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Un présent inattendu
#1
Une accalmie, enfin un moment de calme dans la tempête. Comme portés par le vent, toute la journée des anges avaient été projetés contre le Gang et malheureusement, contrairement à des moucherons, tous ne finissaient pas écrasés sur le pare-brise du bus.
Carankhen parcourut du regard les personnes présentes dans le bus, ses compagnons, tous aussi exténués que lui, certains blessés même, tout comme il l'était. Une lame angélique était parvenue à se frayer un chemin dans ses défenses pour faire jaillir un peu de sang de son épaule. Enfin, ils s'en sortaient sans perte, c'était le principal, même si la fuite avait été nécessaire au moment où ils s'étaient sentis submergés.

Mais tout était calme à présent, le soleil teinté d'orange ne tarderait pas à s'endormir, là-bas derrière l'horizon, et les démons profitaient de cette tranquillité. Carankhen n'était pas en reste, étendu comme il l'était, prêt à se laisser bercer dans les bras de Morphée.

Cependant, autres furent les bras dans lesquels il se retrouva alors qu'il lui semblait qu'il venait de s'assoupir. Ouvrant les yeux, il contempla la cause de son réveil et sourit en apercevant le corps allongé en travers de son torse. La peau d'un gris si pâle, presque blanche, laissait présupposer un contact glacé, chaudes pourtant étaient les lèvres posées sur la blessure de Carankhen.
Plus une seule trace, pas même une coupure ne témoignait des anciens dommages de son épaule quand elle releva la tête tournant son visage vers lui. Chaad le regardait de ses yeux d'un noir profond fixés sur lui, ses lèvres d'un gris bleuté à peine entrouvertes.
Sans le quitter du regard, elle roula sur son flanc pour se retrouver à côté de lui, sa bouche se déroba ainsi devant le baiser qu'il s'apprêtait à lui donner. Une mèche de cheveux blonds pendait devant son visage, en contraste avec le reste de sa chevelure brune qui ne descendait que jusqu'à la nuque. Ses bras étaient laissés nus par sa robe fourreau de cuir noir dans le dos de laquelle ressortaient deux ailes membraneuses, comme des ailes de chauve-souris, plus sombres que sa peau. De la fente de sa robe émergeait une de ses jambes pour venir se presser contre celle du démon tandis que sa main gauche ornée de griffes luisantes reposait sur la poitrine de Carankhen.

Il se rendit compte qu'ils n'étaient pas dans le bus. Ces sièges, cet intérieur ressemblaient plutôt à ceux de la Focus, mais avec des proportions particulières, bien plus spacieuses, comme le siège arrière suffisamment grand pour qu'ils y soient allongés dans la largeur, sans que cela ne les étonne.
Sans se lever, il voyait ou plutôt il percevait que dehors deux anges étaient étendus, morts. Le corps du premier recouvert de plaques fracassées, le second tenait encore une large épée brisée en plusieurs morceaux.

A l'intérieur, ils n'étaient plus seuls, ou bien n'avait-il pas remarqué les autres personnes présentes auparavant ? Sur le siège avant était assise Elenora à la blonde chevelure, vêtue d'un tailleur couleur de sang dont la jupe courte révélait amplement ses longues jambes que la démone offrait fièrement et voluptueusement à la vue de tous. Se mordillant la lèvre inférieure, de ses beaux yeux de saphir brillants d'une lueur comme d'envie, elle regardait le spectacle à l'arrière la tête appuyée contre le repose-tête du siège.

A ses côtés, Morwen avait son habituel air réjoui. Elle tournait de temps en temps son attention vers l'extérieur, voyant quelque chose qui la faisait rire mais dont les autres ne semblaient pas avoir conscience comme si la scène était invisible. Carankhen ne voyait pas non plus l'objet de cette hilarité mais il savait de quoi il s'agissait. Dehors se trouvait une démone à l'air furieux. Armée d'une épée, elle frappait avec acharnement contre la vitre du véhicule, en vain, la lame rebondissait à chaque coup, elle était en plastique. Cette assaillante regardait obstinément vers un endroit vide encore, mis à part un rayon de soleil.

Dans cette lumière apparut une silhouette. Elancée, sa peau ambrée à peine voilée par une étoffe de soie au travers de laquelle perçaient les rayons solaires, les boucles châtain de ses cheveux cascadaient sur ses épaules. Un rayon de miel dans un rayon de soleil. Sur son front pointaient deux petites cornes noires cerclées d'argent et légèrement courbes. Telle un serpent, une queue enlaçait tour à tour l'une ou l'autre de ses jambes.
Carankhen perçut un mouvement, du coin de l'œil, Morwen qui s'agenouillait devant l'apparition avant que son image ne se trouble peu à peu pour finir par disparaître complètement.

KaleeSha s'avança vers le couple allongé, une légère moue exprimant une certaine désapprobation comme le regard qu'elle échangea avec Chaad rendant le démon qui se retrouvait entre elles deux assez tendu. Mais elle finirent par s'égayer et se sourire alors que KaleeSha s'asseyait à sa droite en lui caressant doucement la joue.
La démone d'or se pencha vers lui, il sentait la queue de celle-ci s'enrouler autour de sa jambe comme pour l'empêcher de fuir, comme si cette idée avait pu lui venir en tête. De l'autre côté, la démone d'argent vint se coller plus prêt de lui encore, embrassant le démon dans le cou.

Or et argent, Soleil et Lune, que pouvait-il désirer de plus ?
Les frémissements montaient en lui sous les caresses et les baisers, quand soudain tout se troubla. Disparus les astres éblouissants, il était seul allongé et, quand il se redressa, son épaule le rappela à l'ordre. Une main sur son bras secouait ce dernier pour que Carankhen se réveille complètement. Phil était venu le chercher, d'autres anges étaient arrivés, le Gang était déjà prêt.
Carankhen regarda par la fenêtre et vit trois anges se préparant à se lancer à l'assaut du bus.

