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Une relève un peu bancale. Juste un peu. - Printable Version

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Une relève un peu bancale. Juste un peu. - Sincérité - 11-29-2012

La jeune femme, habillée façon mode des années 30, est assise sagement au troisième range de la salle de classe qui sent bon la craie et les vieux bouquins. Non loin d'elle, une dizaine de camarades d'infortune peine à combler la surface de ce lieu, tandis que devant eux se dresse avec fierté un professeur qui doit bien faire 1m65 de haut.

Au moins.

La représentante du personnel d'enseignement, en l'essence d'une jeune femme rousse à l'attitude instable mais énergique, est en train de leur exposer différents éléments autour du PDD. Force est de constater que les élèves sont peu réceptifs, voire s'en foutent totalement. Et Sincérité parmi eux s'en fout encore plus: c'est une redoublante.


Ouais, je sais, jamais dans le métro ... mais z'auriez pas des trucs moins barbants à expliquer ? Genre des cas pratiques, ou des exemples de boulets que vous auriez pu rencontrer ? Histoire de savoir à quoi s'en tenir.

La réponse, catégorique, ne se fait pas attendre.

Le but de ce cours est de retenir les notions, pas les exemples. De plus j'étais dans un lieu classifié. Reprenons à présent, on parlait des conditions d'utilisation du pouvoir de ...

Un autre ange l'interrompt par un baillement ostentatoire. Mais manque de bol, la prof cette fois ci détecte une ouverture et la contre attaque est violente: pistolet à eau, direct dans la bouche. Et vu la réaction ça ne devait pas être de l'eau ... il vomit immédiatement.

Huile de castor, ma préférée ... On reprend ou je continue ? Je ne manque pas d'idées pour ça aussi, j'ai eu un peu d'entrainement avec une amie.

Et le regard amusé ne laisse aucun doute sur le sujet. L'ange de Michel grommelle et refait semblant d'écouter. Sincérité, elle, joue à Angry Angels sur son Smartphone. Encore une journée à attendre avant la quille ...


Re : Une relève un peu bancale. Juste un peu. - Sincérité - 11-29-2012

Le secrétariat, c'est quelque chose d'éprouvant: on ne sait jamais sur qui on peut tomber, surtout à l'accueil. Et les conditions s'étaient considérablement dégradées depuis les coupes budgétaires et les restrictions sur le papier toilette, la faute à un sabotage par un ancien stagiaire. Heureusement il reste les factures des clients distraits et les prospectus publicitaires, sinon certains agents en dérangement ne verraient pas les guirlandes de noël.

En l'occurence, le nouvel énergumène qui lui fait face est une jeune femme habillée dans une mode qui a du disparaitre avec Edith Piaf. C'est donc l'air médusée que notre héroïne (la secrétaire, pas l'énergumène, faut suivre !) décide d'écouter sa requête.


Veuillez remplir le formulaire d'accueil, puis en fonction des croix cochées vous pourrez alors accéder à la machine dans la file d'attente à côté, afin de remplir les formulaires électroniques 14-44-6C et suivants, dans le but d'obtenir le plan détaillé de votre itinéraire jusqu'à votre lieu de stage. En cas de stage intramuraux, le temps d'attente est estimé à moins de 72 minutes.

Ouais bon, écouter est un grand mot. Disons qu'elle a pris note de son existence. La personne qui lui fait face inspire un grand coup, puis dit d'une voix forte:

Euh ... et si on veut juste aller aux toilettes et ENSUITE se rendre au stage, on peut aussi ou il y a même un formulaire pour chier ?

La responsable administrative se lève et regarde avec un air condescendant la saugrenue qui ose la défier.

Oui. Il faut remplir le papier et cocher la case "passage intermédiaire par les aisances avant entrée". Si vous aviez pris la peine de lire vous auriez trouvé. Page 6, mademoiselle, entre la rubrique "Déclarations de biens manufacturés non assimilés à la couture" et "Compétences socio-organisationnelles en milieu péri-urbain défavorisé".

Léger silence. Puis une idée jaillit. Sincérité toise sa rivale avec un air de défi au moins autant condescendant.

