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[Valkyrja] - Mémoires d'une Jihadiste
#1
Musique[sub], même si c'est Haram...[/sub]

Quote:L'Arabie Saoudite... Qui aurait cru que je m'y rendrais un jour?
Le sable sans la plage, le soleil sans la crème solaire. L'Enfer sur Terre, d'une beauté époustouflante. Terre de pétrole et de ferveur musulmane, où le génie d'une Religion toute entière côtoie le désert le plus total.
Un pays à l'image de ses habitants: étranges, distants, aussi intelligents pour les affaires que stupides pour une foule de petites choses. Des êtres humains comme les autres.

J'ai quitté Immac-sur-sable et ses bondieuseries, après avoir demandé ma mutation auprès des services de Ouikka. Je n'avais plus aucun intérêt pour Andréalphus, maintenant que j'avais réglé le compte de Semaëlon.
Ouikka, ou l'art de tout faire exploser sans en avoir l'air. Parfaitement dans mon état d'esprit. Depuis que j'avais appris que ma demande était acceptée, j'avais fêté cela dignement en m'attaquant au GIGN, décimant la section locale...
J'avais une soif de sang et de violence terribles, seules choses à même de calmer la douleur qui était encore mienne à l'époque.

Ils ne m'ont pas affectée tout de suite aux services de Ouikka. J'étais là en tant qu'observatrice, jeune recrue parmi les autres, le temps de voir si j'étais vraiment motivée pour basculer au service d'un autre Prince.
J'avais rejoint l'un des camps de "réadaptation" destinés aux Jihadistes repentis. J'écoutais les leçons de théologie subtilement détournées pour inciter les terroristes à reprendre les armes.
J'apprenais les préceptes islamistes en me rendant compte que nos services avaient fait un sacré chemin chez les musulmans, contrairement aux autres services chez les chrétiens et chez les juifs.
Pendant six mois, sous l'identité d'un irakien de 20 et quelques années, j'ai appris les préceptes que mettaient en œuvre les services de Ouikka en Arabie Saoudite. Je me suis totalement fondue dans mon personnage, avant de commencer à entrer en contact avec les récalcitrants.
En tant que recrue d'Andréalphus, j'étais chargée de mettre à profit mon savoir faire pour les ramener au bercail. C'était facile à faire, à vrai dire, même si les premiers temps, j'ai eu du mal à ne pas faire intervenir de sexe dans tout cela. Des Jihadistes Gays, c'était pas vraiment le but...

Nous étions financés par la famille Ben Laden. La vraie, celle d'Oussama. Nous l'étions par le biais de sociétés écrans et de fondations diverses, parfaitement fondus dans le paysage. Personne ne connaissait nos réelles motivations. Moi non plus, à vrai dire.

Beaucoup de choses me semblaient étranges, et même les démons mêlés aux humains recevaient des leçons, subissaient le bourrage de crâne quotidien. Aucune idée de ce qu'ils nous réservaient.
Mais au moins, j'étais loin d'Immac, de France, et de mon ancienne vie.

Puis le grand jour est venu. La fête de l'Aïd al-Kabir s'annonçait sanglante à Bagdad...
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#2
Musique! [sub](non mais arrêtez, c'est vraiment haram quoi)[/sub]

Quote:Dix novembre deux mille huit, Bagdad.
Vingt-huit morts, soixante-huit blessés.
J'ai tout vu. J'étais là. Les deux voitures explosant au centre-ville, les cris d'agonie, de douleur, la panique, la peur, l'odeur du sang, de la poussière, des corps déchiquetés. Le courage, aussi, de ceux qui tentent de venir en aide aux victimes.
La dévastation était terrible, mais j'étais animée par l'excitation de la [i]première fois
. Nous avions réussi notre attaque, tout se passait sans aucun accroc, et nous serions félicités à notre retour auprès des nôtres.
Abdul et Hakim se congratulèrent, et louèrent Allah pour ses bienfaits. Nous observions la scène, essayant de deviner combien de victimes nos bombes avaient pu faire, bien à l'abri sur le toit d'une maison à deux cent mètres de là. J'avais le sourire aux lèvres, et je lâchais un "Allah Ackbar!" sans m'en rendre vraiment compte, repris en chœur par mes deux complices.
Comme pour souligner notre louange, une troisième explosion retentit au milieu de la foule venue s'occuper des blessés. De simples passants, des policiers, des ambulanciers, massés pour tenter d'apporter leur aide, sans rien demander en retour.

