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[ Skin ] L'élan du coeur... - Skin - 02-08-2007
Se noyer dans ses corps, se saouler de cette moiteur.
Des cris de jouissance emplissaient l’espace, allant et venant au rythme des orgasmes.
Les voûtes des caves répercutaient les sons des ébats houleux d’une cinquantaine de personnes se mêlant dans la fange et la luxure.
Les démons fréquentaient les humains dans ce lieu de débauche, les cris rauques et l’odeur musquée se mêlaient aux délicats parfums sucrés des « aguicheuses » comme les nommaient amoureusement les habitués.
Pourtant, cela faisait plus trois semaines qu’un clan Baalite avait investi la prestigieuse maison close de « Gorée ». Aujourd’hui, trois chevaliers et un non gradé arpentaient ses lieus et toutes les prostituées ne craignaient qu’une chose, être justement choisies pour assouvir leur sadisme notoire.
Aujourd’hui ces démons présents prenaient un malin plaisir à malmener une succube nommée Athélia. La peur et la souffrance se lisaient bien évidemment sur son visage meurtri.
Dans son regard, on percevait ses appels de détresse, quasiment palpables.
Pourquoi étais-je revenue ce jour là ? Tout cela n’aurait sûrement pas pu tomber plus mal.
Pourquoi ma maîtresse laissait tout cela s’installer ? Toutes ces questions, à l’époque m’effleurèrent et trouvèrent réponse heureusement rapidement.
Etre la préférée d’une gradée majeure. Tant de choses apprises, tant de plaisirs dans ses bras aimants.
Peu de personnes peuvent se targuer d’avoir passé une nuit dans le lit de cette divine créature…
Divine…
Experte parmi les expertes, elle appartenait à la caste rare des maîtresses du sexe.
Le nostalgie de son absence dans un lit baignant de ses phéromones n’a pas son pareil en une vie de joutes passionnés.
Sylphia m’avait rappelé à elle, seulement 5 jours après mon départ. Une mission qui pourtant semblait lui tenir vraiment à cœur. Pourquoi abandonner sans même un résultat probant, sans ne serait-ce qu’une petite victoire.
Avait-elle peur ?
Avait-elle besoin de moi ?
Avait-elle… ?
Tant de question qui sont restées sans réponse… Oublions cela.
Oui, je servais Andréalphus. Oui, pour autant cette vision tragique de tortures physiques et de souffrance me faisait mal.
Le bruit d’une chaise venait de se briser sous le poids d’un des chevaliers et me ramena à la réalité du moment. Le son était diffus et sourd comme sorti d’un cauchemar. Il s’était assis sur la pauvre succube lui laissant qu’un léger souffle l’air, à peine de quoi respirer pendant que deux autres collègues s’en donnaient à cœur joie en l’empalant violemment de leur membre turgescent.
On pouvait sentir le flux de son aura disparaître au fur et à mesure que le fluide vitale qui s’échappait de du flanc de son incarnation se répandait en une flaque vermillon à l’odeur métallique et âcre.
Il avait perforé l’aorte de la pauvre Athélia, un mordeau de bois planté à même le corps. Elle nous quittait.
L’odeur de sang prenait une place plus grande encore alors que s’égrainaient les interminables secondes qui me séparaient de sa chute.
La haine montait et remplissait mon âme de démon alors que les effluves de morts emplissaient mes narines.
Des voix à l’intérieur de ma tête, les cris de Athélia. Les cris toujours les cris…
Je tremblais maintenant… Les vibrations incontrôlées muent par cette musique funeste qui annonce le meurtre prochain d’une insignifiante petite chose…
Le poing se serra marquant ma paume…
Je…
Ma vision se troubla , le sombre et le noir mêlé au pourpre. Perdis-je connaissance ?
Non.
Pourquoi ce noir ? ? ?
J’étais sure que Sylphia me regardait, elle me perdait… Elle savait qu’elle me perdait à jamais…