12-17-2007, 11:11 PM
La lumière.
Blafarde, tremblante, diffuse. C’est elle qui le réveilla d’abord de ses rayons maladifs, bien plus que les bruits d’une lointaine conversation et l’odeur acre et pénétrante de la pièce, où les senteurs d’urine se mêlaient lourdement à la saveur métallique du sang.
Le petit soleil dansait au dessus de sa tête dans un lent mouvement de balancier, déformant ombres et perspectives de sa valse mouvante. De temps en temps, tel un maestro marquant le rythme, le câble qui retenait l’ampoule-astre-du-jour se risquait à un doucereux chuintement.
L’endroit retombait ensuite dans une stase en clair obscur.
Son unique occupant ouvrit un œil.
Du moins, une fente blanche vint éclore sur la surface ensanglantée d’une boursouflure qui lui avait jadis servit de paupière, et qui trônait désormais sur les vestiges d’un visage dévasté dont il ne restait qu’un amas de plaies, de bosses, de croûtes écarlates et d’étendues violacées.
Son auguste front plissé d’une ride toujours pensive, son regard gris aussi dur que l’acier, ses pommettes saillantes et cette bouche sensuelle qui faisait chavirer ses multiples conquêtes, il n’en restait plus rien que des ruines.
Tout avait été broyé, concassé, brisé, martelé avec soin par un tailleur de pierres aux mains épaisses et à la large carrure, qui avait brisé sa matière et ses os pour, il l’espérait, remodeler sa victime à l’image d’un homme plus « coopératif ».
Un sourire discret, signe de son triomphe, zébra les restes de son allure d’antan.
Certes, on pouvait toujours lui briser ce qui lui restait d’os intacts, personne ne pourrait jamais briser son esprit. N’avait il pas été choisis pour cela?
Une petite pièce aux murs gris et sale lui servait de geôle. Probablement du béton. Probablement en sous sol. Probablement près de l’enfer. Ou d’un métro.
Une large table à la surface aussi lisse que du verre s’étalait en face de lui, et de l’autre coté, se tenait un fauteuil fait d’un épais cuir noir qui semblait tout droit sortit d’un fantasme malsain sur le design des bureaux de la Gestapo.
Lui n’avait eu droit qu’à une chaise à l’acier glacial, doublée de divers câbles qui, enserrant ses mains et ses pieds, le maintenaient perpétuellement dans une position aussi grotesque qu’inconfortable.
Il pris une gorgée d’air qu’il aurait souhaitée fraîche, et se retint de vomir sous l’assaut conjoint des fragrances de l’endroit et du souvenir fulgurant des côtes qu’on lui avait brisées. Son corps, tout doucement, commençait à se rappeler à lui comme on retrouve des amis depuis longtemps perdus de vue. Et qui seraient entre-temps devenus de parfaits salauds.
Puis des bruits plus proches vinrent percer le silence. Le son étouffé d’une conversation qu’on devine houleuse sans en saisir le sens. Ses bourreaux traversaient ils une crise existentielle, avaient ils vu poindre dans leurs cœurs secs et desséchés les prémices d’un sentiment de pitié?
Sûrement pas. Il ne l’aurait pas fait lui même.
Et il resta la, immobile, récupérant tant bien que mal de ses blessures, les jaugeant, soupesant la gravité de celles ci, calculant, appréciant toutes les possibilités de la situation. Froidement, calmement, comme le professionnel qu’il était, il détailla tous les scénarii, tous les plans, toutes les options, avant d’en venir à la conclusion inévitable.
Perdu. C’était la fin. Le grand Game Over était apparu sur l’écran digital de sa vie, aussi certainement que quand un bus surgit à un mètre de vous, en pleine course, au détour d’une rue. Ou qu’on vous y pousse. La technique n’avait plus de secrets pour lui, après toutes ces années.
Mais il lui restait une dernière mission.
Un dernier combat où il ne pouvait pas faillir.
La porte s’ouvrit alors, violemment heurtée par la bottine d’un de ses sympathiques tortionnaires.
Le reste du corps fut à l’image du dit pied : taillée pour la violence et les chocs. Epaules larges, torse de gorille, muscles surdéveloppés. Un homme aux bras puissants, au cou parsemés de veines saillantes sur lequel se tenait un visage carré de truand, à la mâchoire dure, aux orbites creuses, au crane finement rasé.
Un Daniel de compétition dont les poings d’aciers lui avaient brisé quelques os, trois jours auparavant, dans une petite ruelle sombre proche de son hôtel, avant de l’envoyer d’un seul coup dans les abysses de l’inconscience d’un seul coup bien placé.
L’affaire avait été rendue plus simple par une paralysie préalable. Signe manifeste d’un professionnalisme dans l’art de l’enlèvement qui aurait, en d’autres circonstances, sûrement forcé son admiration.
Il était suivit d’un basané au regard sombre et aux muscles secs qui servait de lueur intelligente au tandem de choc.
L’allure martiale, celui la se tenait droit comme un i et restait calme en toutes circonstances, au fil des « séances » d’interrogatoires ou, placide, il enchaînait les questions de sa voix grave et posée.
Sans jamais recevoir de réponse autre qu’un grognement de douleur suite à une des argumentations « physiques » de son géant d’acolyte.
Ceux la, il les connaissaient bien.
