12-11-2004, 06:56 AM
Une feuille se détache et le vent la fait danser. Libérée des contraintes, elle est emportée par la mouvance des cieux, électron libre pourtant elle subit toujours. Un peu comme nous. Nous subissons, nous immortels…
J’ouvre les yeux. Enfin incarné, enfin on a besoin de moi. Besoin est pourtant un bien trop grand mot. Les chœurs s’élèvent, les râles et les pleurs s’enchantent. Quelques mots de latins font ressurgir un passé béni parmi de vieilles pierres. C’est l’église, là où l’enchantement, la beauté et la jouissance d’appartenir à Ses forces, d’être de Son côté se joignent et s’entrelacent et communient avec les esprits qui s’élèvent, puisant leur pureté dans la magie de cette lumière si belle, cette lumière qui éveille les motifs sacrés et empoignent notre cœur pour nous faire ressentir cette pensée si joyeuse : nous avons fait le bon choix. Je me lève, m’incline pour saluer les paroles du prêtre, et je souris : ma vie, ma mission, mon existence vont pouvoir débuter, commencer.
Et là, première déception. Fin de l’automne à Immac’, les feuilles forment un tapis naturel au ton de feu mélancolique et pourtant réconfortant. L’air pur et frais s’insinue dans les poumons, vital et acéré. Le ciel gris nous domine, terminant cette tristesse ambiante, le monde se meurt et les étoiles ne vont pas tarder à s’enflammer dans le satin sombre de la nuit, froide et savoureuse. Première déception car je me rend compte de mon incarnation, et surtout de toutes les petites choses désagréables qui en assaillent le corps. Et surtout je réalise qu’un européen de l’est plutôt en bonne forme habillé d’un kilt et d’une chemise rose ainsi que de sandales, quand l’hiver approche, ce n’est pas une incarnation susceptible d’apporter confort et ergonomie…
Un individu fort peu charismatique, voire totalement dénué de charme et du concept humain désigné par ce mot « politesse », me tend une liasse de papier, lançant dans la foulée un « Allez fiston, distribue ça ! C’pour l’bien général mon gars ». Inspiration profonde, aucun doute, c’est un but que je dois remplir :
- Ma’ame, pour la paix dans le monde…
- Ah nan désolée, je n’donne pas aux mendiants !
- Monsieur, pour faire progresser la lutte contre la pauvreté…
- J’ai pas d’argent…
Et en ce moment là, je me demandais si les humains écoutaient un tant soit peu. Je soupire et marmonne un vague « J’demande pas d’argent moi… », puis mon regard dérive, s’étalant sur la petite place devant l’église. Et ma surprise s’étend : un jeune homme, la vingtaine même pas, fait fureur dans sa quête financière. Attentif, j’écoute et assimile cette véritable leçon commerciale. J’inspire une nouvelle fois, me prépare lentement. D’abord je replace le col de ma chemise, ensuite je lisse nettement mon kilt, puis remue un tant soit peu les doigts d’pieds d’mon incarnation. C’est vraiment pas pratique ce qu’ils m’ont refilé…
Une goutte d’eau se laisse paresseusement glisser le long d’une gouttière, la lune l’éclaire, un instant un diamant se révèle. Néanmoins le froid en prend possession, l’éternise et la laisse en place, spectacle éphémère d’un enchantement divin. Je laisse mes lèvres s’étirer en un sourire, d’une main je coiffe légèrement les cheveux blonds de mon corps, puis contemple de mes yeux noirs la liasse de billet que je viens de retirer à un guichet, satisfait. L’Administration paie la réussite, que ce soit en convaincant les gens ou en les instruisant…
[ PS : Si vous trouvez des fautes, ce qui est fort probable, je vous remercie d'avance de bien vouloir me les communiquez par PM ^^ J'accepte aussi les commentaires constructifs, avec joie
]
J’ouvre les yeux. Enfin incarné, enfin on a besoin de moi. Besoin est pourtant un bien trop grand mot. Les chœurs s’élèvent, les râles et les pleurs s’enchantent. Quelques mots de latins font ressurgir un passé béni parmi de vieilles pierres. C’est l’église, là où l’enchantement, la beauté et la jouissance d’appartenir à Ses forces, d’être de Son côté se joignent et s’entrelacent et communient avec les esprits qui s’élèvent, puisant leur pureté dans la magie de cette lumière si belle, cette lumière qui éveille les motifs sacrés et empoignent notre cœur pour nous faire ressentir cette pensée si joyeuse : nous avons fait le bon choix. Je me lève, m’incline pour saluer les paroles du prêtre, et je souris : ma vie, ma mission, mon existence vont pouvoir débuter, commencer.
Et là, première déception. Fin de l’automne à Immac’, les feuilles forment un tapis naturel au ton de feu mélancolique et pourtant réconfortant. L’air pur et frais s’insinue dans les poumons, vital et acéré. Le ciel gris nous domine, terminant cette tristesse ambiante, le monde se meurt et les étoiles ne vont pas tarder à s’enflammer dans le satin sombre de la nuit, froide et savoureuse. Première déception car je me rend compte de mon incarnation, et surtout de toutes les petites choses désagréables qui en assaillent le corps. Et surtout je réalise qu’un européen de l’est plutôt en bonne forme habillé d’un kilt et d’une chemise rose ainsi que de sandales, quand l’hiver approche, ce n’est pas une incarnation susceptible d’apporter confort et ergonomie…
Un individu fort peu charismatique, voire totalement dénué de charme et du concept humain désigné par ce mot « politesse », me tend une liasse de papier, lançant dans la foulée un « Allez fiston, distribue ça ! C’pour l’bien général mon gars ». Inspiration profonde, aucun doute, c’est un but que je dois remplir :
- Ma’ame, pour la paix dans le monde…
- Ah nan désolée, je n’donne pas aux mendiants !
- Monsieur, pour faire progresser la lutte contre la pauvreté…
- J’ai pas d’argent…
Et en ce moment là, je me demandais si les humains écoutaient un tant soit peu. Je soupire et marmonne un vague « J’demande pas d’argent moi… », puis mon regard dérive, s’étalant sur la petite place devant l’église. Et ma surprise s’étend : un jeune homme, la vingtaine même pas, fait fureur dans sa quête financière. Attentif, j’écoute et assimile cette véritable leçon commerciale. J’inspire une nouvelle fois, me prépare lentement. D’abord je replace le col de ma chemise, ensuite je lisse nettement mon kilt, puis remue un tant soit peu les doigts d’pieds d’mon incarnation. C’est vraiment pas pratique ce qu’ils m’ont refilé…
Une goutte d’eau se laisse paresseusement glisser le long d’une gouttière, la lune l’éclaire, un instant un diamant se révèle. Néanmoins le froid en prend possession, l’éternise et la laisse en place, spectacle éphémère d’un enchantement divin. Je laisse mes lèvres s’étirer en un sourire, d’une main je coiffe légèrement les cheveux blonds de mon corps, puis contemple de mes yeux noirs la liasse de billet que je viens de retirer à un guichet, satisfait. L’Administration paie la réussite, que ce soit en convaincant les gens ou en les instruisant…
[ PS : Si vous trouvez des fautes, ce qui est fort probable, je vous remercie d'avance de bien vouloir me les communiquez par PM ^^ J'accepte aussi les commentaires constructifs, avec joie