D'accord, je remplis de suite les cases.

Elle s'empare du sésame, et se rend ... directement aux toilettes. Un peu plus tard, c'est une femme libérée de ses tourments qui revient, avec une feuille remplie de façon impeccable à l'encre marron.

L'odeur disparaitra quand ça aura fini de sécher. Quitte à remplir des documents de merde, je me disais qu'il fallait employer les mêmes matériaux, n'est ce pas ?

Eclatement de rire dans la salle, à l'exception de 3 personnes:
- la secrétaire
- le gardien de sécurité
- le Maitre de la Justice qui passait par là et qui est malheureusement chargé de superviser le stage de Sincérité ...

la secrétaire toutefois reprend contenance assez rapidement. L'habitude, sans doute.


Parfait, vous pouvez prendre la file d'attente. Bonne journée, j'espère que ce stage vous fera le plus grand bien, et ce ne sont pas des paroles en l'air !

La jeune femme lui fait un grand sourire, puis se dirige d'une démarche assurée, un brin provocatrice vers les autres personnes de la file. Curieusement, lorsqu'elle se présente et tend la main pour la serrer, personne ne répond. Elle hausse alors les épaules et s'assied sur une chaise. Elle prend un magazine, qui est identifié formellement par l'ensemble de la pièce pour bannissement à vie, le consulte, baille, le reconsulte, lèche ses doigts pour avoir une meilleure prise sur les pages lorsqu'elle les tourne, puis repose le magasin sous la pile, le tout sous le regard horrifié de ses camarades. Plusieurs décident de se retirer.

C'est toujours 5 places de gagné. Le crayon de maquillage, c'est vraiment un outil à toujours garder dans son sac à main.



Re : Une relève un peu bancale. Juste un peu. - Sincérité - 11-29-2012

Le réveil sonne. Il sonne encore. Il sonne toujours. Quatre fois. Cinq fois. Cinq fois et demi ? Allez, six, peut être sept fois, voire même huit fois. On continue ? Neuf, dix, onze, douze, treize, quatorze, quinze, seize, dix-sept, dix-huit, dix-neuf, vingt, ... et voila, maintenant vous savez compter jusqu'à au moins vingt et vous venez de perdre du temps à lire 2 lignes absolument pas contributives à la suite.

Certains accusent l'alcool, alors que souvent, la fatigue suffit à elle même pour résoudre tous les problèmes. "Il ya un dossier à remplir" - "Je suis trop fatiguée, je ferai ça demain". "On couche ce soir ?" - "Non, j'ai mal au crâne, je suis crevée". "Ca te dit d'aller faire une mission ensemble ?" - "J'aimerais bien, mais dernièrement j'ai eu beaucoup à faire, et là, je suis exténuée".

Bon, et bien ... si vous pouvez utiliser cette excuse, vous êtes un veinard. Parce que c'est pas le cas de Sincérité: elle, quand elle a envie de dormir, c'est jamais quand elle a encore des trucs à faire. Elle finit TOUJOURS tous ses trucs à faire et pète encore la forme après. Donc, quand elle dort, c'est sur ses derniers retranchements. A l'inverse, si elle dort, faut pas la faire chier.

Donc, le réveil la fait chier. Monumentale erreur. Faut pas faire chier Sincérité (cf chronique précédente). Surtout quand son épée est à portée de main. Le réveil finit explosé. L'ange de Dominique se lève, juronne, s'habille, se brosse les dents, rote, souffle sur la glace, se rebrosse les dents, re-juronne, pense à mettre des sous-vêtements, puis se penche sous l'armoire pour sortir un coffre et en extirpe un réveil de rechange parmi une trentaine de lots disponibles. Le réveil cassé quant à lui, part dans une poubelle intitulée "Cadeaux pour Plastique".

Un, deux, trois. Ce ne sont pas les chaussettes ni le nombre de cils manquants sur les paupière de la demoiselle, mais tout à l'heure nous avions compté à partir de quatre, je me devais donc de réparer cette injustice. Reprenons.

