenait devant moi, tout souriant, ces dents en or brillantes, ces bagues à chaque doigt quand il me serra la poigne d'un air de membre de gang. Avec Aces, c'était l'incarnation qui s'adaptait tant bien que mal au personnage, pas l'inverse. Il était revenu des States, comme il disait, pour notre grand rendez-vous. Notre concours.

Un vrai pote, Aces. On s'était connu au centre de formation d'Asmodée. Faut imaginer un casino géant où on passerait 2 semaines sans dormir, quasiment, avec à chaque mise quelqu'un pour vous fouetter ou vous faire une petite gatterie, selon. Le jeu, jusqu'à la nausée. A la fin de la formation, il avait été muté outre-atlantique ; moi j'étais resté au royaume. Je repris la conversation, banalement :

_ Alors ça fait quoi ? 10, 20 ans ? Foutu Kronos, hein ?

_ Yeah ! Mais ça a passé vite. Hé, man, j'ai level up, tu vois ! (petit flash d'aura... Bordel, il était passé grade 2 le con ! Le concours s'annonçait mal).

_ Quelques bons coups, de la chance, reprit Aces.

_ C'est ça. Tu vas me faire, à moi, le coup de la chance, tiens ! Bon, allez, ça va, crache ton morceau, on commence !

Le concours était tres simple. Chacun raconte ses 2 meilleurs paris stupides. Le meilleur, le plus réussi, gagne ! Pas des tunes, des femmes, mais entre Aces et moi, tout était dans la reconnaissance de l'autre. Ca n'avait pas de valeur, comme ils disaient dans la pub. L'amerloc' attaqua le premier :

_ Ok, dude. Ecoute-ça. J'étais en planque dans un des ses campus américains ; un vrai essaim à conservateurs, bien avant que le concept même de think tank soit créé ! Fallait faire gaffe, y'avait des soldats de Dieu partout et même un des prof devait être à plumes.
Et là, la chance : bibliothèque, livre qui tombe par hasard, je ramasse. J'ai en face de moi G. W. Bush, le Bush junior, encore étudiant et faisant semblant pour quelques semaines d'étudier en attendant son tour. Je me tape la discut' avec lui. Un grand fan de son père tout ça, tout ça. Il m'invit' à boire. On parle politique. Son père venait juste de commencer à bombarder l'Irak. Et là je lui dis. "Je parie man que tu pourrais faire encore mieux que ton père !" Avec la volonté de ce type, le pouvoir est passé comme un hymnen qui se déchire.

Je siffle, admiratif. Un beau coup. Mais ce salaud d'Aces n'avait pas fini.

_ C'est là que j'ai compris ma vocation ! Fallait que je me spécialise dans la politique. Les élections, le jeu, c'est pareil. Y'a des règles, des proba, un gagnant et un perdant, et surtout, comme pour un jeu, tu peux tricher. (il me fait un clin d'oeil). J'ai eu des bons coups pendant ces 20 dernières années, mais ma dernière fierté, c'est pas grand chose, mais however, je suis assez content de ma petite plaisanterie...
Là Aces se raidit, l'air d'avoir un balai dans le cul. Il gonfle le torse et me fait "I'll be back !".

_ Non, Schwarzy gouverneur de la californie, c'était toi ?

Sourire entendu d'Aces.

_ Alors, de ton coté, dude ?

Il savait qu'il serait dur à battre.

_ Ici, en France, la politique c'est le domaine réservé des grands pontes. On a pas acces. Question d'hierarchie, de bureaucratie. Le vieux continent quoi. Je me suis d'abord lançé dans la technologie. J'ai chopé un grand ponte de France Telecom un jour dans un bar et je lui ai fait avaler le coup du minitel, là où nos voisins installaient déjà le cable. T'es pas cap' d'en filer un à tous les menages du pays, que je lui ai dis !

_ Le minitel, what's it ?

_ une sorte de Compak Commodore connecté à un téléphone. Laisse tomber.

_ Alors tu t'es spécialisé dans les communications ? TF1, c'est toi ? Bien joué, man !

_ Euh... Non, là, c'est eux, tout seuls. Ou alors un collègue. En fait, pour être honnête, j'ai un peu glandé...

Gros euphémisme. Je n'avais rien foutu depuis 10 ans. Un jour, énervé, j'avais lancé un pari stupide sur mon chef, le genre "pas cap' de me donner autant de vacances que je veux" et le pari était passé. Le type ne l'avait même pas compris. Mais ça c'était pas le genre de chose qu'on pouvait avouer à un grade 2, même si c'est votre vieux pote Aces. Un démon, c'est un démon, apres tout.

Aces me sourit bizarrement. Et se tait. Savait-il quelque chose ? Et si cette rencontre n'était pas une simple retrouvaille de vieux potes ? Et si...

Aces pose quelque chose sur la table. Une liasse de papier, un contrat. Je le prends machinalement pour le lire. C'est un foutu ordre de misison. Asmodée recherche un volontaire pour un lieu mystèrieux - le nom n'est pas indiqué. J'aurais ma mémoire effacée en partie, je ne pourrais plus partir, les possibilités de développement seraient nuls et ça risque d'être dangereux. Quant aux possibilités de promotions, inexistantes.

Faudrait vraiment être con pour accepter.Je relèves soudain la tête, suspicieux. Je voudrais me boucher les oreilles. Chanter à tue-tête. Trop tard.

Les mots sortaient déjà de la bouche d'Aces comme des serpents glissant lentement sur la table. Mon vieux pote Aces. Chaque mot claquait dans mon esprit comme un fouet.

Pas cap' d'aller t'installer à Immac, dude ?
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