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who dreams the Dreamer? - Ezialle - 01-04-2011
Était ce dû aux perturbations engendrées par Marcus et sa bande sur Immace, ou les petits biscuits trouvés dans la chambre contenaient autre chose que de la simple cannelle ?
Toujours est il qu’Ezialle se retrouvait dans une partie de la Marche des Rêves qu’elle ne connaissait pas. Cela dit, la Marche étant à la fois infinie et perpétuellement fluctuante, il n’y avait pas de quoi s’inquiéter outre mesure.
La rousse servante de Blandine flottait donc dans les contrées oniriques, se sentant attirée par un rêveur en particulier. Un homme endormi, approchant la quarantaine, qui avait été blond autrefois mais dont la chevelure, un peu plus rare maintenant , grisonnait aux tempes. Ses côtés une touffe de cheveux bruns dépassait à peine de la couette.
Ezialle ne comprenait pas trop ce qu’elle faisait là. Ce n’était qu’un humain, parmi tant d’autre, qui rêvait. Il n’avait même pas une volonté particulièrement forte, au contraire presque…Elle s’apprêtait à se plonger dans ses rêves, pour étudier ce qui avait pu provoquer sa venue.
A sa grande surprise, il lui était impossible d’y entrer…
Un subtil changement dans l’atmosphère l’avertit qu’elle n’était plus seule. Trois autres voyageurs oniriques venaient d’apparaître, formant un étrange équipage.
Une jeune femme tout d’abord, au visage rieur encadré d’une chevelure bleue, vêtue d’une sorte de short moulant et d’une chemise blanche nouée sous la[/i] poitrine. Des bottes que surplombaient des bas résilles auraient pu achever de lui donner un air vulgaire, mais une extrême douceur émanait d’elle, qui empêchait de porter un jugement aussi tranché. D’autant plus qu’un mince crucifix accroché à une très fine chaîne en or se baladait librement entre ses seins.
Un homme, relativement éméché, pas rasé.. ni lavé, à vue de nez ! depuis quelques jours, les habits froissés, et dont la laideur physique correspondait-comment Ezialle pouvait elle le savoir exactement, cela lui échappait, mais elle en était sûre !- à la noirceur de son âme. Il contrastait fortement avec le dernier membre du trio, comme s’il était son reflet, son pendant… tout en la complétant.
Car il s’agissait d’une femme, tout le criait. Sa robe de soie noire qui enveloppait ses formes aux charmes vénéneux, le loup et les mitaines de dentelles qui gardaient le mystère sur sa véritable apparence et servaient d’ultime rempart, l’odeur de roses anciennes qui faisait frémir les narines d’Ezialle, un parfum subtil, pas entêtant mais définitivement fait pour être remarqué et jamais oublié… D’ailleurs, d’un geste élégant, l’inconnue venait de déplier un éventail raffiné et s’en servait pour envoyer des effluves parfumés en direction de l’homme, qui en réponse, avec un sourire mauvais, cracha au sol aussi près d’elle que possible.
Ce fut la fille aux cheveux bleus qui s’empressa de rompre le silence, les trois autres lui ayant laissé d’un commun accord et sans se concerter, le soin de prendre la parole…
T’as un souci, cocotte ? On peut t’aider à quelque chose peut être ?
Je ne sais pas. ; c’est gentil à vous d’essayer . Je voulais…
Rentrer dans son rêve ? j’m’y connais en casse, mais là t’y arriveras pas rouquine…
Continua l’homme, à la grande surprise d’Ezialle
Quand à être la dame de ses rêves, n’y songe même pas Ezialle.
Termina l’élégante.
Tu ne peux pas entrer dans son rêve, ma belle
Dit la fille en short
Parce que tu y es déjà.
Comment ça j’y suis déjà ? Ce n’est pas possible… et si j’y suis qu’est ce que vous faites là ?
A l’unisson, les voix se mêlant les unes aux autres, ils répondirent
Nous sommes tous les quatre nés de ses rêves, de ses espoirs, de ses fantasmes. Nous sommes issus de sa folie, tissés de ses mensonges. Tour à tour nous avons existés, mais nous ne sommes qu’un !