Un bruit strident résonne dans la salle. Elle est en train d'accorder sa guitare électrique et elle joue à fond sur les saturations. Rien de tel pour faire chier les voisins, mais pas de bol, ou plutôt "oh chance !", elle n'en a pas. Elle démarre une série d'accords brutaux qui évoquent vaguement Six Feet Under, puis commence des vocalises gutturaux. Une fois accompli, elle se recoiffe, satisfaite, prend son chapeau qu'elle visse sur la tête comme si elle allait sortir en grand vent, et sort de chez elle, prête à entamer un nouveau voyage.

Cela fait quelques semaines qu'elle se trouve à Immac sur Sable, et pour l'instant son moral est au beau fixe: les gens sont intéressants. Pour l'instant.



Re : Une relève un peu bancale. Juste un peu. - Sincérité - 01-28-2013

"La vie est une succession de pièces"
(Dr House)


Le réveil retentit. A la troisième fois, l'ange l'éteint, marmonne, puis se rendort. Quelque temps plus tard elle jette un coup d'oeil à droite de sa couche: personne. Elle change de côté, se rendort, puis émerge et réalise l'heure. Cinq minutes après c'est en grand trombe qu'elle est en train de s'habiller tout en se brossant les dents. Ce matin on laisse tomber le solo de guitare, pas le temps non plus de s'habiller correctement, ça sera t-shirt informe, jean et baskets.

Ca fait un moment que le chapeau et son sourire l'ont quittée. Tellement longtemps qu'elle en vient parfois à l'oublier ... A présent, lorsqu'elle met un pied dans les couloirs, elle n'a qu'une seule crainte et un seul espoir. Tous ces gens qui la contrarient, elle les déteste. Cette vie elle ne l'a pas choisie et à bien réfléchir si elle avait su elle aurait fui comme la peste le jour où ce job lui a été proposé. L'ange cligne des yeux: elle est à présent devant une tasse à café, un dossier à la main. Encore une infraction au PDD. Silver ne va pas tarder à rappliquer, à l'ouest comme d'habitude. Peu importe, le travail sera fait.

Salle de travail. Renommée de façon non-officielle "Arène" par ses soins. Au moment même de mettre les pieds en ces lieux, comme à chaque fois un frisson lui parcourt l'échine. La moindre intervention est pesée afin de s'économiser d'éventuelles représailles, cela fait longtemps qu'elle n'a plus passé ni balai ni grands discours d'explications et de critiques, pas toujours constructives il est vrai. La paranoia est devenue la norme afin de se protéger dans un cocon douillet. Aujourd'hui on discute d'une pagaille déclenchée par une "vague" d'assassinats. Bon OK, Sincérité en fait souvent une montagne, il faut dire que l'habitude de rouler sur les démons a la peau dure, alors un peu de résistance la plonge dans la perplexité: sont ils devenus meilleurs, ou est ce que c'est nous qui sommes devenus mauvais, ramollis dans notre train-train ? Tenter d'intervenir dans ce débat déclenche de nouvelles querelles. Ce lieu mérite bien son surnom.

Chambre. Salle de détente. Bureau. Autre chambre. Camping. Métro. Salle de concert. Egouts. Entrepot. Voiture. Toilettes ... toutes des pièces. Aucune ne se ressemblent et pourtant, il y a un comme un gout amer qui flotte et fait un fil conducteur: si l'on pouvait tout oublier à chaque pièce, est-ce que les choses pourraient aller mieux ? Et si Immac lui même était une grande pièce ? L'ange ferme les yeux. La solution est là, palpable, mais lui glisse entre les doigts. Elle envie ses collègues qui savent oublier; sa mémoire à elle entasse telle un agent du FISC. Elle les rouvre et se trouve à présent dans une salle d'interrogatoire. Un ange de Michel expose tel un professionnel ses fautes, à côté d'elle l'Ami des Geoliers note consciencieusement. Cela se passe plutôt bien; à sa sortie elle reçoit un message.

"Prends bien soin de mon cadeau pour toi et garde la tête froide !"

Elle referme le téléphone et rentre chez elle, un léger sourire aux lèvres.