Cette troisième attaque nous surprit tous les trois. Elle n'était absolument pas prévue, n'était même pas sensée arriver. Un acte dont l'horreur était indicible. C'était là la véritable attaque du jour, nos deux voitures piégées n'ayant pour fonction que d'attirer les secours et la police sur place. Nous n'avions été que des pions, préparant sans le savoir une attaque suicide...

J'étais choquée, abrutie par tant d'horreur. Moi qui me voyais comme une créature ignoble, démoniaque, j'étais violemment remise à ma place. J'étais surclassée par ceux qui dirigeaient ces opérations, je me sentais comme une petite fille face à un chien enragé. Je n'étais pas venue pour ce genre d'actes ignobles. On ne tire pas sur les ambulances.

Hakim m'entraîna à sa suite, Abdul démarrant déjà la camionnette pour nous ramener à la Base, un sous-sol dans une ruine en bordure du désert. Je n'arrivais plus à parler, j'étais en état de choc. Les corps projetés à plusieurs dizaines de mètres autour du Fedayin, démembrés, désarticulés, retombant comme des poupées de chiffon où l'étincelle de vie s'était éteinte... Cette vision hantait mon esprit.

Rentrés à la Base, nous trouvâmes une deuxième équipe en pleine liesse. Leur opération aussi avait été un succès. Je savais qu'ils visaient un check-point américain à Baquba. La radio venait d'annoncer le bilan provisoire des deux opérations. Quatre morts et dix-huit blessés pour eux. Je les félicitais machinalement, avec un sourire de façade. Eux, au moins, avaient pris pour cible des soldats...
Aziz, le leader de leur équipe, prononça un éloge funèbre pour leur Fedayin, martyr de l'Islam au nom de la lutte contre l'occupant infidèle. Je ne prêtais qu'une oreille distraite à son discours, ayant entendu plusieurs fois ce genre de discours au cours des mois passés au Mashrek.
Pourtant, en entendant la plaisanterie de l'un des hommes de son équipe, je sentis la rage monter en moi.
"Les filles peuvent servir à autre chose qu'à être mariées, finalement".
Leur Fedayin était une jeune fille de treize ans à peine. Elle n'avait pas eu son mot à dire: sa ceinture d'explosifs avait été déclenchée à distance, par Aziz lui-même.

J'eus envie de vomir toutes mes tripes. Je pouvais sans problème supporter le fait que nous tuions des innocents, même avec des explosifs, même avec des Fedayin, que l'Occident nommait "Kamikaze", incapable de saisir la richesse et la beauté de l'Islam et de ses traditions.
Envoyer des petites filles exploser comme de vulgaires bombes téléguidées, faire exploser quelqu'un au milieu des secours et des blessés... Cela allait à l'encontre de mes principes.
Je me sentais ridicule, je servais le Mal, après tout. Mais cela... C'était trop. Il n'y avait aucune joie à tirer de ces actes, aucun honneur à retirer. J'avais beau comprendre tous les enjeux du combat qui se déroulait, la psychologie qui s'était mise en place au cours du conflit, je ne pouvais pas supporter cela.
Le Grand Jeu ne justifiait aucunement ces souffrances inutiles. Je ne comprenais même pas comment elles pouvaient être compatibles avec lui. Et pourtant...

L'imam Farid al-Qaradawi, mon tuteur des services de Ouikka, me félicita pour le succès de notre opération à Bagdad. Il m'encouragea à continuer, à persévérer dans cette voie, comme lui l'avait fait avant de devenir le Chevalier Ras-al-Ghul. Il parlerait de moi à ses supérieurs, appuierait ma demande de mutation à son service, si j'acceptais de prendre à ma charge une escouade de Moudjahidin pour aller assassiner des personnalités qu'on nous désignerait.
Je n'avais guère le choix, j'acceptais sans condition. Attiser la haine intercommunautaire en assassinant des gens au hasard me paraissait bien plus indiqué que de faire sauter des gamines au milieu d'innocents.

Ras-al-Ghul parut satisfait, souriant de toutes ses dents. Il se pencha dans une caisse, en sortit une bois en bois, me l'offrit.
Elle contenait l'arme qui n'allait plus jamais me quitter.
Un colt Single Action Army. L'Amérique par excellence... [/i]
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#3
Musique d'ambiance


Quote:2009. Ramadan, 13e jour.

