11-11-2012, 08:26 PM
Le Baron du bouche à oreille soupira en relisant son ordre de mission. Bordel, mais qui avait pondu cette directive ? Il relut pour la 23ème fois très précisément le papier. Ah, c’était suite à des « égarements sur le terrain ». Super. « Les responsables de ces cafouillages seront employés comme instructeurs (les plus méritants du moins) » lut-il encore. Il se permit de sourire. S’ensuivait une liste de noms. Le sourire du Baron s’agrandit encore en lisant les consignes. Finalement, son travail n’était peut-être pas si pourri.
Quelques heures plus tard, dans le bureau du Baron, ils étaient là. Une belle brochette de démons, tous désormais à ses ordres. On dénombrait un Baal, un Vapula, un Kronos, un Andromalius, un Scox et un Morax. Une étrange équipe, c’était sûr. Le Baron percevait le malaise parmi eux alors qu’ils lisaient leur nouvel ordre de mission.
Le Vapula se racla la gorge et dit :
- Euh pardon, Baron, mais… pourquoi l’informatique figure-t-elle au programme ? Je veux dire, tous les services infernaux sont équipés de Windaube ou d’Aïemac, je ne vois donc pas ce qu’il y a à dire à ce sujet.
Le Baron se mit à rire ouvertement, d’un rire qui glacerait le sang de n’importe qui. Puis il répondit :
- Vous êtes un sacré rigolo, Chevalier Error404. Tous les services en sont équipés, mais sérieusement, vous voyez des Nog et autres Haagenti se servir d’un ordinateur ou du moins, comme prévu? [b]*Bref silence*[b] Moi non plus.
L’Andromalius se permit alors de prendre la parole, tout aussi mal assuré que son collègue de chez Vapula :
- Mais votre Noirceur, j’avoue que tout cela me dépasse. Je vais devoir d’après le document leur parler de nos règles, y compris les plus élémentaires. Elles sont pourtant censées être connues de tous.
Pour cette question, le Baalberith se contenta d’un ignoble rictus. L’Andromalius tressaillit devant ce signe, puis le gradé répondit :
- Bonne question, Chevalier Straf. Et bien… je vais vous révéler un petit secret : cette volée n’est composée que de démons qui seront, s’ils réussissent, incarnés pour la première fois.
Le Chevalier s’enfonça dans son siège, l’air très inquiet. Puis le Baron ajouta simplement :
-Je compte sur vous, mes subordonnés. Ce projet doit être une réussite éclatante. Vous avez à disposition 6 mois. Ensuite, vos élèves seront testés. Celui qui aura les résultats les plus probants sera promu. Les autres… vous regretterez de ne pas avoir été celui-là.
C’est alors que le Scox prit la parole, très timidement :
- Baron… c’est pas un peu totalement irréaliste 6 mois vu l’étendue de la tâche ?
À peine sa phrase terminée, le démon sentit la douleur. Du genre très violente. Le Baron venait en effet de lui balancer un gros jet d’acide sur le bras droit, qui commençait à fondre. Le Scox hurla et se tint le bras tandis que son chef disait sur le ton de la conversion, l’air de rien :
- Allons, pas de défaitisme, Chevalier Aztacores. Vous ne voudriez pas être accusé de médisance, voire pire, n’est-ce pas?
Tenant toujours son membre blessé, des larmes aux yeux, Aztacores opina du chef. Puis, le Baalberith leur dit :
- Bien, la formation commence dans une semaine. Je me chargerai de l’introduction, vous prendrez en charge le reste. Puis, je ferai passer les tests. Gare à vous si je ne suis pas satisfait. Vous pouvez disposer !
Les Chevaliers s’en allèrent, sans demander leur reste. Une semaine pour trouver un moyen d’apprendre à une équipe de bras cassés les rudiments de la vie sur Terre. Y avait pas à dire, l’Administration s’y connaissait en punitions sévères.
Ils se rendirent tout d’abord ensemble dans la salle de cours. Spacieuse, avec vue sur le Styx, elle était meublée de façon très spartiate, mais disposait des derniers éléments de technologie, avec notamment une zone avec des ordinateurs. On ne pouvait pas reprocher à l’Enfer de ne pas investir de grands moyens pour la formation. La question était : cela était-il vraiment utile ?