Je suis Lahmi. Voici Adam Pearson, et celle-ci, c’est Escharid. Tout comme nous, tu n’existes pas. Tu n’es qu’un personnage imaginaire, dans un jeu virtuel, sur un ordinateur. Un personnage de jeu de rôles, nommé In Nomine Satanis/Magna Veritas. Tour à tour ange ou démon
Et parfois tourne casaque… le nommé Adam grimaça en direction de cette « Lahmi » qui lui tira la langue, sans façon, plus amusée qu’autre chose
Nous sommes de simples reflets, déformés, amplifiés de joueurs. Tout ceux que tu as l’habitude de cotoyer, les Shagshog, les Beretta, les Silverfox, ne sont eux-mêmes que l’expression de l’imaginaire d’autres joueurs. Enfin, je suppose, puisque c’est notre cas et qu’il y a peu de chances pour qu’il n’y ait que pour notre truffe que ça s’applique…C’est zarbi hein ?
Ce n’est pas possible.. je ne peux pas être une créature irréelle, virtuelle ! Je suis une ange et je travaille à Immac. Et tous les humains que je cotoie ?
Des programmes informatiques, rien de plus. Avec parfois un animateur derrière pour corser la chose. Immac n’existe pas plus que toi ou moi.
C’est à devenir folle. C’est un cauchemar, et je suis tombé dans le piège d’un Béleth !
Béleth n’existe pas non plus, donc tu ne peux pas tomber dans un de ses pièges.
La femme en robe de soie noire prit la parole
Nous ne sommes que des reflets de l’inconscient de Laurent. C’est son prénom.
Elle désigne l’homme qui dort, séparé d’eux par les brumes de l’inconscient
Nous sommes parfois ses peines et ses angoisses, son côté obscur, parfois son envie de s’améliorer, de chercher l’espoir en dépit des autres ou de lui mêmes. Lorsqu’il va bien en général il joue un ange, souvent une angèle d’ailleurs, lorsqu’il va plus mal il choisit le côté sombre des démons, pour exprimer une part de sa personnalité qu’il réfrène le plus souvent. Tu veux une preuve ?
Adam Pearson, en se curant les ongles avec un couteau, continue
Tu as du noté que pour toi tu n’as fait qu’un petit somme, et que d’autres anges t’ont dit que tu avait été absente un bon moment, en fait. Ce qui pour toi n’a duré qu’un quart d’heure à en fait duré un bon mois. Quatre vingt dix DLAs exactement, c’est ce que Laurent a vu lorsqu’il a enfin pris la décision de se reconnecter au jeu.
Et tout ça pour quoi ? Parce qu’il avait mal pris, une fois de plus, une réflexion sur le forum.
Lahmi s’énerve alors que les trois autres soupirent, dans le genre « et voila, elle est repartie en mode parano et nous ressortir ENCORE la même histoire.. »
Ben oui, désolé mais pour moi, ou pour nous, y a des sujets sensibles, et nous réduire à une image de pervers, sans prendre en compte tout le R.P (ça veut dire role play, chérie) qu’on a fait depuis, le fait que plus jamais il n’a dérapé depuis , quoi, un an et demi, deux ans ? Tout ça parce qu’à l’époque il me jouait comme une démone assez ..chaude, mais pas plus que d’autres personnages qui fréquentaient le Lupanar… Je vous accorde qu’il lui est arrivé de déraper peut être une ou deux fois, mais je vous signale qu’il s’est excusé, en privé et en public, et qu’il a veillé à s’amender. Il n’a plus jamais causé de problèmes de ce point de vue là, quelque soit son incarnation . Tu le sais mieux que quiconque, Esch !
Oui… De toute façons, ces dérapages avaient eu lieu peu de temps après le décès de son père, où il était au plus mal et il aurait du sans doute mieux fait d’arrêter de jouer à cette période. Mais c’était un peu son dérivatif, sa façon d’oublier sa douleur, de noyer son chagrin. Il ne l’avait jamais dit jusqu’ici, et même si ça n’excuse rien, ça explique peut être quelques écarts. Il faut dire qu’il a déjà au naturel un humour assez provocateur, et son mal être lui a fait oublier toute mesure. Pour ma part j’ai aimé jouer l’aguicheuse, montrer que justement il pouvais être autre chose qu’un « pervers », et servir le Prince du Sexe sans jamais me dévétir, sans jamais être vulgaire. Ce fut un pari réussi, pendant ma courte présence. Il a préféré partir précipitamment, plutôt que de risquer .. de provoquer des troubles. Certaines cicatrices ne sont pas refermées, et ne se refermeront sans doute pas.
