[Secret] New Born.

[Dariel]

Link it to the world
Link it to yourself
Stretch it like a birth squeeze
The love for what you hide
The bitterness inside
Is growing like the newborn
When you've seen, seen
Too much, too young, young
Soulless is everywhere

L'Ange de Laurent est assis sur son siège habituel, ailes déployées vers les cieux. Il tourne et retourne entre ses doigts ce qui semble être une carte de visite. Seul dans la grande salle de réunion, il réfléchit, les doigts de sa main libre courant sur l'énorme table de marbre.

Flashback !

L'odeur fétide des égouts emplis l'air et brouille les sens. Les coins sombres se suivent, et la lumière qu'apporte les improbables visiteurs semble renforcer l'Ombre inquiétante des lieux.
Le silence oppressant amplifie l'écho de ses pas parmi le ruissèlement. Le frottement dur de sa main contre la pierre trahit clairement sa présence, mais il ne fait rien pour qu'il en soit autrement.

- Félicitations, Serviteur des Porteurs d'Epée. Je ne doutais pas que tu gravirais rapidement les échelons.

Une lumière vive, bleuté, repousse l'Ombre qui se retranche dans les murs. La Lame miroite sur les eaux boueuses et nauséabondes. L'homme en costume noir en face de lui esquisse un léger sourire.

- Allons, allons, je ne suis pas ici pour me battre, baisse donc ton arme.

Cyriaque Brandonoy avance de deux pas, ramenant sa seconde main sur la poignée de l'épée apparue dans ses mains du néant. Ses traits n'expriment rien, et ses lèvres restent fermées, aucun son ne sortant de sa bouche.

- Je t'ai dit que je n'étais pas là pour..

L'Epée s'abat. Le mouvement n'a rien de gracieux, mais il exprime clairement la puissance. Un être normal n'aurait pas distingué de mouvement. La lame était au dessus de son épaule, et la seconde d'après la pointe touchait presque le sol.

Son adversaire s'était décallé d'un pas sur la gauche, d'un mouvement à peine perceptible. Il ne souriait plus, et une froide détermination se lisait dans son regard.

- Quelle impulsivité.

Dariel refit face, relevant son épée d'un geste calculé. Avant d'avoir pu faire un pas vers sa cible, une épée blanche, luminescente apparue dans les mains de celle-ci.

- Il suffit.

L'Aura bleuté de forte intensité entoura l'homme qui lui faisait face. Dariel fronça les sourcils en baissant son arme qui finit par disparaître.

- Qui êtes vous ?
- Fouille. Dans tes souvenirs.

[Dariel]

Dariel parcourt du regard les noms dorés, gravés dans le marbre de la table. Il les étudit, les passe machinalement en revue, une fois encore, les pèse et les soupèse méticuleusement. Bref, il cherche une solution et n'en trouve aucune.

Rangeant la carte de visite dans la poche intérieure de sa veste d'un blanc éclatant, il émet un bref grognement. Il avait pu glâner des deux Anges de Blandine autant de renseignements que possible sans trop leur révéler de détails. Du moins rien qu'ils pourraient utiliser contre lui.

- J'ai de quoi me défendre contre vous à présent.

Il ouvrit les deux énormes portes avec une crispation de la mâchoire. Pourquoi voudraient-ils faire quelque chose contre lui ? Ils étaient aussi purs que la plupart, peut être moins que certains, mais bien plus que d'autres. Mais peut être Rhuarc se doutait-il de quelque chose.

Roulant des épaules, il sortit...

Don't Call Me White ! Don't caaaall me white !
Don't Call Me White ! Don't caaaall me white !

Le skateur filait en slalomant entre les passants, ses écouteurs sur les oreilles, la tête daudelinant au rythme de No-FX poussé à fond.

Aaaaaaaaaah ! Say what you're gonna say !

Il passa en trombe l'angle d'une rue, faisant pousser un juron -qu'il n'entendit pas- à un piéton. Quel pied ! Le ciel était clair, il faisait bon, pas trop chaud, juste assez pour aller en T-Shirt jusqu'au bâtiment de la Banlieue. Encore une centaine de mètres, à peine, et il serait arrivé sur place.
Sur un autre registre, il gueulait plus que ne chantait un "Fin du Siècle" de Noir Désir. Attrapant son lecteur mp3, il s'apprêtat à changer de morceau quand il le vit.

Le gamin -il n'avait pas plus de 19 ans- avait déboulé du bâtiment sans crier gare juste devant lui, mais il lui tournait le dos. Pas le temps de faire un écart, il allait lui rentrer dedans.

- Put...!

L'air qui emplissait ses poumons lui manqua. Les yeux exorbités sous le choc, la bouche entrouverte et crispée, il suffoquait, son skate continuant de filer tout droit.

Lui, il était suspendu entre le jeune garçon et le sol. Il lui était rentré dedans de plein fouet, et c'était comme s'il était rentré dans un mur de bêton. Lentement, durant une seconde qui lui paru une éternité, il s'affaissa et s'étala de tout son long sur le trottoir.

Haletant, il avalait de courtes goulées d'air, l'air complètement ahuris.

- Ca va aller ?

Le jeune homme blond sondait son regard de ses yeux bruns presque noirs, froids comme de l'acier. Son visage était un masque sur lequel ne perçait nulle émotion. Deux jeune femmes, un peu plus âgées que lui, étaient aussi sorties du bâtiment et l'encadrait. Le blond s'adressa à la plus jeune.

- Vérifies.

Elle se pencha alors sur Eric -le prénom de notre héro skateur-, complètement hébété, et lui palpa les côtes, le faisant grimacer.

- Hey lâchez moi !
- Il n'aura que quelque bleus, rien de grave.
- Bien, en route.

Bouche bée, Eric regarda les trois s'éloigner de lui. Le blond tira la plaque dégout manifestement sans le moindre effort et descendit, suivit de près par ses deux comparses. Eric se palpa les côtes et frotta sa mâchoir douloureuse en se relevant.

- Putain d'merde, mon lecteur mp3 ! Fait chier...