Ce n’était pas le cas de la silhouette qui l’observait désormais depuis l’embrasure…
Blafarde, tremblante, diffuse. C’est elle qui le réveilla d’abord de ses rayons maladifs, bien plus que les bruits d’une lointaine conversation et l’odeur acre et pénétrante de la pièce, où les senteurs d’urine se mêlaient lourdement à la saveur métallique du sang.
Le petit soleil dansait au dessus de sa tête dans un lent mouvement de balancier, déformant ombres et perspectives de sa valse mouvante. De temps en temps, tel un maestro marquant le rythme, le câble qui retenait l’ampoule-astre-du-jour se risquait à un doucereux chuintement.
L’endroit retombait ensuite dans une stase en clair obscur.
Son unique occupant ouvrit un œil.
Du moins, une fente blanche vint éclore sur la surface ensanglantée d’une boursouflure qui lui avait jadis servit de paupière, et qui trônait désormais sur les vestiges d’un visage dévasté dont il ne restait qu’un amas de plaies, de bosses, de croûtes écarlates et d’étendues violacées.
Son auguste front plissé d’une ride toujours pensive, son regard gris aussi dur que l’acier, ses pommettes saillantes et cette bouche sensuelle qui faisait chavirer ses multiples conquêtes, il n’en restait plus rien que des ruines.
Tout avait été broyé, concassé, brisé, martelé avec soin par un tailleur de pierres aux mains épaisses et à la large carrure, qui avait brisé sa matière et ses os pour, il l’espérait, remodeler sa victime à l’image d’un homme plus « coopératif ».
Un sourire discret, signe de son triomphe, zébra les restes de son allure d’antan.
Certes, on pouvait toujours lui briser ce qui lui restait d’os intacts, personne ne pourrait jamais briser son esprit. N’avait il pas été choisis pour cela?
Une petite pièce aux murs gris et sale lui servait de geôle. Probablement du béton. Probablement en sous sol. Probablement près de l’enfer. Ou d’un métro.
Une large table à la surface aussi lisse que du verre s’étalait en face de lui, et de l’autre coté, se tenait un fauteuil fait d’un épais cuir noir qui semblait tout droit sortit d’un fantasme malsain sur le design des bureaux de la Gestapo.
Lui n’avait eu droit qu’à une chaise à l’acier glacial, doublée de divers câbles qui, enserrant ses mains et ses pieds, le maintenaient perpétuellement dans une position aussi grotesque qu’inconfortable.
Il pris une gorgée d’air qu’il aurait souhaitée fraîche, et se retint de vomir sous l’assaut conjoint des fragrances de l’endroit et du souvenir fulgurant des côtes qu’on lui avait brisées. Son corps, tout doucement, commençait à se rappeler à lui comme on retrouve des amis depuis longtemps perdus de vue. Et qui seraient entre-temps devenus de parfaits salauds.
Puis des bruits plus proches vinrent percer le silence. Le son étouffé d’une conversation qu’on devine houleuse sans en saisir le sens. Ses bourreaux traversaient ils une crise existentielle, avaient ils vu poindre dans leurs cœurs secs et desséchés les prémices d’un sentiment de pitié?
Sûrement pas. Il ne l’aurait pas fait lui même.
Et il resta la, immobile, récupérant tant bien que mal de ses blessures, les jaugeant, soupesant la gravité de celles ci, calculant, appréciant toutes les possibilités de la situation. Froidement, calmement, comme le professionnel qu’il était, il détailla tous les scénarii, tous les plans, toutes les options, avant d’en venir à la conclusion inévitable.
Perdu. C’était la fin. Le grand Game Over était apparu sur l’écran digital de sa vie, aussi certainement que quand un bus surgit à un mètre de vous, en pleine course, au détour d’une rue. Ou qu’on vous y pousse. La technique n’avait plus de secrets pour lui, après toutes ces années.
Mais il lui restait une dernière mission.
Un dernier combat où il ne pouvait pas faillir.
La porte s’ouvrit alors, violemment heurtée par la bottine d’un de ses sympathiques tortionnaires.
Le reste du corps fut à l’image du dit pied : taillée pour la violence et les chocs. Epaules larges, torse de gorille, muscles surdéveloppés. Un homme aux bras puissants, au cou parsemés de veines saillantes sur lequel se tenait un visage carré de truand, à la mâchoire dure, aux orbites creuses, au crane finement rasé.
Un Daniel de compétition dont les poings d’aciers lui avaient brisé quelques os, trois jours auparavant, dans une petite ruelle sombre proche de son hôtel, avant de l’envoyer d’un seul coup dans les abysses de l’inconscience d’un seul coup bien placé.
L’affaire avait été rendue plus simple par une paralysie préalable. Signe manifeste d’un professionnalisme dans l’art de l’enlèvement qui aurait, en d’autres circonstances, sûrement forcé son admiration.
Il était suivit d’un basané au regard sombre et aux muscles secs qui servait de lueur intelligente au tandem de choc.
L’allure martiale, celui la se tenait droit comme un i et restait calme en toutes circonstances, au fil des « séances » d’interrogatoires ou, placide, il enchaînait les questions de sa voix grave et posée.
Sans jamais recevoir de réponse autre qu’un grognement de douleur suite à une des argumentations « physiques » de son géant d’acolyte.
Ceux la, il les connaissaient bien.
Ce n’était pas le cas de la silhouette qui l’observait désormais depuis l’embrasure…