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L'homme était assis a un bureau finement ouvragé. Éclairé par une bougie, il trempais une plume délicate dans un petit pot d'encre avant de calligraphier un texte avec application. Sa concentration fut néanmoins brisée par l'arrivée d'une femme défigurée par une horrible cicatrice.
Je crois que nous l'avons retrouvé.
L'homme posa sa plume doucement, son visage semblait pris entre plusieurs émotions contraires.
Tu en est certaine ? Nous l'avons tant de fois confondu avec un autre.
C'est certain. K. et D. nous ont confirmé sa présence. Malheureusement, nous avons perdu le contact peu après. Je crains qu'ils aient tenté une intervention sans attendre notre arrivée.
Les fous ... Comme s'ils n'avaient pas assez souffert ...
Voulez vous que j'envoie quelqu'un d'autre pour confirmer l'information ?
Il est temps pour moi de bouger un peu. Je me rendrais directement la bas avec quelques hommes et un sorcier. S'il est présent, alors nous pourrons enfin nous venger de ce qu'il nous a fait subir. Je ne saurais le dire, mais j'ai comme l'impression que nous nous rapprochons enfin de lui.
Je fais préparer vos affaires, monsieur.
Au fait ? Ou aurait il été repéré ?
Une ville nommée Immac sur Sable. Sa localisation n'est pas très précise mais un train semble y mener directement.
Bien. Allons y alors .
Attendez! Il parait que la ville est blindée d'anges également. Cela pourrait être dangereux.
J'ai mon idée sur la question.
L'homme se lève et s'étire dans un bruit affreux d'os qui craque. D'un mouvement délicat, il ramasse la plume et la pose sur une sorte de papier absorbant avant de refermer l'épais livre qu'il calligraphiait. Sur la couverture, se trouvait punaisé une peau d'écureuil.
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Ce soir la, quand Lucien éteignit enfin la lumière de la chambre après une dure journée, Edith se dit qu'elle passerait une bonne nuit. Tournant le dos à son mari, elle commença à s'endormir malgré le ronflement naissant de l'homme avec qui elle partageait sa vie depuis maintenant 50 ans, aidée par les cachets qu'elle prenait maintenant régulièrement depuis 18 mois.
L'arrivée dans le rêve se faisait toujours de la même façon. L'impression de devenir légère et de quitter son corps pour atterrir dans une sorte de brume qui lui cachait l'horizon. La elle retrouvait avec bonheur José, avec lequel elle avait connu un été torride quand elle était encore fraîche et désirable, ou bien son fils, qu'elle avait perdu dans un accident de voiture le jour de ses trente ans.
Mais ce jour la, la brume était plus légère et Edith pouvait voir qu'elle se trouvait dans une sombre forêt qui s'étendait à perte de vue. Il faisait froid et l'air semblait salé. Edith se retrouvait d'ailleurs dans la même nuisette que celle avec laquelle elle s'était endormie. Confiante, elle commença à explorer la vaste forêt. Ce rêve était saisissant et jamais Edith ne s'était senti aussi concerné par son environnement dans un rêve. Un cri retenti soudain et elle reconnu rapidement la voix de Lucien. Ce dernier finit par sortir de la brume en courant comme un dératé,. Dès qu'il vit sa femme, il lui cria de fuir aussi loin qu'elle le pouvait. L'instant d’après, noire comme la nuit, une main gigantesque l'attrapa et il disparu de nouveau dans la brume.
Edith fut alors prises de panique et elle se mit à courir dans le sens inverse. Elle faisait un cauchemar et le plus étrange est qu'elle en avait conscience. Pourtant, la peur qu'elle ressentait était réelle.