Les désormais instructeurs échangèrent un regard puis se plongèrent dans la pile de dossiers que leur patron avait bien voulu leur fournir. Et force était de constater que l’Enfer pouvait bien y mettre les moyens. Parce que non seulement, il était vrai que selon les dossiers aucun de leurs élèves n’avait été incarné, mais en plus, comble du bonheur, plus du 90% occupait des postes qui n’avaient aucun rapport direct ou indirect avec le terrain. Comme inventeur de positions sexuelles, responsable de la rédaction des blagues carambars ou encore dresseur d’orc zombis, Et bien sûr, pour finir de les rassurer, il y avait 52 démons à former. Dont 3 Nog, 2 Kobal, 4 Abalam, un Andromalius et un Kronos. Oh et bien sûr, quand c’était possible, malgré le fait qu’ils n’aient jamais été incarnés, ces démons avaient déjà un lourd historique en matière de punitions. Ce qui faisait plus de la moitié de l’équipe. Et même pas un cas rigolo d’humain célèbre passé de familier à démon. Pas de quoi égayer le cours ni se motiver donc.
Ils refermèrent les dossiers et résumèrent la situation. Non seulement ils allaient devoir se taper un boulot quasiment impossible en temps normal, mais avec en plus la lie de l’Enfer en guise d’étudiants. Ils se concentrèrent pour se rappeler pourquoi on les avait choisis. Et puis, cela leur sembla évident : d’une part, ils étaient des experts dans les domaines à tenter d’enseigner et d’autre part, ils avaient tous merdés, mais alors bien, lors de leur dernière incarnation. Oui, même le Morax, ce que tout le monde pensait impossible jusque-là.
Chacun des Chevaliers observa les autres. Après tout, c’était un peu une sorte de concours auquel on les soumettait. Tous le savaient. Alors, après ce moment de tristesse commune, leur nature repris le dessus. La désolation céda la place à des sourires torves, des airs hautains et du mépris. Désormais, c’était chacun pour soi et Satan pour tous. Il n’y aurait qu’un instructeur méritant. Et ce ne serait pas un collègue.
Ils se serrèrent la main une première et dernière fois. Puis, l’un après l’autre, ils se rendirent dans leurs bureaux, afin de commencer à mettre au point un cours et un moyen de saboter celui des autres.
Dans son bureau, le Baron jubilait. Voir ces Chevaliers paniqués, inquiets l’avait requinqué. Ils les avaient observés dans la salle de cours, à l’aide d’une des multiples caméras (une idée des services de Nybbas en vue d’une éventuelle adaptation en programme de télé-réalité et aussi pour s’assurer que tout se passait bien) et lui aussi avait ressenti l’instinct qui reprenait le dessus chez eux. Après un petit sourire satisfait, le Baalberith relut une 24ème fois sa fiche de consigne, pour être sûr de ne pas avoir omis de détail involontairement.
Quelques heures plus tard, dans le bureau du Baron, ils étaient là. Une belle brochette de démons, tous désormais à ses ordres. On dénombrait un Baal, un Vapula, un Kronos, un Andromalius, un Scox et un Morax. Une étrange équipe, c’était sûr. Le Baron percevait le malaise parmi eux alors qu’ils lisaient leur nouvel ordre de mission.
Le Vapula se racla la gorge et dit :
- Euh pardon, Baron, mais… pourquoi l’informatique figure-t-elle au programme ? Je veux dire, tous les services infernaux sont équipés de Windaube ou d’Aïemac, je ne vois donc pas ce qu’il y a à dire à ce sujet.
Le Baron se mit à rire ouvertement, d’un rire qui glacerait le sang de n’importe qui. Puis il répondit :
- Vous êtes un sacré rigolo, Chevalier Error404. Tous les services en sont équipés, mais sérieusement, vous voyez des Nog et autres Haagenti se servir d’un ordinateur ou du moins, comme prévu? [b]*Bref silence*[b] Moi non plus.
L’Andromalius se permit alors de prendre la parole, tout aussi mal assuré que son collègue de chez Vapula :
- Mais votre Noirceur, j’avoue que tout cela me dépasse. Je vais devoir d’après le document leur parler de nos règles, y compris les plus élémentaires. Elles sont pourtant censées être connues de tous.
Pour cette question, le Baalberith se contenta d’un ignoble rictus. L’Andromalius tressaillit devant ce signe, puis le gradé répondit :
- Bonne question, Chevalier Straf. Et bien… je vais vous révéler un petit secret : cette volée n’est composée que de démons qui seront, s’ils réussissent, incarnés pour la première fois.
Le Chevalier s’enfonça dans son siège, l’air très inquiet. Puis le Baron ajouta simplement :
-Je compte sur vous, mes subordonnés. Ce projet doit être une réussite éclatante. Vous avez à disposition 6 mois. Ensuite, vos élèves seront testés. Celui qui aura les résultats les plus probants sera promu. Les autres… vous regretterez de ne pas avoir été celui-là.