Le premier tomba en pleine course, sans qu'il ne put voir son agresseur. Le second fut grièvement blessé après l'attaque de Morwen puis celle de Chaad, sa vie lui échappa à lui aussi sans qu'il sache qui mit fin à ses jours. Et le troisième croisa les regards enjôleurs de KaleeSha et Elenora. Ce qu'elles laisseraient de lui, à condition qu'il vive encore après le traîtement qu'elles lui réservaient, un autre démon s'en chargerait sans que Carankhen n'ait besoin d'intervenir. Celui-ci à peine éveillé sentit la frustration noircir son humeur en constatant que pour rien il avait été privé d'un songe si agréable.


Il décida alors d'aller marcher un peu pour se débarrasser en chemin de son irritation. Il descendit donc du bus et sans un mot s'engagea dans une rue au hasard. Avançant tout droit, il ne faisait guère attention aux personnes qu'il croisait voire heurtait, il ne vit pas non plus cet homme à l'entrée d'une ruelle, cet homme qui pourtant l'examinait avec une grande attention et qui garda le silence jusqu'au moment où le démon passa devant lui.
Carankhen s'arrêta en entendant le nom de son incarnation et se retourna face à l'homme de la ruelle en le dévisageant. Il devait avoir tout juste vingt ans, des cheveux blonds coupés en brosse, il portait un uniforme militaire dont la veste était ornée de médailles. Autant de décorations pour un homme si jeune, encore un de ces types qui dévalisaient les surplus de l'armée ou bien ressortaient la tenue de leurs aïeux.

L'homme restait là sans bouger, ce qui n'était pas pour arranger l'humeur de Carankhen : "Alors ? Qu'est-ce que tu me veux toi ? Je n'ai pas que ça à faire." Carankhen fit mine d'avancer, se voulant menaçant, mais fronçant les sourcils, l'homme fit quelques pas en arrière non par crainte mais pour s'enfoncer complètement dans la ruelle puis quand il s'arrêta, une lueur rouge sembla exploser autour de lui pour former une aura. La couleur et l'intensité de l'aura firent faire à Carankhen un pas en arrière, puis jambes droites, il s'inclina en un angle presque droit face à ce démon plus gradé que lui, bredouillant quelques excuses qu'il n'arrivait pas à exprimer surpris comme il l'était.

L'aura s'estompa et le démon dans la ruelle se retourna sans un mot, il se dirigea vers le fond de l'allée et ouvrit une porte qu'il franchit la laissant ouverte derrière lui. Carankhen, après avoir pris une profonde inspiration pour se remettre les idées en place, s'avança et franchit la porte à son tour. Une fois la porte close, il jeta un œil dans la pièce.
Un pièce assez spartiate, les murs étaient blancs mais la peinture n'était pas récente et aurait bien eu besoin d'être rafraîchie. Pour seuls ornements des armes étaient accrochées ça et là ou bien reposaient sur des présentoirs, mais semblaient aussi plutôt anciennes, sans doute la plupart d'entre elles ne pouvaient plus servir. Il y en avait de toute sorte, armes blanches ou armes à feu formant ici une sorte de musée de l'histoire de l'armement. Pour seul mobilier, un bureau et une chaise se trouvaient au fond de la pièce, près d'une autre porte.

Assis derrière ce bureau, celui qui semblait être le propriétaire actuel des lieux attendait en faisant distraitement rouler devant lui une grenade d'une génération précédente. Carankhen s'avança et se plaça debout devant le bureau, il n'y avait aucun siège pour qu'il s'asseye. Il remarqua que la grenade n'avait pas de goupille, sans doute était-elle désamorcée, tout du moins il l'espérait.

"Démon Carankhen, je serai bref. Je suis Tad Los, chevalier de l'ordre noir et capitaine des armées infernales. Votre initiative pour infiltrer une section d'ange et leur soutirer quelques informations n'est pas passée inaperçue. Vous auriez sans doute pu faire mieux en un temps bien moins long et avec plus de résultats, mais nous avons décidé d'encourager l'initiative pour vous pousser plus loin encore.
A ce jour vous recevez donc le grade de chevalier de l'ordre noir. Tâchez de faire honneur à ce titre si vous ne voulez pas que je revienne vous apprendre de quelle manière vous devez vous adresser à un supérieur."

Le ton de la voix n'avait pas changé, mais ses yeux suffisaient à exprimer qu'il n'avait aucune envie de plaisanter.

"Vous pouvez vous retirer maintenant, la guerre n'attend pas. Rappelez-le vous la prochaine fois que vous hésiterez, il est important de ne pas tirer trop tôt pour ne pas faire fuir l'ennemi avant de l'avoir dans sa ligne de mire, mais trop tard cela ne sert plus à rien et tout est à recommencer. La prudence est une aide et un handicap, souvenez-vous en. Rompez !"

Sans avoir l'occasion de dire une seule parole, Carankhen se retrouva dehors, encore en train de tenter de comprendre ce qui lui était arrivé. Il avait obtenu une promotion ? Et bien, cette journée ne s'annonçait pas si mal finalement. Il repartit donc rejoindre ses compagnons pensant déjà à comment leur annoncer la nouvelle, de la meilleure manière pour que l'une des leurs en soient verte de jalousie, et les autres fiers de lui.
Enfin, grade ou non, KaleeSha serait et resterait le Chef. Quoiqu'elle vienne à dire à ce sujet, elle ne se défilerait pas.
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