Le ciel est gris-ocre, mais il n'y a pas un nuage. L'Irak... tout est si différent, ici. Même le ciel semble être celui d'une autre planète.
En regardant le ciel chargé de poussières du désert, j'ai l'impression de flotter, de voler, comme si j'étais en transe et que mon esprit avait quitté mon corps.
J'ai peut être trop fumé de Haschich, ces derniers temps. Je me promet d'arrêter.
Mais il faudra que je trouve un moyen de continuer à planer pour oublier...

Le ciel se charge de gros nuages noirs s'élevant vers lui. Un instant, je pense que ce sont mes yeux qui se voilent...
Je me surprends à espérer que c'est la Mort qui me prend dans ses bras. Au moins, tout s'arrêterait.
Non, ce n'est pas la Mort qui vient m'étreindre.

C'est notre camion qui brûle et consume les corps de mes compagnons.

J'ai arrêté de bouger lorsque j'ai été éjectée de la cabine alors que nous heurtions un bloc de béton à pleine vitesse sur le bord de la route. Ahmed venait d'éviter la salve d'obus tirée par un hélicoptère américain, mais il n'avait pas évité le bloc de béton, vestige d'un ancien check-point comme il en pullulait tant dans ce pays.
J'avais des fractures, c'était certain, mais je ne sentais pas la douleur. Les endorphines et l'adrénaline me faisaient planer...

L'hélicoptère avait lâché une deuxième salve d'obus sur le camion accidenté, touchant un réservoir d'essence. Contrairement à ce que l'on voit dans les films, le camion n'avait pas explosé. Il s'était simplement enflammé, piégeant Ahmed, Djibril et Yusef à l'intérieur. Ils avaient du être tués par les tirs, de toutes façons.

Ne pas bouger.
C'était la clé de la survie, lorsqu'on était la cible d'un hélicoptère américain qui venait de nous tirer dessus. Lui faire croire qu'il nous avait eu, que nous n'étions plus qu'un cadavre déchiqueté par ses balles antichar. Concept intéressant que d'utiliser des balles antichar contre des hommes, et des missiles contre les blindés.
A quoi cela servait-il d'avoir des munitions antichar, si c'était pour les réserver à des créatures aussi fragiles?

Ne pas bouger.
Si vous étiez blessé, c'était impossible. La douleur vous faisait bouger, obligatoirement, à moins d'être inconscient, ou presque.
L'hélicoptère restait sur place en faisant de grands cercles autour de sa cible, comme un vautour guettant la mise à mort. Un deuxième allait le rejoindre, si ce n'était pas déjà fait.
Mais le festin était déjà fini...

Ne pas bouger.
Rester immobile au moins jusqu'à ce qu'ils partent, ce qui pouvait prendre une heure, parfois. J'aurais tout le temps de repenser à Jamila...
Du haut de ses onze ans, elle était ma femme depuis trois mois. Une récompense pour avoir mené une attaque qui avait tué six soldats étrangers, au mois de mars.
"Un avant-goût de ce que tu auras au Paradis, Feddayin!" m'avait dit l'Imam.
Je sers peut être Andréalphus mais je ne suis pas pédophile, connard. Je crevais d'envie de le lui hurler, mais cela revenait à me condamner aux Enfers irrémédiablement.
J'avais été obligée de consommer l'union avec Jamila. Elle craignait d'être une mauvaise épouse, me suppliait de le faire, et tout le monde écoutait de l'autre côté de la porte de la chambre nuptiale. Je savais qu'il faudrait que je présente le drap tâché de sang, le lendemain.
Impossible de jouer la comédie. Alors je l'ai fait, et j'y avais même pris du plaisir.
Je ne valais pas mieux, désormais, que celui que j'avais tué au début de mon succubat.

J'avais envie de rire, devant l'absurdité de ma situation.
Jamila, Jamila, perdre son âme pour Jamila...


Au loin, j'entendis la sirène d'une ambulance, venant certainement ramasser les corps. Pour le peu qu'il en restait...
J'espérais juste que les médecins n'allaient pas prévenir les américains qu'ils avaient un blessé. Je n'avais pas envie de finir à Abu Ghraib. Même s'ils l'avaient rénovée, et en avaient changé le nom, c'était toujours le même enfer...
Jamila, te reverrais-je bientôt pour me laisser aller dans tes bras?
Sexe, drogues, violences, chaos.
Merde... Je commence à aimer ce pays, finalement.
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#4
La fin d'une aventure...