C’est alors que le Scox prit la parole, très timidement :
- Baron… c’est pas un peu totalement irréaliste 6 mois vu l’étendue de la tâche ?
À peine sa phrase terminée, le démon sentit la douleur. Du genre très violente. Le Baron venait en effet de lui balancer un gros jet d’acide sur le bras droit, qui commençait à fondre. Le Scox hurla et se tint le bras tandis que son chef disait sur le ton de la conversion, l’air de rien :
- Allons, pas de défaitisme, Chevalier Aztacores. Vous ne voudriez pas être accusé de médisance, voire pire, n’est-ce pas?
Tenant toujours son membre blessé, des larmes aux yeux, Aztacores opina du chef. Puis, le Baalberith leur dit :
- Bien, la formation commence dans une semaine. Je me chargerai de l’introduction, vous prendrez en charge le reste. Puis, je ferai passer les tests. Gare à vous si je ne suis pas satisfait. Vous pouvez disposer !
Les Chevaliers s’en allèrent, sans demander leur reste. Une semaine pour trouver un moyen d’apprendre à une équipe de bras cassés les rudiments de la vie sur Terre. Y avait pas à dire, l’Administration s’y connaissait en punitions sévères.
Ils se rendirent tout d’abord ensemble dans la salle de cours. Spacieuse, avec vue sur le Styx, elle était meublée de façon très spartiate, mais disposait des derniers éléments de technologie, avec notamment une zone avec des ordinateurs. On ne pouvait pas reprocher à l’Enfer de ne pas investir de grands moyens pour la formation. La question était : cela était-il vraiment utile ?
Les désormais instructeurs échangèrent un regard puis se plongèrent dans la pile de dossiers que leur patron avait bien voulu leur fournir. Et force était de constater que l’Enfer pouvait bien y mettre les moyens. Parce que non seulement, il était vrai que selon les dossiers aucun de leurs élèves n’avait été incarné, mais en plus, comble du bonheur, plus du 90% occupait des postes qui n’avaient aucun rapport direct ou indirect avec le terrain. Comme inventeur de positions sexuelles, responsable de la rédaction des blagues carambars ou encore dresseur d’orc zombis, Et bien sûr, pour finir de les rassurer, il y avait 52 démons à former. Dont 3 Nog, 2 Kobal, 4 Abalam, un Andromalius et un Kronos. Oh et bien sûr, quand c’était possible, malgré le fait qu’ils n’aient jamais été incarnés, ces démons avaient déjà un lourd historique en matière de punitions. Ce qui faisait plus de la moitié de l’équipe. Et même pas un cas rigolo d’humain célèbre passé de familier à démon. Pas de quoi égayer le cours ni se motiver donc.
Ils refermèrent les dossiers et résumèrent la situation. Non seulement ils allaient devoir se taper un boulot quasiment impossible en temps normal, mais avec en plus la lie de l’Enfer en guise d’étudiants. Ils se concentrèrent pour se rappeler pourquoi on les avait choisis. Et puis, cela leur sembla évident : d’une part, ils étaient des experts dans les domaines à tenter d’enseigner et d’autre part, ils avaient tous merdés, mais alors bien, lors de leur dernière incarnation. Oui, même le Morax, ce que tout le monde pensait impossible jusque-là.
Chacun des Chevaliers observa les autres. Après tout, c’était un peu une sorte de concours auquel on les soumettait. Tous le savaient. Alors, après ce moment de tristesse commune, leur nature repris le dessus. La désolation céda la place à des sourires torves, des airs hautains et du mépris. Désormais, c’était chacun pour soi et Satan pour tous. Il n’y aurait qu’un instructeur méritant. Et ce ne serait pas un collègue.
Ils se serrèrent la main une première et dernière fois. Puis, l’un après l’autre, ils se rendirent dans leurs bureaux, afin de commencer à mettre au point un cours et un moyen de saboter celui des autres.
Dans son bureau, le Baron jubilait. Voir ces Chevaliers paniqués, inquiets l’avait requinqué. Ils les avaient observés dans la salle de cours, à l’aide d’une des multiples caméras (une idée des services de Nybbas en vue d’une éventuelle adaptation en programme de télé-réalité et aussi pour s’assurer que tout se passait bien) et lui aussi avait ressenti l’instinct qui reprenait le dessus chez eux. Après un petit sourire satisfait, le Baalberith relut une 24ème fois sa fiche de consigne, pour être sûr de ne pas avoir omis de détail involontairement.