J’ai été sa préférée….celle qui plait , qui est une promesse de plaisir…
Nan, c’est avec moi, Lahmi, qu’il est le plus à l’aise. J’ai été son premier personnage, ça compte ça ! Et puis , nous avons eu beaucoup d’histoires en commun, il me connait parfaitement. Je ne suis partie que parce que je voulais me reconvertir, servir le Bien d’une façon moins agressive et passer au service de Guy après des mois à batailler pour Michel. Dans un sens, Ezialle est ma continuation en mieux, l’ange que j’aurai voulu être, douce et veillant à ne faire que du bien aux autres.
Je suis sans doute ce qu’il y a de plus proche de sa vraie personnalité, quelqu’un qui a ses mauvais côtés mais bon fond quand même. C’est vrai que c’est un sujet douloureux pour lui, mais j’espère qu’à force on ne fera plus allusion à ses erreurs passées, et qu’on oubliera les travers du joueur pour se concentrer sur les avanies de ses avatars.
Je suis comme sa seconde peau, ce qui le touche nous touche aussi…
Les deux démons ricanent
Une vieille peau alors ! Ou es tu maintenant ? Dans les limbes informatiques du jeu… Moi, Adam, je vis encore et toujours, sous un autre aspect, bien plus flatteur. Faut dire qu’avoir l’apparence de Shane Mc Gowan, on a vu mieux, même en servant Valéfor. Comme c’est un fan des Pogues depuis toujours…. C’est bibi qui s’y est coltiné !
Il crache à nouveau, de rage cette fois.
Sous ce même nom mais dans un autre jeu, je suis un catcheur au yeux verts, au corps athlétique… et Laurent a utilisé la même image pour sa fille que pour toi, Ezialle. Une rousse aux yeux verts.
Quand au sujet le plus intéressant, moi, Escharid… disons que je vis une seconde vie. Mais toi Lahmi.. tu n’as plus d’existence, même virtuelle. Tu es juste un souvenir qui s’effacera lentement, avec le temps.
La rouquine a pris ta place. Elle a même utilisé ta « chambre », pour y faire entrer d’autres anges…Jalouse ?
Non.. Enfin bon, t’aurai pu te créer ta propre chambre plutôt que de céder à la facilité ! Tu me feras le plaisir de virer tes charmantes ptites fesses de là, au cas où je reviendrai !
Se massant les tempes, Ezialle ne relève même pas la dernière remarque.
Je crois que je vais vous laisser.. tout ça est si étrange, si inattendu….
Dans la chambre, Ezialle se réveille doucement, les cheveux en bataille, des miettes de biscuits à la cannelle sur la joue et le chat endormi en boule près d’elle.
Elle se lève, frotte ses vêtements et remets sa cape de soie noire, s’inspectant un moment dans le miroir, redressant une mèche de cheveux roux.
Trop zarbi comme rêve…
Elle se secoue
Bizarre comme formule… jamais je ne parle comme ça d’habitude.
Elle quitte la chambre, alors que sur le lit le chat s’étire en baillant.
Un étrange reflet se créée dans le miroir
Coucou le chat ! C’est moi ! Rhooooo, il ne m’entend pas… zut alors ! Bon, au moins , c’est pas trop le boxon dans ma chambre.. on dirait même qu’elle a rangé un peu. Ouah, trop chouette, elle a acheté le dernier livre de Barbara Hendriks ! J’adore les biographies…
Hé, elle a pas changé un peu la déco au moins dans le coin? Ca fait trop zarbi maintenant…
Deux formes disparaissent, en levant les yeux au ciel, derrière la jeune femme aux cheveux bleus, qui continue à babiller sans cesse et sans être entendue…