Un grognement vint de derrière elle, puis le bruit d'une bête en train de courir. Elle sentait que ce qui avait attrapé son mari s'était mis à la poursuivre. Elle criait pour tenter de se réveiller et de sortir de ce cauchemar, mais impossible d'en sortir. La forêt semblait devenir plus dense et Edith se griffait aux épines et aux branches sans ralentir une seconde. Une racine malheureuse lui fit comprendre la gêne ressentie par les héroïnes de film incapable de lever le pied quand elle fuient un monstre. Elle voulu se relever mais déjà dans son cou, elle sentait le souffle chaud de la créature. Doucement elle se retourna. Devant elle, un homme gigantesque, à la peau noire comme la nuit, des yeux rouges brillants qui la sondait. Elle le ressentait. Percée par ce regard de fou, elle sombra un court moment dans la paranoïa la plus dure. il en voulait à sa vie, à son âme même et il soupesait la décision de la dévorer ou pas. Paralysée, elle n'eut d'autre choix que de se laisser violer par ce regard qui la détruisait de l'intérieur.
Puis la créature détourna le regard et repris sa chasse, comme si sa proie avait soudain perdu tout intérêt à ses yeux. C'est a ce moment la qu’Édith se réveilla dans un cri terrifiée, balbutiant des excuses à son mari, pour l'avoir réveillé si brutalement. Elle mit cependant plusieurs secondes avant de s'apercevoir de la respiration saccadée de ce dernier et encore quelques secondes avant d’appeler les secours. A leur arrivée, L'homme était mort et Edith, encore sous le choc, ne fit pas attention aux multiples griffures qui parsemait ses bras, ses jambes et son visage.
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Cela faisait quelques jours que les humains de la ville étaient maussades et fatigués. Réveillés toutes les nuits par un cauchemar récurrent qui minait leur moral, leur détermination. L'ambiance qui en résultait rendait la vie plus difficile, plus contraignante.
Pourquoi, d'un coup, les sourires se remirent à fleurir sur les visages des citoyens de la ville. Un déclic, une impression de soulagement, un poids en moins sur les épaules ... Même les anges et les démons de la ville pouvait ressentir cette impression.
On entendit même un éclat de rire venir de la discothèque suffisamment fort pour être entendu jusqu'aux docks ...
Comme si l'affreux cauchemar venait de disparaître ... a tout jamais...
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Le visage barré d'une affreuse cicatrice, elle s'était momentanément approprié le grand fauteuil pour y fumer un cigare et feuilleter le livre de calligraphie qui traînait la. Debout devant la cheminée, un grand homme mince semblait attendre. Le téléphone se mit alors à sonner .
- Oui ?
- C'est Litigum. Ça a merdé grave ici. La sorcière a été tuée et on a plus de nouvelles de Marcus.
- Je sais. Le démon chargé de veiller sur son corps l'a vu disparaître. D'après le professeur, il serait mort sur la marche des rêves.
- Putain ! Vous pouvez pas le ré-invoquer ?
- On a essayé, mais vu que le sort avait changé sa nature, aucun sorcier du groupe n'a réussi a le ramener.
- ...
- Nous étions tous conscient du risque. Tu n'a pas à t'en vouloir.
- Je sais mais ...
- Toi et les survivants, rentrez pour le moment. Ça ne sert à rien de rester la bas. Ne risquez pas vos vies.
- Bien .. Nous rentrons alors ...
Elle raccroche et regarde l'homme avec un grand sourire.
- Et bien! Il semblerait que l'organisation vous appartienne maintenant officiellement, Professeur ... Félicitation. Pour quelqu'un rentré dans l'organisation, il y a juste trois ans, quelle progression fulgurante ...
- Y serais je arrivé sans votre aide, ma chère. Marcus était monomaniaque. C'était son gros point faible.
- Que faisons nous maintenant? Les membres de l'organisation ne comprendraient pas qu'on arrête de chasser l'écureuil ou qu'on ne tente pas de venger Marcus. Il était très apprécié, vous le savez.
- Il leur sera facile de comprendre qu'il ne faut pas se précipiter. Y retourner maintenant serait suicidaire. Les alignés de la ville sont encore sur le qui vive. Attendons que leur méfiance baisse. Cette ville a plus d'un attrait et nous avons de nouveaux alliés qui s'y intéressent de près.
L'homme prend le livre de calligraphie avec la peau d'écureuil punaisé et le jette au feu.
- Il faut juste être un peu patient.