Quote:L'odeur de viande grillée me rappelle celle des merguez que nous avait servi Tarik à mon mariage.
Tarik, un jeune homme qui ne savait guère ce qu'il foutait là, mais qui s'était trouvé une nouvelle famille et qui ne demandait qu'à survivre auprès de nous, avec nous.
Tarik, fauché par une mitrailleuse SAW à un check-point parce qu'il n'avait pas compris qu'il fallait qu'il s'arrête. Petit con...
Je fume un cigare à sa mémoire, et rince ma bouche avec une grande gorgée de vodka Kalachnikov.
Marque commerciale, mais au moins, elle a le bon goût d'être russe, et en cet instant, c'est tout ce que je demande.

L'odeur de viande grillée est quelque peu déplacée en ce jour de jeûn. Faire un barbecue en plein jour, en plein Ramadan, c'est peut être abusé.
Et je n'en n'ai plus rien à foutre. Pas après les saloperies que l'on m'a fait faire, pas après ce que l'on m'a montré de l'Islam, et des autres religions.
Je me rappelle une réplique du Silence des Agneaux. Celle à propos des agneaux qui gueulent dans l'étable parce que le père de la gentille nunuche de service s'amuse à les enfiler.
Maintenant que les cris ont cessé, peut être que mes cauchemars vont s'arrêter aussi?

J'ai tué Jamila. Je n'avais plus le cœur à la regarder agoniser à cause de la fistule que je lui ai faite. La pauvre n'avait rien demandé, après tout, si ce n'est d'être une bonne fille, une bonne épouse.
Cela m'a fait mal de trouer une fois de plus son petit corps, mais cette fois-ci, elle n'a rien senti, n'a rien vu. Une balle en plein coeur, rapide et sans douleur, alors qu'elle était endormie dans cette chambre où elle vécut tant d'horreurs.
Devoir achever cette petite m'a mis en tête de faire payer ceux qui l'avaient jetée dans mes draps.

Impossible de les éliminer moi-même, car je n'avais aucune envie d'être ajoutée à la longue liste des renégats infernaux. Il me fallait être plus subtile...
Quoique subtile n'est peut être pas le mot lorsqu'on fait péter 25 kgs de C4 au beau milieu d'une réunion d'état major.

Bref. Je suis la dernière. Le QG crame. Les humains crament. Les démons ont fait Plop. Demain, Al Jazeerah accusera les Etats-Unis d'avoir attaqué des civils avec un drone Predator.
Un missile Hellfire ne causerait pas ce genre de dégâts, mais à vrai dire, on s'en fout. C'est pour le spectacle, l'esbrouffe, et tout le monde le sait.
Je ne supporte plus cette hypocrisie.
J'en ai ma claque des spectacles morbides. J'en ai ma claque d'être un instrument de mort.
Ce n'est pas ce que je suis, ce n'est pas ce que je veux.

Alors je rentre, comme je le peux.

Des semaines passent, entre rêve et réalité.
Je suis hébétée par le souvenir de ces derniers mois, alors que les brumes du haschich et de toutes les autres drogues que l'on nous donnait pour partir au compbat se dissipent, éliminées par mon organisme.

Je vis ce que vivent tous les migrants clandestins. Les frontières poreuses que l'on traverse avec un guide véreux et sans scrupule. Les camps de rétention où l'on torture sans ménagement.
L'abandon dans le désert, sans eau ni nourriture. C'est ainsi que j'expie mes fautes, hantée par le doux visage de Jamila.
Ses larmes me hantent et m'abreuvent. Comment ai-je pu violer une si jeune enfant? Comment ai-je pu me voiler la face au point de n'y voir qu'un état de fait qui allait de soi?
Je me déteste de lui avoir fait cela, et chaque pas que je fais vers l'Europe, dans ce sable brûlant, n'est qu'une occasion de plus de me jurer de ne plus jamais tolérer que l'on touche à un enfant.

A moitié morte, je parviens à me glisser sur un ferry faisant la liaison Alger-Marseille. Le reste n'est que brouillard et cauchemars.
Je me réveille dans une ville que je n'aurais jamais cru revoir.

Immac.

Welcome to Hell, Valky.
Welcome to your home...
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